Homo sapiens, dégradé en homo economicus, ne mérite guère son nom de « sage », ni même de « savant ».
Depuis deux cent mille ans, il compromet partout où il passe la vie dans sa fragile et merveilleuse diversité.
Même ses cousins, les Néandertaliens furent ses victimes quand ils ne furent pas ses partenaires sexuels, puisque notre ADN comporte des gènes de cette espèce.
Avec l’essor des techniques et l’explosion démographique contemporains, la nocivité de homo economicus n’est plus à démontrer, puisque nul ne peut nier la mort de la biodiversité, l’épuisement des ressources, l’altération du climat par modification de la composition chimique de l’atmosphère, fléaux dont sa cupidité, sa cruauté sont les oeuvres.
Or, n’en déplaise à son orgueil mégalomaniaque, l’humain est une espèce comme une autre.
Biologiquement, l’homme connaît le sort de tous les êtres vivants et anatomiquement, physiologiquement, génétiquement, il est un animal, ce qui n’est pas être rien.
Différent ?
Bien sûr, mais pas plus différent que la vache ne l’est de la chouette effraie.
Il y a un propre de l’homme, évidemment, au même titre que le rat à un propre au regard du dauphin.
Le propre de l’homme tient à sa manière d’appréhender le monde, avec une immense capacité d’abstraction.
Il n’est pas plus « riche en monde » que le chien qui appréhende, notamment par l’odorat, des informations qui stupéfieraient l’humain s’il pouvait en prendre connaissance.
L’animal non-humain n’est pas plus pauvre en monde que l’homme, mais celui-ci maîtrise mieux que tous les autres la faculté d’abstraction conceptuelle ce qui lui permet de maîtriser, très imparfaitement encore, son destin individuel et collectif.
Réjouissons-nous de cette maîtrise et souhaitons qu’elle s’accroisse jusqu’à cet horizon où l’homme aura vaincu la souffrance et l’angoisse.
Mais cette maîtrise confère à l’humain des devoirs envers le vivant.
L’homme doit apprendre le respect de la vie et l’amour de la nature dont il est une composante, sa culture n’étant que sa propre nature.
Or, nos contemporains perdurent à se conduire en prédateurs déprédateurs, en exterminateurs, soit par stupidité, soit plus souvent par cupidité.
Notre société pourrit par l’argent.
Pour faire de l’argent, des humains nocifs, sans frein, sans limite, coulent du bitume, du béton, artificialisent, rentabilisent, exploitent au détriment de l’arbre, l’animal et les autres hommes.
Pour la survie de notre espèce et du vivant, notre temps a davantage besoin de nature que de routes, d’aéroports, de lotissements ou de surproductions frénétiques.
Une étude entomologique allemande révèle qu’en 25 ans, la population d’insectes volants s’est effondrée de 80% en ce pays et au niveau mondial, 40% des insectes ont disparu.
Corrélativement, oiseaux, reptiles, amphibiens s’effacent de la planète des homo economicus, pollueurs, tueurs, exploiteurs, spéculateurs donc « nuisibles ».
L’Histoire jugera ces affairistes, ces élus, ces dirigeants qui participent à la mort du vivant par intérêts sordides et par mépris de la vie.
Comment concilier le vrai progrès, la maîtrise, le combat contre la souffrance, la maladie, la mort et, dans le même mouvement, sauver la nature et cesser d’être infernal pour les autres êtres vivants ?
Tout simplement en acceptant de partager la terre avec les insectes, les oiseaux, les loups, les ours, les lynx et tout ce qui possède le droit imprescriptible de vivre à nos côtés.
Que pouvez-vous faire pour sauver la vie ?
Administrer votre jardin en réserve naturelle avec quelques arbustes utiles, quelques herbes folles, des nichoirs et des points d’eau pour la petite faune.
Bannir les pesticides et autres poisons qui tuent tout au seul profit de firmes criminelles qui font de l’argent en aseptisant l’espace naturel.
En votant !
Oui, en votant pour des élus à l’esprit désenclavé, assez éclairés pour avoir compris que sauver la nature est un défi primordial, assez honnêtes pour ne pas succomber aux corruptions des marchands d’asphalte et de grands travaux nocifs.
Naguère, la grande querelle des hommes était de changer le monde.
Aujourd’hui, la grande querelle est de le sauver.
Gérard CHAROLLOIS