Les historiens, les essayistes, les commentateurs de la vie politique dénoncent et se gaussent des régimes totalitaires caricaturaux, criminels, imposteurs qui, au XXème siècle, prétendirent par le prolétariat ou par la race, générer un « homme nouveau ».
La propagande lourde et primaire caractérisa ces régimes qui recherchèrent, au besoin en esthétisant la politique, l’adhésion soumise des peuples.
Malheur à leurs opposants voués aux camps et à l’assassinat d’Etat.
Désormais, en Europe, en Amérique, ni PRAVDA, ni Volkisherboebachter, mais une presse libre !
Cependant, un observateur prenant un peu de recul ne manquerait pas de s’étonner de ce qu’aux USA, la présidence échoit systématiquement au candidat qui a investi le plus de dollars dans sa campagne et qu’existent des familles régnantes, les fils succédant aux pères ou les épouses aux maris .
En France, le même observateur venu d’un autre monde pourrait s’étonner de ce que l’annonce d’une ambition politique personnelle occupe la moitié des informations télévisées, radiodiffusées et de la presse écrite, cependant que d’autres courants de pensées sont frappés d’ostracisme et ce, en toute bonne conscience, comme si cela devait aller de soi.
Ces différences de traitement par les médias paraissent inversement proportionnelles à l’originalité et à la profondeur de la pensée politique des protagonistes.
Il suffira au candidat choyé des médias, présenté toujours comme un « homme nouveau », de dire qu’il veut « rénover la politique », « transcender les courants et les partis », « insuffler de l’énergie ».
Rien de quoi susciter l’adhésion, pas plus que le rejet. Plus c’est creux, mieux cela vaut.
Alors, tentons de découvrir ce qui détermine que le moindre propos des uns tourne en boucle sur les écrans.
Les faits, toujours les faits, s’imposent pour comprendre un phénomène qu’il soit chimique, physique, biologique, social.
Qu’est-ce qui distingue un " promu " de la presse d’un censuré, un personnage dont le nom revient en boucle et un fantôme des médias ?
Le premier nommé est toujours entouré d’une certaine catégorie d’amis : hommes d’affaires, milliardaires, investisseurs.
Or, il se trouve que les médias appartiennent à des oligarques, ici comme à MOSCOU.
Il faut, toutefois, une autre condition pour transformer un homme politique quelconque en élu de la publicité tapageuse, prélude à son élection par le peuple.
Il doit être compatible, à la fois avec le sociologisme, dit de gauche, et le service de l’argent, de droite.
Il doit être progressiste, d’un point de vue sociétal, pour plaire aux journalistes, mais libéral pour demeurer commis du monde de la spéculation et des entreprises.
Jeune homme ambitieux, croyez-en mon conseil : ce mélange fera de vous un excellent candidat de choix, servi par les canaux de l’information, condition nécessaire pour diriger les Etats, ou plus exactement, pour détenir les pures apparences du pouvoir, le pouvoir effectif étant celui de l’argent.
Car le système économique et politique perdure selon des procédés de pérennisation infiniment plus subtiles que ceux usités par les totalitarismes d’antan.
Plus besoin de camps, d’assassinats, de grossière propagande trop voyante.
Lorsqu’on possède les temps de cerveaux disponibles et qu’on peut promouvoir un agent du Marché, selon les mêmes procédés que ceux employés pour lancer un produit, on peut se passer d’une milice, d’une censure brutale.
Le candidat, choisi par le système, verra commenter chacun de ses pas, de ses paroles, de ses postures, avec force détails sur son conjoint, ses vacances, ses loisirs, ses goûts.
Bien sûr, il restera dans le corps social des réfractaires à ce conditionnement insidieux, mais globalement, le système assurera ainsi sa stabilité en faisant élire ses obligés, en écartant ses opposants.
Inutile, n’est-ce pas, de donner les noms de ces choyés du jour !
Il vous suffit de suivre un programme quelconque d’informations pour constater l’illustration criante de ce que je décris.
Il vous suffit de regarder un journal télévisé, ouvrir une radio, lire un journal et vous mesurerez la justesse de ce que je dénonce.
Mon propos ne vise pas à fustiger tel ou tel « élu » du jour, mais à démonter une technique sournoise de conditionnement, de manipulation de l’opinion.
Réjouissons-nous, nous pouvons l’écrire sans redouter une arrestation, au petit matin brumeux et une disparition dans nuit et brouillard !
C’est mieux, mais pour la démocratie honnête, loyale, équitable, il faudra encore attendre un peu.
Gérard CHAROLLOIS