(Hommage à notre regretté ami, Jean-claude HUBERT, cofondateur de la CONVENTION VIE ET NATURE décédé le 22 novembre 2010)
LAMARTINE, en termes romantiques, l’énonçait déjà : « L’homme n’a pas deux cœurs, un pour l’animal et un pour l’homme. Il en a un ou n’en a pas ».
L’amour de la nature, le respect du vivant, loin d’appeler une misanthropie déprimante, exigent un haut degré de conscience réconciliant l’arbre, l’animal et l’humain.
Des humains conditionnés par des siècles d’obscurantisme religieux, façonnés par des intérêts sordides, éduqués à l’esprit de concurrence, de compétition, de domination, se révèlent trop souvent exécrables, cruels, nocifs pour leurs semblables, pour la nature et pour les animaux.
Pour ces tortionnaires, ces exploiteurs, eux-mêmes victimes du système, tout est bon à posséder, rentabiliser, asservir, maîtriser et ils ignorent l’empathie, le respect dû à tout être vivant.
Ce constat pourrait conduire d’aucuns à une misanthropie amère, à un repli hargneux et à un pessimisme irréversible.
Je l’observe parfois chez les gens de mieux accablés par la médiocrité humaine.
Cependant, l’humain n’est pas condamné à être ce nuisible qui a pour nom chasseur, promoteur, spéculateur, exploitant ou exploiteur.
Des millions d’humains n’aiment ni les fusils, ni les pièges, ni la destruction des sites, ni l’asservissement d’autrui, ni la dévastation de la planète, ni la spéculation.
Notre espèce partage avec toutes les autres la tragique condition du vivant.
Aussi, je n’exclus pas l’humain de l’immense compassion que m’inspire tout ce qui vit et qui se trouve, de ce seul fait, exposé à la souffrance et à la finitude.
C’est la raison pour laquelle je ne dissocierai jamais les combats en faveur de l’arbre, l’animal et l’homme.
Le souhaitable n’est pas que notre espèce disparaisse, cède la place à une autre dominante qui ne ferait sans doute pas mieux.
Ce qui est souhaitable est qu’elle mute culturellement pour devenir bienveillante envers la biosphère.
Le capitalisme, guerre de tous contre tous, compromet la viabilité de la terre, tout autant qu’il pourrit les consciences. Il est une école d’arrogance, d’accaparement, de maximisation des profits, ce qui est radicalement incompatible avec une société d’entraide, de solidarité, de respect de la faune, de la flore et des milieux naturels.
Pour le système « libéral », tout doit être rentabilisé, valorisé, affecté à la bulle financière des oligarques qui ne s’enrichissent jamais impunément.
Quand un « premier de cordée » connaît la garde à vue et la prison, ne soyez pas étonnés. C’est lorsque les hommes d’affaire échappent aux sanctions pénales qu’il convient de s’inquiéter sur les carences de la répression financière.
Je ne conçois pas le biocentrisme comme un affrontement entre l’homme et la biosphère, mais comme un rapport d’amour.
Si les forêts, les océans, les animaux sont victimes du système du dieu Marché, à l’évidence, les humains le subissent eux aussi comme le prouvent les régressions en cours que les bonimenteurs vendent sous le nom trompeur de Réformes.
La nature se meurt.
Les animaux sont chosifiés par le Marché.
Les peuples ploient sous les « réformes ».
Tout se tient.
Muter ou disparaître, tel est le défi à relever pour les humains de demain sommés d’accéder au transhumanisme éthique.
Quel est ce transhumanisme ?
En s’appuyant sur sa raison, l’humain doit concilier l’hédonisme légitime et l’altruisme sans lequel cet hédonisme n’est qu’une manifestation de pulsions thanatophiles.
La société doit offrir à chacun les conditions de son épanouissement maximum en reconnaissant les droits de la nature à se développer aux côtés de l’espèce humaine.
Le biocentrisme ne débouchera pas sur un ascétisme grincheux et chagrin mais sur une fête de la vie, sur l’émergence d’un type nouveau de comportement excluant la violence contre les êtres vivants.
Je n’invite pas un retour au passé souvent sinistre, à un sado-masochisme à l’encontre de nos semblables qui méritent un adoucissement de leur condition de vie les amenant à l’empathie envers les autres formes de vies.
Non à la réforme lorsqu’elle soumet les hommes aux exigences de l’économie.
Oui à la révolution lorsqu’elle place la vie au centre des valeurs, là où les dirigeants du jour mettent l’argent d’une poignée de ploutocrates qui les ont faits rois.
Les avancées sociales vont de pair avec celles de la condition animale et de la protection de la nature.
Les reculs sociaux vont de pair avec la célébration de la chasse et le saccage des sites naturels.
L’homme n’a pas deux cœurs, "un pour l'animal et un pour l'homme. il en a un ou n'en a pas", comme le pensait LAMARTINE.
Les tenants de la finance n’en ont aucun, ce qui leur permet de dégrader les conditions de vies des citoyens, de flatter les veneurs, de gratifier les milliardaires.
Quant aux aigris prisonniers de leur amertume et qui nous feraient grief d’énoncer des « bons sentiments », je les abandonne à leurs mauvais sentiments qui n’apporteront rien de bon.
Gérard CHAROLLOIS