Le politique, organisation de vie de la cité, n’a pas pour finalité le bonheur du citoyen mais la création des conditions de ce bonheur.
Jacques CHIRAC, flanqué de gouvernements sinistrement conservateurs, avait paradoxalement énoncé, au rebours des actes de ses ministres, trois préoccupations essentielles :
- un plan cancer.
- la compensation du handicap.
- l’amélioration de la sécurité routière.
L’homme politique avait-il côtoyé la souffrance et avait-il compris ?
Ces trois thèmes s’inscrivaient dans une politique du « care » que je préfère appeler politique du soin, de la solidarité, de l’oblativité.
Les pesanteurs partisanes firent qu’en mai 2002, il nomma un premier ministre qui, démentant cette intelligence, déclarait : « La chasse est ma priorité ».
Loin de « soigner » la société, le libéralisme économique pollue, dégrade, aggrave les inégalités, méprise le vivant et la compassion, putréfie l’humain en le réduisant à n’être qu’un prédateur déprédateur.
Or, si l’organisation d’une société comportait un but et une raison d’être, la préservation, l’amélioration de la vie et le recul de la souffrance seraient à l’ordre du jour.
Bien peu Sapiens, l’animal humain oublie cet horizon pour s’abrutir dans l’accaparement ou l’obscurantisme ou les deux à la fois.
L’impuissance des hommes à vaincre les maux qui les assaillent les conduisit à une résignation doloriste : " Franchir cette vallée de larmes et après avoir bien expié en ce monde, accéder à un arrière-monde de félicité éternelle ".
L’individu devait accepter de se soumettre à l’ordre, fut-il inique, à vivre ses tourments et même à les aimer pour leur valeur rédemptrice.
Plus il consentirait à souffrir, plus la récompense serait certaine.
De la souffrance subie à la souffrance infligée, du martyr pour soi au meurtre sacrificiel, les mythes enfument les esprits et empêchent de vivre ici et maintenant.
Où en sommes-nous ?
La secte libérale ignore l’empathie et loue « les premiers de cordées » oublieux qu’ils subiront la maladie, le déclin et la mort.
Avec le ricanement de l’imbécile heureux, les libéraux exploitent la nature, l’animal et l’homme.
Dans le même temps, les sectes religieuses perdurent à prôner la soumission, le sacrifice, l’égorgement du mouton ou de l’infidèle, la quête du bonheur dans un arrière-monde imaginaire et complètement farfelu.
Et si on affirmait que le réel vaut mieux que le mythe, que la vie prévaut sur la mort, que la souffrance d’un être, qu’il soit un malade sur un lit d’hôpital ou taureau dans une arène, est un scandale, que l’intelligence humaine doit combattre les maux qui endeuillent ce monde qui est le seul qui existe.
La souffrance d’un être ne rachète rien puisqu’il n’y a rien à racheter.
Face aux fatalités que les croyants appellent « loi divine », invitons à la désobéissance civique, à l’insoumission, au choix de la vie dans la sérénité.
Entre ceux qui servent la loi de l’argent et les intégristes de tous les mythes adorateurs de la mort, ce pauvre monde va bien mal et porte en lui des germes de grands périls.
C’est en allant à la racine du mal qu’on comprendra la nature de ces périls.
Que d’aucuns aient besoin de mythes consolateurs pour tenir debout se conçoit et participe de la liberté de chacun.
Qu’il est aisé de préférer une illusion qui console au réel qui afflige !
Qui oserait refuser à l’humain de rêver lorsque c’est le dernier droit qui lui reste !
Mais que les hallucinés laissent vivre les autres !
Lorsque des groupes humains veulent imposer leurs mythes et en faire des lois pour la cité s’annoncent des temps d’obscurantismes et de guerres.
Aujourd’hui, en Europe, des crispations communautaires et identitaires font entendre, avec l’islamisme, une musique médiévale qui nous ramène trois siècles en arrière.
Un voile n’est pas un problème en soi.
Le problème est le refus des lois des hommes au profit de la loi de dieu, la négation de l’égalité des femmes et des hommes, la répression de l’homosexualité, le rejet de la science, la condamnation de la liberté de conscience, la haine de l’infidèle.
Le problème ne réside pas dans ce qu’il y a sur la tête des femmes ou des hommes, mais dans ces têtes.
Victor HUGO eut dit : « C’est ici le combat du jour et de la nuit ».
Appelons les humains à choisir la vie, le réel, la raison, la réconciliation avec tous les êtres vivants et les avancées pour que reculent la souffrance et la mort, les seules ennemies de l’éthique biocentriste.
Gérard CHAROLLOIS