Ceux qui gouvernent possèdent la légalité pour le faire mais ont perdu la légitimité.
Charles de GAULLE, fondateur de la cinquième république, l’aurait compris et, comme il le fit, aurait redonné la parole au peuple face à une puissante contestation.
Mais les Thatchériens, agents de la finance, morpionnisent l’état pour exécuter leur mission « d’adapter la société aux exigences du Marché ».
La crise actuelle pourrait bien déboucher sur une explosion politique pour peu que les manipulations de l’opinion engagées par le parti de l’ordre échouent et que le peuple se lève.
Deux axes de changements s’imposent : institutionnel et socio-économique.
- Les institutions ne sont plus dignes d’une démocratie mature.
Les citoyens doivent être représentés par un parlement riche de toutes les nuances de l’opinion, celles que nous aimons, celles que nous n’aimons pas. On ne va pas « dissoudre le peuple ».
Il est ridicule que la « république en marche » qui ne recueille que 20% des suffrages détienne 60% des sièges dans une assemblée. Il est inique que d’autres courants de pensée, pas moins présents dans le corps social, n’obtiennent que quelques élus empêchés d’exprimer les aspirations de leurs soutiens.
Cette caricature de démocratie résulte d’un mode de scrutin, dit uninominal à deux tours, aggravé par le fait que les élections législatives suivent l’élection présidentielle.
Une nouvelle constitution doit être promue pour que le pays devienne démocratique.
Présentement, ce n’est qu’une monarchie élective confisquée par un escamotage des élections dans lesquelles on somme les citoyens de faire barrage au fascisme.
Non, le président actuel n’a pas été élu pour « réaliser son programme », qu’il n’exposa d’ailleurs pas clairement, mais au terme d’un battage médiatique sur le thème : combattre « l’extrême-droite ».
Peu probable qu’une majorité de Français choisissent la politique de Mme THATCHER, politique d’extrême-droite sous l’angle social !
- Sous l’angle socio-économique, le défi écologique, les rapports au vivant, les impensés de la révolution technologique faisant disparaître le travail, appellent une rupture avec la loi du Marché, c’est-à-dire du profit pour une poignée de féodaux des temps modernes.
Parmi les tenants du Marché existent deux écoles que sépare non pas le fond mais la forme.
Les Américains TRUMP, aux USA, BOLSONARO, au Brésil, disent clairement que les considérations climatiques, la sauvegarde de la biodiversité ne doivent pas déranger les firmes, le grand capital, les entreprises libres d’exploiter sans contrainte inutile.
En Europe, inversement, les Thatchériens parlent volontiers des impératifs climatiques y voyant des occasions de transfert de charges des firmes vers les citoyens et le développement de filières industrielles nouvelles.
En fait, les seconds, pas plus que les premiers, n’ont aucune préoccupation écologique, mais l’écologie leur offre un paravent pour peindre en vert les aménagements lucratifs et les impôts pesant sur le peuple.
Ainsi, la taxe carbone voulue par le pouvoir politique en France visait à compenser dans le budget la suppression de l’ISF et autre taxe payée par les oligarques, suppression que ne compensait pas suffisamment la scandaleuse majoration de la CSG sur les retraites.
Que ceux qui en douteraient veuillent bien observer que le trafic aérien et le transport maritime étaient exonérés de ces pénalités que seul le peuple supportait.
Pour ménager les oligarques d’un retour de l’ISF, le pouvoir suggère un débat sur la non exonération de la taxe d’habitation de 20% des Français les plus « riches, ceux qui, célibataires, gagnent au moins 2500 euros par mois.
Les néolibéraux, en Europe, usent ainsi d’éléments de langage et d’une politique de fumigène pour cacher un fait essentiel, à savoir qu’il y a d’un côté le peuple, de l’autre quelques dizaines de milliers de ploutocrates qui gagnent 2500 Euros par heure !
Dans le système du Marché-roi, l’animal est une marchandise et doit participer à la course au profit.
Reconnaître des droits à l’animal entraverait la bonne marche des affaires et les rendements des firmes qui exploitent la filière élevage.
Pour les adeptes du Thatchérisme, rien ne doit freiner le profit des valeureux « entrepreneurs » !
Ni les droits sociaux, ni les salaires élevés, ni les normes environnementales, ni bien sûr, la prise en compte du caractère sensible de l’animal.
Les plus faibles, humains ou non humains, appellent la protection de l’état et des normes de sauvegarde.
Les adorateurs du Marché ne veulent ni état, ni normes, ni contrôle mais la loi du plus fort et plus souvent du plus crapuleux.
Très officiellement, « en même temps » les revenus des grands patrons s’accroissent de 14% en un an, les dividendes distribués par les grandes entreprises s’accroissent de 12%, en cette année alors que les revenus du peuple régressent pour beaucoup de gens.
L’état doit protéger les plus faibles.
Encore faut-il que l’état ne soit pas investi par les ennemis de l’état, par les agents des exploiteurs.
J’ai un grand regret.
C’est que mes alarmes, exprimées dans cette lettre lors des dernières élections françaises, aient été validées avec tant d’éclat par les faits.
La trajectoire politique suivie par les actuels gouvernants va radicalement à l’encontre des intérêts publics, tournent le dos à la compassion et à la générosité.
Les milliardaires sont gratifiés.
Les retraites sont ponctionnées, les emplois aidés si nécessaires sont réduits, la nature est confiée aux chasseurs qui l’exterminent, les concessions faites le 10 décembre dernier sont supportés par le budget public donc par les citoyens et non par les privilégiés de la fortune, les hiérarchies sociales fondées sur le mérite sont niées et la classe dite moyenne appelée à supporter tous les sacrifices.
Les héritiers de la révolution néo-libérale vont perdurer dans leur réformisme antisocial.
Alors, malgré l’instrumentalisation des « casseurs », malgré la répression érigée en vertu civique, malgré les mutilations par les flash-balls interdits d’usage dans les autres démocraties, demeurez debout. L’avenir a besoin de vous.
Gérard CHAROLLOIS