Le biocentrisme est un universalisme

(in memoriam pour Jean-Claude HUBERT décédé le 22 novembre 2010, co-fondateur de la CVN).

L’Histoire politique de l’espèce humaine révèle un constant élargissement du cercle de l’appartenance : la famille, la tribu, la cité, la province, la nation, la communauté philosophique.
En dehors de l’appartenance particulariste, par-delà les frontières morales et physiques, croupissent les métèques, les étrangers, les infidèles, les races et les espèces inférieures.
En rupture avec cette appartenance qui sépare, la pensée humaniste, l’avancée des Lumières élargirent, à partir du 18ème siècle, le cercle de l’admission au foyer commun et les « grands ancêtres », ceux de 1789, proclamèrent les Droits de l’Homme et non ceux d’un groupe humain quelconque.
Je dis : Droits de l’Homme et la mode réactionnaire qui sévit de nos jours éructerait : « droits de l’hommisme ».
En politique, les modes sont très dangereuses.
La mode, la marche du troupeau et voilà la paresse de l’intelligence et de la conscience.

En 1945, après les odieux bombardements des villes, la découverte des camps et la « banalité du mal », les peuples suppliciés apprenaient, à leurs dépens, la nocivité absolue des idéologies des « mauvais sentiments ».
Nul, à l’issue de la chute des fascismes, n’aurait songé à railler la politique du soin, l’entraide, l’assistance aux plus faibles, la solidarité et la garantie des droits humains.
Mais la mémoire a ses faiblesses.
Il n’est guère étonnant, 80 ans après la cruelle leçon de l’Histoire, d’assister au réveil des idéologies de la compétition féroce, de la concurrence, du mépris des humbles, de la morgue des forts qui exploitent, écrasent et gagnent.
Reviennent alors en surface les vieilles idéologies du dominateur triomphant avec leurs relents de guerres, de terreurs, d’identités meurtrières.
En 1968, à contre-courant, je fustigeais ceux qui, par mode, psalmodiaient les louanges de dictateurs criminels vus par les contemporains en libérateurs des peuples, des mœurs et vecteurs de justice et de générosité.
En ce temps-là, le fond de l’air était rouge, mais aussi rouge du sang des goulags russes ou chinois.
Aujourd’hui, le fond de l’air devient « brun ».
Voici les réactionnaires qui fulminent contre le féminisme, l’écologie, l’animalisme, l’assistanat, la déliquescence des mœurs, la décadence de la civilisation qu’un virilisme botté doit régénérer.
Nous voyons revenir en force les « mauvais sentiments », ceux qui ne peuvent faire que de mauvaises politiques, sources de malheurs pour les vivants.
D’ailleurs, très logiquement, les propagandistes de la haine adorent la chasse et la torture tauromachique, car ils célèbrent la mort.
Les dieux agitent leurs drapeaux et le monde a peur.
Au fond, dans tous les camps, les réactionnaires cultivent leurs petites haines rances en brandissant leurs vraies fois et la suprématie de leur race, en se cramponnant à leurs particularismes dits culturels, en s’enfermant dans leurs nations, se préparant à en découdre tôt ou tard avec leurs semblables du camp d’en face.
Les valeurs de nos fascisants brunâtres sont exactement les mêmes que celles de leurs ennemis, les islamo-fascistes : haine de la femme, de l’homosexuel, volonté de la soumission aux traditions, obscurantisme borné avec refus de la raison, de l’intelligence, de la science, de la liberté de pensée, acceptation résignée de la fatalité, goût de la mort et mépris de la vie.
Inversement, en transcendant l’humanisme, le Biocentrisme élargit le cercle de l’empathie à tout être vivant, tout être sensible.
Par-delà la race, l’espèce, l’appartenance, nous reconnaissons à tout être le droit de ne pas être maltraité, le droit de vivre dans le respect de ses exigences spécifiques biologiques et éthologiques.
Face aux dérives des peuples effarouchés, à l’heure où surgissent les MAURAS, où sont les ZOLA et les CAMUS ?
Les pamphlétaires de la haine aiment les chasseurs et les toreros parce qu’ils rêvent de la SS aux poings de fer qui remettrait au pas cadencé une « société femelle » qu’ils conchient.
Peuples, souvenez-vous comment tout cela finit : dans les ruines de DRESDE et les ombres tragiques d’AUSCHWITZ .
Après le théocentrisme et l’anthropocentrisme, le biocentrisme est un universalisme qui étend à tous la bienveillance, humains et non-humains.
Le biocentrisme est l’antidote de tous ces fascismes bruns et religieux, la résistance à la mode et aux vents mauvais qui se lèvent.

Gérard CHAROLLOIS

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