Alors que d’aucuns déplorent l’évanescence du passé, la lecture de l’Histoire nous enlève l’envie de la revivre.
Pour les hommes du passé, la vie humaine avait bien peu de prix et la soif de sang des dieux, l’honneur de la patrie, la gloire du roi et de la race valaient bien des sacrifices.
Chez trop d’hommes du passé, l’empathie ne faisait guère des heures supplémentaires et la mort d’autrui n’était qu’une péripétie.
Avec l’avancée des sciences et des techniques, le vrai progrès tient au respect de la vie.
Certes, nous vivons un temps où le fanatisme, l’obscurantisme, la haine sévissent encore dans des esprits abimés, victimes de doctrines tout aussi farfelues que criminelles.
Mais globalement, pas à pas, le vrai progrès est en marche avec un processus d’hominisation non parachevé, processus impliquant l’élargissement du cercle de l’empathie.
Le vrai progrès enseigne un commandement jadis divin, jamais respecté : « tu ne tueras point ».
Pourquoi n’étendrions-nous pas cette injonction éthique fondamentale à tous les autres êtres vivants ?
Tout humain, par-delà ses origines, son sexe, son âge, ses choix philosophiques possède un droit imprescriptible à vivre parce qu’il est une conscience d’être.
Mais un autre animal, d’une autre espèce, possède également cet intérêt légitime premier à vivre.
Cependant, à l’état de nature, toute vie se nourrit d’une mort animale ou végétale, le végétal ayant cette supériorité tenant à sa capacité de produire avec l’énergie lumineuse par la photosynthèse des molécules organiques avec des molécules inorganiques.
Ce rapport à la mort et à la prédation génère des attitudes tribales et sectaires dans notre société et, face aux prises de consciences contemporaines, les esprits rétrogrades se crispent sur des provocations stupides.
On assiste au spectacle dégradant de sénateurs, de leaders politiques draguant l’arriéré en s’empiffrant de viandes, de foie gras, en éructant quelques imprécations contre les végétariens intégristes ou flexis-végétariens.
N’étant pas un prescripteur de vie ou un gourou, je reconnais à chacun la liberté de vivre selon les ordres de sa conscience, mais faire du mépris de la souffrance animale une gloire avilit le politicien réactionnaire.
La cruauté absolue de l’élevage concentrationnaire et les sévices infligés aux porcs, aux volailles entassés par milliers dans des espaces confinés jusqu’à leur « abattage » feraient ricaner ces politiciens fossilisés, de ce ricanement sinistre de tous les tortionnaires de tous les temps et de tous les camps y compris les camps d’extermination.
Le chasseur s’abritera derrière le paravent des habitudes, des traditions pour échapper à la brûlure de la conscience et écartera d’un revers de la pensée l’interpellation morale des « anti-tout », selon l’expression de ces gens-là.
C’est que tuer pour le plaisir ne peut pas être assumé sans quelques contorsions du réel.
Jouir de l’effroi et de la souffrance infligés à un être sensible, quel qu’il soit, impose un haut degré d’anesthésie de la conscience.
L’homme, non encore hominisé, nous révèle cette effrayante capacité à nier autrui, à l’instrumentaliser pour l’abaisser en victime expiatoire de ses frustrations.
Le sadisme existe, hélas, et la chasse en est l’expression dirigée contre l’animal avili à l’état de proie et de gibier, à l’instar de la violence trop longtemps dirigée contre la femme et contre l’enfant.
Pour nos politiciens dinosaures, l’écologiste ou l’animaliste prônent l’ascétisme, l’austérité, la mortification et la repentance permanente, le refus du plaisir de vivre.
Quelle stupidité !
Un hédonisme altruiste existe, n’en déplaise aux grincheux réactionnaires contempteurs du vrai progrès.
Respecter la vie, jouir de la douceur et du bonheur prodigués ne valent-ils pas mieux que la négation d’autrui ?
Que valent les fumées de la propagande face à cette évidence ?
Il faut, disent-ils, réguler les sangliers, les cervidés, les grives et les alouettes !
Il leur faut, pour le Marché, ce dieu vorace, des usines à viande, des forêts usines à bois, des destructions massives de vies sauvages.
Pendant des centaines de millions d’années, la nature n’a pas eu besoin de chasseurs du dimanche pour être riche, diversifiée, généreuse toujours en équilibre évolutif.
Notre espèce a été une exterminatrice de biodiversité depuis toujours.
De nos jours, par notre prolifération excessive et nos techniques de prédations performantes, nous atteignons la limite du processus.
L’extinction du vivant, dit « sauvage », arrive à son terme.
Si nous ne mutons pas aujourd’hui, la biosphère sera anéantie.
Nous sommes très nombreux à l’avoir compris.
Nous sommes majoritaires, mais ceux qui dirigent, font les lois, décident des orientations économiques servent les lobbies, les prévaricateurs, les exploiteurs et, pour perdurer dans leurs méfaits, flattent l’ignorance, l’arriération et se gavent de foie gras et de viande pour complaire aux « beaufs » et faire peuple.
Oui, une infime minorité rétrograde, honte de notre temps, existe parmi nous.
En HAUTE-VIENNE, une poignée d’exploitants agricoles menacent de fusiller et d’empoisonner le moindre loup qui viendrait reconquérir le territoire.
Démocratie, avez-vous dit ?
Non, ploutocratie masquée dans laquelle, au nom du racisme larvé, de la peur de l’insécurité, on fait voter les braves gens au canon pour les intérêts sordides de moins de 1% des hommes.
Les tueurs mènent encore ce monde par la ruse, la manipulation, l’imposture.
Tu ne tueras point, mais tu peux voter.
Refusez vos voix aux partis : chasse, pesticides, béton et traditions, ici et maintenant, le parti les RÉPUBLICAINS.
Non, amis lecteurs, je ne vous dirai jamais pour qui voter, n’étant pas un politique.
En revanche, je désigne, sans lâcheté, les ennemis de la terre, ceux qui détournent de l’argent public au profit du lobby chasse, qui flattent les exigences biocides de la FNSEA et veulent pénaliser l’agribashing, qui sacrifient systématiquement les impératifs écologiques aux appétits de leurs amis de la finance et des affaires, qui pratiquent la lutte des classes à rebours, qui flexibilisent l’humain pour en faire une variable d’ajustement des profits, qui détruisent les services publics pour mieux enrichir les ploutocrates véreux dont ils sont les commettants et les amis dans leur vie privée, leur vie privée bien à l’abri dans des cercles restreints interdits aux autres humains, mais vie privée de conscience et de scrupules, qui provoqueront un jour la catastrophe finale mais qui auront accumulé toujours plus de fortune en attendant la fin.
Trop de nos contemporains, sans le savoir, parce que conditionnés par les médias, apportent ainsi leurs voix à des forces politiques contraires tant à leurs intérêts qu’à leurs idées, car combien d’amis de la nature, des animaux, de gens modestes et « ordinaires » font le jeu des tueurs et des exploiteurs de l’arbre, l’animal et l’homme ...
Gérard CHAROLLOIS