Un profond malaise moral affecte notre société menacée par les périls écologiques, par un clivage abyssal entre le peuple et les lobbies, par des régressions sociales que devraient interdire les formidables progrès de la technique et de la productivité du travail.
Des mafias dirigent ce monde et ne redoutent guère la sanction des lois puisqu’elles les font.
Si 20% des détenus dans nos prisons surpeuplées sont des malades mentaux, si de pitoyables petits délinquants encombrent les audiences correctionnelles, si les « casseurs » encourent les foudres de la justice, les grands criminels trop puissants n’ont rien à craindre du droit dont ils maîtrisent les codes.
Lorsqu’un ancien président de la république, un propriétaire de laboratoires ou un grand patron tombent sous le coup d’une incrimination, il sait pouvoir compter sur une quasi-impunité grâce aux astuces de procédure, à la durée des instructions retardées par les meilleurs avocats, la mansuétude du système.
Il n’ira pas en prison.
Amiante, chlordécone, scandales sanitaires, produits alimentaires falsifiés n’exposent qu’à bien peu de risques judiciaires malgré leurs méfaits sur la santé.
Présentement, des lobbies ont oeuvré pour le maintien en agriculture de l’emploi du glyphosate et de divers biocides, d’autres lobbies retardent de plusieurs mois l’interdiction de l’emploi dans des aliments, (bonbons, pâtisseries et même médicaments) du dioxine de titane (E171), sans doute le temps d'écouler des stocks bien que cette molécule ait été présumée cancérogène.
La démocratie est pourrie par les lobbies qui entourent les présidents et les ministres.
Or, un ministre, un lobbyiste ou un industriel qui délibérément choisit de faire courir un risque sanitaire à la population pour satisfaire des intérêts financiers très privés devrait être incarcéré, à titre provisoire, eu égard à l’extrême gravité de tels comportements, et non jugés quinze ans après les faits, à l’issue de dizaines de recours purement dilatoires et d’interminables expertises.
L’additif E171 est-il ou non cancérogène ?
La réponse relève de la science et d’une objectivité purement rationnelle.
Mais dès lors qu’un doute sérieux existe, le devoir d’un ministre est d’opter pour la vie, pour la santé, pour la précaution et non pour le tiroir-caisse des lobbies.
Choisir l’argent contre la vie est une faute majeure que ne répriment pas nos sociétés vouées aux intérêts des marchands, des spéculateurs, des affairistes qui constituent la cour des monarques du temps.
Lorsqu’un chef d’état se déplace à l’international, il n’emmène plus avec lui une délégation de savants, d’artistes, de philosophes illustrant le rayonnement de sa nation, mais une poignée d’oligarques vulgaires en mal de contrats lucratifs.
Cela ne choque même plus tant ce monde de la spéculation, de l’accaparement, de l’affairisme participe du décor politique et mondain.
Les lobbyistes, choyés par les gouvernants, savent jouir d’une impunité de fait quand bien même les intérêts qu’ils défendent se révéleraient, à terme, gravement préjudiciables à la santé des gens.
Quant à la biodiversité, son sacrifice est de règle.
Le ministère de l’écologie et l’observatoire national de la biodiversité publient des chiffres alarmants : 26% des espèces de la faune de France sont menacées, 38% des chauves-souris ont disparu entre 2006 et 2016.
Les populations d’oiseaux se sont réduites de 33% des oiseaux des milieux agricoles, 30% des oiseaux des milieux bâtis et 3% des espèces forestières entre 1989 et ce jour.
Le site du ministère mentionne évidemment des agressions humaines à l’origine de ces hécatombes : pollutions lumineuses nocturnes, pesticides, monocultures et s’agissant des chiroptères, éoliennes.
En revanche, la chasse et ses gluaux, ses lacets étrangleurs, ses tirs de nuit dans les marais et estuaires ne doit surtout pas être citée !
Il ne faut pas vexer le lobby.
Le monarque élu a promis soumission aux chasseurs lors de son anniversaire, devant un parterre de sangliers terrassés et a déjà offert aux plus riches des chasseurs, ceux qui prennent un permis national, la réduction de moitié du coût de la validation, la réouverture des chasses présidentielles fermées par Jacques CHIRAC, des atténuateurs de sons sur les fusils et demain des chasses aux oies en février, en violation du droit.
Mais, voici que l’on parle de « cahiers de doléances ».
Serions-nous en 1788 ?
Vite, la Révolution ! Pour que cesse la dictature sournoise de l’argent et des lobbies et que la vie passe avant l’argent !
La révolution est une réponse à la violence d’un ordre inique, destructeur, avilissant, démoralisant.
Elle sera une non-violence érigée en principe éthique, un refus de consentir à la soumission.
Pour l’heure, le parti de l’ordre manifeste une violence physique inédite avec, à ce jour, 78 blessés graves par les flashballs de la police.
Et dire que les esprits grégaires croyaient avoir fait barrage à « l’extrême-droite » en mai 2017 !
Gérard CHAROLLOIS