La philosophe Hannah ARENDT, relatant le procès d’un ancien directeur de camp d’extermination nazi jugé par ses ennemis, relevait le caractère ordinaire, nullement monstrueux, d’un homme qui, dans d’autres circonstances, aurait été d’une grande banalité.
Elle fut frappée, face à cet homme, de la « banalité du mal », soulignant par là que nombre d’individus plongés dans les tourments de l’Histoire, pouvait succomber à leur pulsion de mort.
Il n’y a jamais que 78 ans que le nazisme s’effondrait dans les ruines de Berlin et l’animal humain reste biologiquement le même.
Un chasseur nommé POUTINE rappelle à cette heure que l’homme ne craint pas de se baigner dans le sang et que l’horreur du meurtre n’exige guère de circonstances pour submerger le vernis de la civilisation.
Quand un dirigeant d’une puissance étatique majeure promeut une guerre d’agression nulle autorité n’aura ni la force morale, ni la capacité matérielle de le juger selon les principes de Nuremberg.
Le chef d’état d’un petit pays, dépourvu de la dissuasion, répondra de ses crimes.
En revanche, le dictateur assassin abrité par une puissance nucléaire n’a guère de risques de finir ses jours en prison.
Il est même probable que les permanents Chamberlin et Daladier de service et de toutes les époques, le recevront avec honneurs et égards, quelques mois après la consommation finale de son crime au nom du réalisme et des exigences de la géopolitique.
« Selon que vous serez puissants ou misérables » !
Je pense que si nous vivions dans une société mondialisée policée, une cour pénale internationale décernerait un mandat d’arrêt contre le tyran de Moscou afin qu’il ne puisse plus quitter sa tanière et l’abri de ses services secrets.
Puisque le dialogue avec ce forcené est vain, les dirigeants planétaires devraient cesser de jouer au diplomate important en lui téléphonant, non pas pour arrêter la guerre, mais pour se donner de l’enflure auprès de leurs électeurs.
On ne dialogue pas avec Hitler.
Et pendant ce temps, pendant que la soldatesque russe supplicie l’Ukraine, l’humanité perpétue une autre guerre tout aussi cruelle et pernicieuse : la guerre contre la biodiversité.
Qui s’en soucie ?
Certainement pas l’électeur potentiel français, si on en juge à la lumière des prévisions des sondeurs pour la prochaine élection présidentielle dont je vous exposais, depuis plus de deux ans, qu’elle était jouée d’avance.
Les événements actuels, en regroupant le troupeau, ne font qu’amplifier l’anesthésie civique.
Il n’y a plus de débat, de confrontation salutaire des opinions contraires, plus de choc des idées, mais une atmosphère de peur diffuse, hier du virus, aujourd’hui de la grosse bombe du chasseur Poutine, peur illusoire d’une arme improbable.
Même un dirigeant criminel n’utilisera jamais la bombe atomique puisque son usage signifierait en retour sa propre vitrification inéluctable.
Les 6 et 9 août 1945, les USA purent larguer cette arme contre le Japon parce que celui-ci ne possédait pas la bombe et ne pouvait pas riposter par la terreur à la terreur.
Le chasseur Poutine remue sa bombe pour effrayer les peuples enfants mais tout stratège sait que ce n’est qu’un énorme bobard.
Si une zone d’exclusion imposée par les puissances occidentales protégeait Kiev, il ne se passerait rien et la guerre s’arrêterait.
La force d’un tueur se nourrit de la lâcheté des gens de mieux.
Pendant ce temps, les soucis de la planète, de la biosphère, de la nature sont oubliés sous le coup des frayeurs puériles.
La peur est une toxine pour l’action et la raison. Elle génère une régression .
Un virus se combat par la science, la médecine, la rationalité et non par les délires, les fantasmes phobiques ou négateurs du réel.
Un forcené criminel se combat par les armes, la stratégie et la contre-dissuasion.
Que faut-il retenir de tout cela ?
L’humain est-il fondamentalement condamné à la banalité du mal décrite par Hannah Arendt ?
J’ai encore, à mon âge, la faiblesse de penser que les lumières et les ombres s’affrontent toujours et que beaucoup s’affranchissent de la pulsion de mort, que beaucoup d’humains enfin hominisés, n’accepteraient pas de vivre en ayant sur la conscience la mort d’autrui ni en laissant se perpétuer des crimes qu’il pourrait empêcher.
Il y a, dans tous les temps, des biophiles et des thanatophiles.
Tout est une question de proportion dans une société, et de situations historiques, permettant aux thanatophiles de nuire et aux biophiles d’ajouter du bonheur et de la douceur à ce monde.
Allons, un peu de consolation :
Il semblerait qu’en France, il ne demeure que 984000 tueurs ?
Dommage que le monarque électif du jour et de demain, l’ignore !
Dommage que sa culture de banquier le frappe d’anosmie l’empêchant de sentir l’odeur du sang lorsqu’il choisit ses interlocuteurs d’ici et d’ailleurs.
Non, on ne parle pas innocemment avec les tueurs génocideurs, chasseurs et autres amateurs de mort.
Dis-moi qui tu fréquentes et je saurais qui tu es.
Gérard CHAROLLOIS