Parmi les sujets tabous et les interdits médiatiques trône la pression démographique, superbement ornée d’anthropocentrisme béat.
Les villes deviennent tentaculaires, les infrastructures ravagent les sites, la croissance est célébrée en vertu première, souvent fardée de « développement durable ».
Dans le moindre village, le plus petit canton, les élus locaux courent après une augmentation perpétuelle de population, gage de leur gestion dynamique et de leur refus de voir leur circonscription devenir « une réserve d’Indiens » !
La terre se couvre d’asphalte et de béton, pour le profit des oligarques vantant leur développement, au nom du « progrès », de « l’emploi », du «désenclavement».
Les populations, anesthésiées par la propagande des milieux d’affaires, ne comprennent pas l’ampleur d’un phénomène qui n’a aucune autre finalité que sa perpétuation.
Pendant ce temps, la biodiversité s’effondre.
De 2007 à 2014, 30% des éléphants de savane d’Afrique ont disparu, passant de 457.000 à 352.000 individus.
En France, les oiseaux communs, ceux des parcs et jardins, ceux des zones urbaines, sont menacés d’extinction, au même titre que les amphibiens, les reptiles et les insectes.
Les causes de cette mort du vivant sur l’ensemble de la planète sont bien connues : disparition des espaces naturels, prévarication des milliardaires en mal de spéculation face à tout espace non exploité, cupidité des uns, cruauté débile des autres.
Entre le promoteur, ses grands ouvrages nocifs et l’idiot de village avec son gros fusil, la nature meurt.
Ainsi, les éléphants, illustration d’un phénomène global, sont victimes des riches Chinois, dépourvus de principes moraux, qui veulent des objets d’ivoire et des braconniers, insensibles à l’écologie et au respect dû à l’animal.
D’autres ignorants stupides achètent, à grand prix, des cornes de rhinocéros, pour pallier des déficits d’érections, ce qui s’avère aussi efficace que s’ils consommaient leurs ongles ou leurs cheveux !
Décidément, l’humain a bien tort de s’enorgueillir car, entre sa cupidité, sa cruauté et sa sottise, il ne mérite guère son podium !
Trop nombreux, trop prédateurs, les hommes ne laissent plus de place aux autres espèces vivantes.
Du sommet des montagnes aux plaines désertiques, des pôles aux forêts tropicales, l’espèce humaine submerge tous les milieux, les transforme, les exploite, les pollue.
Dans un siècle, 75% de la biodiversité aura disparu.
Réduire la pression démographique devient un impératif si l’on veut sauver la diversité des formes de vies sur terre.
Comment ?
Pour faire gagner la vie, récusons la mort.
Tout être vivant, donc tout humain, possède un intérêt légitime à vivre.
Il est donc souhaitable, au nom de cet intérêt, de prolonger la durée de la vie de chaque individu, en lui conférant la santé.
Ne limitons pas la population par la mort, mais en utilisant deux autres facteurs.
C’est par la limitation des naissances et des migrations qu’il faut enrayer la cancérisation de la terre par une seule espèce.
Bien sûr, ces préconisations n’ont pas le droit de citer, car elles heurtent autant les injonctions monothéistes, favorables au natalisme, que les catéchismes politico-sociologiques, pro-migratoires.
Me voici, une fois encore, iconoclaste choquant pour tous les esprits formatés, parfaitement incorrect au regard des préjugés.
Si certains pays ont vu s’abaisser leur taux de fécondité, à l’instar de la Russie, de l’Allemagne, du Japon, d’autres sociétés perdurent à croître, provoquant
des déséquilibres sociaux et économiques dont elles sont les premières victimes.
Contrairement aux politiques natalistes promues par les politiciens archaïques, il y a lieu d’orienter les aides sociales vers la personne et non vers la famille.
La croissance démographique, outre le natalisme, repose désormais, en Europe, sur l’immigration.
Que voilà un autre sujet tabou, propice au naufrage de la pensée, aux hallucinations idéologiques.
J’ose l’affirmer : la migration massive et forcée est une souffrance.
Premièrement, souffrance pour la nature, car l’augmentation de population appelle une urbanisation accrue.
Deuxièmement, souffrance pour les personnes migrantes, arrachées à leurs terres, à leurs climats, à leurs ancêtres.
Troisièmement, souffrance pour les populations locales, elles-mêmes confrontées à des difficultés sociales.
Le natalisme est, bien souvent, fruit de l’ignorance.
L’immigration est fruit de la misère, de la guerre, des obscurantismes qui jettent les peuples sur les routes d’un exil dangereux et douloureux, d’un déracinement frustrant.
Contre le natalisme, il convient d’émanciper la femme, de la libérer des conditionnements, des commandements prétendument divins ressassés par des sociétés archaïques, de lui permettre d’accéder à une sexualité choisie dégagée de la procréation subie.
Contre les migrations de masse, il convient de guérir la misère, la violence, les guerres tribales, les superstitions identitaires qui dressent les communautés les unes contre les autres.
Victor HUGO aurait pu dire : « c’est ici le combat du jour et de la nuit ».
Si l’homme extermine l’éléphant d’Afrique, l’hirondelle de fenêtre, le loup, l’abeille et le hérisson, qu’il périsse, étouffé par sa pollution ou noyé dans le sang de ses guerres communautaristes dont nous avons les prémices.
Je veux encore l’inviter à un sursaut éthique, en se débarrassant des milliardaires qui assassinent la planète par leur exploitation frénétique, en éduquant au respect de la vie les idiots de village qui tuent parce qu’ils n’ont pas appris l’unité fondamentale du vivant.
L’humanité peut se perdre par ses tares.
Elle peut se sauver en mutant de comportement.
Nous, biocentristes, ayons la lucidité de dénoncer les vices majeurs de notre propre espèce pour que celle-ci se réconcilie avec elle-même et avec l’ensemble de ce qui vit.
Gérard CHAROLLOIS