Gérard CHAROLLOIS le dimanche 27 février 2011
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Le Progrès existe-t-il ?
Je ne parle pas de celui de la croissance quantitative, de la vitesse des transports, de la consommation de gadgets nocifs.
Le vrai Progrès est celui des connaissances fondamentales, des techniques qui font reculer la maladie, la souffrance, la mort, celui qui adoucit les relations inter-personnelles et épanouit les individus en augmentant leur liberté et leur somme de plaisir, celui qui évite le déplaisir, la frustration.
Il en va du Progrès comme de la Tradition. Ce sont des paravents commodes masquant le meilleur et le pire.
D’où les confusions et les faux débats car pour se comprendre, se confirmer ou se réfuter, encore faut-il désigner sous les mots les mêmes concepts.
Au commencement de la société fut sans doute l’adoration de son clan et de ses dieux, de sa tribu, puis de sa cité, de sa nation, de sa race, puis au stade ultime des Lumières, de l’espèce humaine tout entière.
Les Lumières, au tournant du 18’me siècle, firent passer la société occidentale du théocentrisme à l’humanisme.
Ce changement philosophique et politique fut incontestablement un Progrès puisqu’il fit reculer l’obscurantisme, la superstition, l’arbitraire des représentants de dieu dans l’Etat pour substituer aux pouvoirs du passé la démocratie, les droits de l’homme, la prévalence de la raison.
Les monothéismes en Occident, après avoir combattu les idées subversives des philosophes, tentèrent de récupérer le coup puisque leurs dieux avaient créé les hommes à leurs images et que l’humanisme assurait, dans sa version primaire, l’anthropocentrisme.
L’homme demeure sur son piédestal, espèce élue, nullement comptable de ses abus et excès à l’encontre de tous les autres êtres vivants.
Nous assistons présentement à la crise de cet humanisme hérité des Lumières et du positivisme.
Nous, Biocentristes, proposons une approche nouvelle du phénomène du vivant, dela biosphère, des relations homme et nature.
Pour nos contempteurs, agents des lobbies contre nature et essayistes formatés par les vieilles idéologies, nous prônerions une régression éthique, une haine de l’humanité, une négation des acquis arrachés par les femmes et hommes de mieux du passé à l’ignorance et à la cruauté.
Une propagande tapageuse occupe les médias français sur ce thème constituant une imposture grossière.
Loin de remettre en cause les acquis du raffinement des mœurs politiques, nous appelons à un dépassement de l’humanisme et à l’élargissement du cercle de l’empathie aux êtres vivants et d’abord à ceux dotés d’un système nerveux leur faisant éprouver le principe duplaisir déplaisir.
Faire sa place à la nature, reconnaître un droit à la vie de toutes les espèces, refuser la marchandisation des êtres sensibles constituent des garanties pour l’humain, car toujours l’homme fait à l’homme ce qu’il a appris à faire à la bête.
L’écologie radicale ne remet nullement en question les Droits de l’homme sous prétexte de proclamer les droits des animaux et ceux de la nature qui n’est pas un « environnement ».
Il est opportun que l’humain use de sa raison pour améliorer ses conditions matérielles et morales de vie.
Il est souhaitable qu’il jouisse de l’existence pourvu que cette jouissance ne se fasse jamais au détriment de celle d’autrui.
Mais nous, à la différence des humanistes, incluons tous les êtres sensibles dans cet autrui auquel nous devons apporter de la jouissance.
Non, l’écologie biocentriste ne représente pas une régression, un ascétisme sado-masochiste, une résignation face à tout ce qui est mauvais et affecte le vivant.
Qu’il y ait un versant réactionnaire, nostalgique de l’écologie est sans doute légitime et chacun peut contribuer au grand débat des idées.
Pour ma part, l’étude dupassé ne m’a jamais donné l’envie de le revivre.
Certes, avant l’ère industrielle, des humains moins nombreux et dépourvus de moyens de nuisance absolue sur le monde faisaient moins de dégâts à la nature.
Notre époque a permis les exterminations massives, les grands travaux, les pollutions chimiques, les agressions redoutables et les guerres meurtrières, les hécatombes planifiées.
Par esprit de lucre les commettants des gouvernants pillent, massacrent, empoisonnent la terre et des vandales débiles abordent la Nature agonisante avec quads, fusils et écobuages.
Mais, l’humain d’hier n’était ni meilleur, ni plus doux, ni mieux intentionné envers ses semblables et envers les animaux et la nature.
Il pratiquait volontiers la guerre, la chasse et même les ordalies, les bûchers, la torture, la peine de mort sur les places publiques, le supplice des sorcières et la peur des phénomènes naturels.
L’homme du passé asséchait déjà les marais, crevait les chevaux de poste, clouait la chouette sur la porte des granges, défrichait les forêts, chassait à courre, trucidait bêtes et gens.
Cet homme du passé manquait simplement des moyens de la nuisance que possède l’homme contemporain.
Non, pour moi, l’âge d’or n’a jamais existé.
Le biocentrisme est une idée neuve, une proposition d’avancée sur la voie du vrai Progrès celui qui ajoute du bon, du mieux au monde et qui en retranche de la souffrance et de l’effroi.
L’anthropocentrisme contemporain, masque dont se pare l’adoration de l’argent, de l’économie, de l’accaparement, naufragera la société et finira par compromettre la vie sur terre.
Ce n’est point la maîtrise de l’humain sur le monde qui le menace, comme feignent de le croire d’aucuns, mais le mauvais usage qu’il en fait.
Si la conscience s’élevait au niveau de la science, l’humanité se réconcilierait avec la biosphère.
Parce que l’homme a des droits, une puissance, une supériorité technique, il a des devoirs envers le vivant.
Affirmons ces droits et ces devoirs et cessons d’esclavagiser l’animal non-humain et la nature pour que l’humain s’hominise enfin.
Pour beaucoup, l’homme actuel est le fruit d’une évolution darwinienne.
Sans doute. Mais le fruit est un aboutissement.
Je préfère penser qu’il est la fleur dont sortira un jour le fruit non encore advenu.
Rien ne permet d’affirmer que le processus d’évolution doive s’achever maintenant et il faut tout l’orgueil naïf de l’animal doué de raison pour s’imaginer être le but ultime.
Il se pourrait d’ailleurs que l’homme devienne, par sa maîtrise de la biologie, l’artisan de sa propre évolution mais nous touchons là aux limites de la spéculation philosophique et scientifique.
Ce qui est certain, c’est que l’avenir est conditionné par la guérison de deux instincts caractérisant notre espèce : la violence et la cupidité.
Ces tares comportementales pourraient bien constituer une impasse évolutive à défaut d’une mutation culturelle urgente.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.