Quand le monde change et que les politiciens se fossilisent

Lorsque, dans la décennie 1980, je militais avec Théodore Monod, Serge Boutinot et Jean-Claude Nouet au RASSEMBLEMENT DES OPPOSANTS À LA CHASSE, nous représentions une approche iconoclaste de la Nature, de l’animal, du vivant et nombre de « protecteurs de la nature » de ce temps nous considéraient comme des « voltigeurs de pointe dans les champs de mines ».
Aujourd’hui, partout dans la société, dans tous les médias, je me réjouis d’entendre énoncer comme des évidences admises ce que nous défendions hier dans le désert.
Le 17 août 1989, le ministre de l’environnement de l’époque, Brice Lalonde, adoptait des arrêtés portant autorisation de tuer des oiseaux aux gluaux, dans le Sud-Est, à la matole et aux filets dans le Sud-Ouest, aux lacets dans les Ardennes et le Conseil d’état rejetait notre recours en annulation de cette règlementation de braconnier.
Aujourd’hui, les gluaux et les filets ne passent plus la censure opportune et parfaitement juridique du Conseil d’état qui rend enfin des arrêts et non des services à une féodalité trop bien gardée.

Partout, y compris dans le rural, les populations s’insurgent contre les coupes rases des forêts, contre l’enrésinement, contre les champs photovoltaïques, contre les éoliennes.
Par-delà la défense de son cadre de vie et de la valeur de sa maison, le citoyen comprend que la nature se meurt et qu’il est temps de cesser de lui faire la guerre, de l’exploiter, de la déménager pour de sordides petits intérêts très privés.
Le nombre des chasseurs, guerriers du dimanche, s’amenuise inexorablement malgré les campagnes onéreuses de propagande du lobby.
La jeunesse du temps s’interroge sur les méfaits pour la planète des voyages en avion.
L’élevage industriel que beaucoup qualifient de « concentrationnaire » fait horreur et les gouvernants tentent de masquer ce qui se passe dans les abattoirs.
Les thanatophiles déplorent que la société ne célèbre plus la mort et n’accepte plus de l’ériger en jeu, en spectacle et en récréation.
La biophilie avance et la chasse, la tauromachie, à l’instar de la guerre, du génocide et de la torture passent de saison.
Jeunes gens, réjouissez-vous !
A ce pas et dans cette direction, vous verrez bientôt le triomphe des idées d’un Théodore MONOD et nous ne nous serons pas battus en vain contre la cruauté et la sottise.
Bien sûr, il y a toujours des politiciens fossilisés pour flatter les lobbies, détourner l’argent public au profit des forces nocives et ces politiciens sont toujours réélus.
Comment expliquer ce décalage entre les citoyens, l’opinion publique plus généreuse et éclairée et une classe politique rétrograde et corrompue.
Car, il y a corruption quand des présidents de région achètent le lobby chasse et suppriment toute subvention aux associations de protection de la nature.
En fait, ces hommes ont perdu toute légitimité.
Combien de citoyens les ont élus ?
Environ 15%.
66% des électeurs se sont abstenus aux dernières élections locales et les mal-élus n’ont recueilli qu’une majorité relative des votants.
Néanmoins, ils gouvernent, gaspillent l’argent public, nuisent à l’intérêt général.
C’est la raison pour laquelle j’ai toujours appelé les gens de mieux à ne pas s’abstenir.
Certes, le jeu politique est truqué.
L’opposition, plombée par ses divisions, discréditée par la presse achetée par les oligarques, n’a aucune chance de l’emporter.
Les lobbies et ploutocrates mènent la danse.
Ainsi, pour assurer la victoire d’un candidat de l’argent, ils envisagent, pour l’an prochain, de susciter la candidature d’un pamphlétaire ultra-réactionnaire qui n’obtiendra jamais que quelques pourcentages de voix, mais permettra que le second tour de la présidentielle oppose deux candidats du même courant anti-social et anti-écologique : Emmanuel MACRON contre Xavier BERTRAND, créatures des chasseurs et de la FNSEA.
Alors, tout est vain ?
Non. Nous avons déjà gagné la bataille culturelle.
Nos contemporains préfèrent la vie à la mort.
Un jour, la mascarade que je dénonce ici sera comprise de tous et alors les politiciens, pantins des lobbies, ne pèseront plus lourd.

Gérard CHAROLLOIS

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