Combien de temps fallut-il pour que soient abolis les bûchers, les ordalies, la torture, l’esclavage, la peine de mort et autres manifestations du délicat génie humain ?
Des siècles de combats, des centaines de livres, des débats interminables où gens de mieux se heurtaient aux gens de traditions.
Combien de temps encore pour que l’animal non-humain cesse d’être ravalé au rang de chose et pour que disparaissent chasse, tauromachie, élevage concentrationnaire, utilisations ludiques, récréationnelles ou lucratives des bêtes pour les caprices de l’animal humain ?
Bien sûr, nos contemporains savent désormais et écrivent au détour d’un texte de loi que « l’animal est un être sensible » et la plupart des braves gens aiment bien leurs chiens et leurs chats.
Mais le parlement Français, le gouvernement, les pantins politiques se livrent à une déplorable surenchère populiste (synonyme : mépris du peuple) en s’agenouillant devant les chasseurs, les gardiens d’élevages industriels, les amateurs de traditions sanguinaires et les dévastateurs de nature que sont les promoteurs bâtisseurs.
A la veille des élections tous les candidats vont faire la danse du ventre devant les présidents de fédérations de chasseurs à la remarquable exception de Dominique VOYNET lors du précédent scrutin présidentiel.
En 2007, la candidate du parti dit de gauche, présumée porter les valeurs de la sensibilité, du progrès des mœurs et des manières, du respect des êtres vivants, osait déclarer, sans doute dans un instant de « bravitude » que « la corrida était un spectacle magnifique » !
Magnifique abaissement, d’autant plus pitoyable que ces courbettes faites aux tueurs n’ont rien de sincère !
Pourquoi ce décalage entre une classe politique ringarde, attachée aux pratiques cruelles et contre nature et une opinion publique globalement acquise à une évolution positive du statut de l’animal ?
Les sondages, les chiffres du nombre des adeptes de la mort loisir et de la mort spectacle prouvent que ces politiciens se couchent devant des minorités attardées et ne cèdent nullement à des aspirations profondes de la société.
Pour soigner le mal, à savoir cette perversion des politiques, il convient d’identifier sa cause.
Pourquoi, en ce pays, seuls les tueurs, tortionnaires, exploiteurs d’animaux sont-ils choyés dans le débat public ?
La réponse s’impose bien vite :
Les négationnistes du caractère sensible de l’animal, bien que minoritaires, s’organisent en puissants lobbies, dotés de moyens financiers colossaux, s’offrant les services de conseillers des princes sachant parfaitement les intérêts qu’ils servent et dont, occasionnellement, ils se servent.
En avril 1989, quelques dizaines de présidents de fédérations de chasseurs fondaient, à l’initiative du président des chasseurs de DORDOGNE, un parti politique dénommé « Chasse pêche et traditions, CPNT » qui permettait d’accroître le rapport de forces de ces notables de province.
Bien que le président fondateur du parti rêvait déjà d’entrer au parlement européen ce qu’il échoua en 1989 et 1994, l’objectif de ce parti politique n’était pas la prise du pouvoir mais l’influence sur les autres partis en se posant en force d’appoint dans les conseils régionaux et en qualité de réserves d’électeurs dans les zones de marais côtiers et les vallées de montagnes.
Il était évident que par sa démagogie ruraliste, ce parti ne serait jamais que l’appendice du courant droitier mais il remplit à merveille son rôle et devint la terreur des élus.
En juin 1999, le CPNT obtint l’élection de six députés au parlement européen et ceux-ci tentèrent d’abattre la directive européenne sur la conservation des oiseaux du 2 avril 1979, texte combattu par les chasseurs traditionalistes. Le parlement européen résista victorieusement à leurs menées et ils ne rassemblèrent pas la majorité qualifiée pour cette révision.
Il existe ainsi des lobbies riches, des relais, un CPNT, parti anti-animaliste, et en face !
Des écologistes recueillant davantage de suffrages que le parti de la mort mais dont les discours édulcorés, la dispersion idéologique assurent l’impuissance politique.
Face au CPNT, voici un parti VERT ambigu sur la question animale et une poussière d’associations dépourvues de moyens financiers, d’unité politique, menottées pour beaucoup par leur stupide « apolitisme », c’est-à-dire l’annonce a priori qu’elles s’abstiendront de sanctionner ceux qui serviront les intérêts adverses.
Voilà pourquoi tous les 18 mois le parlement délire en faveur de « ses amis les chasseurs », que la corrida figure au patrimoine culturel immatériel de la France, que les propositions de lois d’abolition des pratiques barbares ne seront jamais débattues, que les candidats aux élections chantent les louanges des ennemis de la terre.
Tel est le mal.
Quel est le remède ?
Constituer un anti-CPNT, c’est-à-dire un mouvement écologiste représentant clairement un électorat abolitionniste de la chasse, de la tauromachie et autres raffinements des moeurs !
Mais il faut aussi éviter les divisions du courant écologiste et laisser sa chance à l’unité souhaitable.
Concrètement, les masques vont bientôt tomber :
Le parti écologiste devra se choisir un candidat à la présidentielle.
Si ce candidat parle aussi de nature, parallèlement aux questions sociales, s’il mentionne les animaux, la biodiversité, les droits des non-chasseurs, il sera notre candidat.
Si, en revanche, ce candidat ne s’intéresse qu’à l’homme, aux seuls problèmes énergétiques, par ailleurs importants mais non exclusifs, s’il méprise le grand débat éthique sur la condition animale, il conviendra de constater l’échec et travailler à la naissance d’un mouvement authentiquement écologiste incluant l’éthique biocentriste.
Je n’ai jamais cru à l’utilité d’un parti uniquement animaliste. La politique implique une vue d’ensemble, une approche de tous les problèmes de la société. En outre, en démocratie, le monolithisme est exécrable. Tout courant de pensée doit agir en partenariat avec d’autres forces politiques qu’il convient de convaincre, d’influencer, de faire évoluer.
L’isolement est , d’une part, suicidaire, d’autre part, contraire à l’esprit démocratique, le pluralisme étant en soi une vertu.
J’ai donc approuvé la démarche du parti VERT consistant à s’inscrire dans une majorité potentielle de rechange et de rupture.
Je déplore l’assourdissant silence des VERTS sur les fondamentaux éthiques de l’écologie.
Pour être concret, je pense que des avancées en faveur de l’animal, de la nature sont des préalables dans les négociations avec les autres partis dits de gauche.
Ceux-ci doivent choisir entre ceux qui aiment et protègent et ceux qui tuent.
A défaut, la France restera la lanterne rouge de l’Europe et l’enfer des animaux.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ËTRES SENSIBLES ET DES EQUILIBRES NATURELS.