Le vendredi 19 août, à MONT DE MARSAN, quelques centaines de braconniers défilèrent pour réclamer le droit de tuer des bruants ortolans et des pinsons, au nom de leurs traditions.
La classe politique locale, sénateur dit socialiste et élus conservateurs mêlés, s’inclinèrent servilement devant leurs amis, les chasseurs, « gestionnaires de la nature ».
Oubliés les nobles engagements de sauvegarder la biodiversité, l’inscription au code civil du caractère sensible de l’animal, la bienveillance quasi-universelle portée par les humains civilisés aux oiseaux !
Les politiciens pratiquent le populisme, ce mépris du peuple, consistant à flatter les bas instincts, à mentir aux citoyens pour plaire, un jour, aux uns, le lendemain, à d’autres, en affirmant le contraire de ce qu’ils dirent la veille.
Le populisme confond le peuple et la lie, la démocratie et l’imposture qui séduit, le discours qui éclaire et la parole qui abaisse et égare.
Si la preuve de l’indigence intellectuelle et morale de la classe politique nous est offerte par la chasse, loisir de mort, la baisse du niveau se révèle dans tous les domaines.
Nos politiciens formatés récitent stupidement des textes dont vous connaissez, à l’avance, les radotages.
A droite, ils s’agenouilleront devant l’entreprise privée,la concurrence, la compétition, invitant chacun à se flexibiliser pour maximiser les profits.
Ils flétriront la dépense publique, la paresse du salariat, le parasitage par les assistés et les règlementations tatillonnes protégeant les droits acquis et l’environnement, qui « commence à bien faire ».
A gauche, à l’instar des erreurs de leurs devanciers, face aux crimes des stalinisme, maoïsme et équivalents du siècle passé, ils pardonneront tout aux « damnés de la terre », allant jusqu’à condamner la critique légitime d’une religion, au nom d’un anti-raciste étranger au sujet.
Ils préféreront encore avoir tort avec SARTRE, que raison avec ARON, c’est-à-dire célébrer l’esprit de système.
Où sont l’intelligence, la pensée alerte, le jugement serein et libre ?
Où sont les réflexions sur les défis nouveau d’un monde de la technique ?
Au lieu de prospections fructueuses, rationnelles, construites, les politiciens récitent leurs catéchismes sans s’écarter du dogme, sans sortir du prêt-à-penser dont se gargarisent leurs chapelles rivales.
Aussi, la politique contemporaine est en rupture avec la philosophie, la science, la recherche, parce que l’intelligence a déserté ses débats.
Il en résulte, d’une part, une anesthésie d’une fraction importante du corps social, d’autre part, un rejet méprisant des politiciens par les citoyens.
J’affirme, qu’en présence de toute question sociale, économique, écologique, éthique, culturelle, il faut faire fonctionner sa raison, fuir les préjugés, pour comprendre et proposer des solutions adaptées.
Il faut parler honnêtement à des citoyens respectés, en tentant d’élever le niveau de conscience et de compréhension.
Le regretté, François CAVANNA résumait cette déchéance en une formule vigoureuse :
« La politique est l’art de plaire aux cons ».
Sans doute, ne demandait-il pas mieux qu’elle devienne autre chose !
Le malheur des politiciens de profession tient à la raréfaction du « bon con », prompt à se laisser duper par les « plans de carrières », les manœuvres d’appareils,les intrigues de partis.
Les journalistes, complices du système, tentent bien de perpétuer le jeu truqué des ambitions subalternes. Les médias censurent ceux qui dérangent et rabâchent les noms, les discours creux de la classe politique de connivence.
L’opinion publique s’est lassée.
Observons que les élections se font davantage « contre » le sortant, que « pour » son antagoniste.
Le rejet prévaut sur l’adhésion.
C'est en échappant au prêt-à-penser qu’on évitera les périls d’un monde, à la fois dangereux, mais également, porteur de prodigieuses avancées, sur la voie de moins de souffrance.
En quarante ans, la société a davantage changé qu’en quatre siècles.
Les changements vont s’accélérer, dans les décennies prochaines.
Que ferons-nous de ce changement ?
Les choix sont urgents dans tous les domaines et le personnel politique n’apparaît guère en mesure de répondre aux défis.
Suis-je trop sévère ?
Hélas, les faits, eux, ne mentent pas.
La démocratie est en crise et il serait grand temps de changer les mœurs politiques.
Je sais, toutefois, combien il est difficile d’avoir raison trop tôt.
Gérard CHAROLLOIS