Du théocentrisme au biocentrisme.

Confronté à sa finitude, à la peur de la mort, mère des peurs, aux mystères de la nature et des éléments atmosphériques, l’humain s’inventa des dieux pour peupler l’ombre de son ignorance, enchanter le monde, le domestiquer.
Avec les religions, les interprètes des dieux, ceux qui écrivirent et parlèrent en leurs noms, édictèrent des lois aux sociétés humaines, lois dites hétéronomes puisque provenant d’une autorité supérieure et non d’une libre délibération du groupe social.
Jusqu’au 18ème siècle, l’Occident vécut en théocratie, les monarques de droit divin étant les représentants de dieu sur terre et l’offense à dieu étant incriminée et sanctionnée de peines définitives et cruelles.
Aujourd’hui, en Afrique, au Proche-Orient, des peuples subissent encore le théocratisme, sous forme de charia, loi prétendument émanant d’un dieu, confinant les sociétés humaines dans un moyen-âge peuplé de superstitions, de guerres tribales, de supplices effrayants.
Le premier mouvement d’émancipation, dont nous sommes les bénéficiaires, trop souvent ingrats, consista à rechercher la vérité non plus dans un texte « sacré », mais dans le grand livre du monde dont les encyclopédistes entreprirent le déchiffrage.
Finie la théocratie, même pour les croyants, en Occident, dieu cessant, pour tous, d’être un législateur, pour demeurer, pour ses adeptes, une consolation de devoir mourir inéluctablement, un bien mauvais jour.
Depuis le 18ème siècle, l’homme fit la loi pour les hommes.
La loi ne provenait plus d’une autorité supérieure, d’une autre nature, mais de délibérations collectives et d’hétéronome, elle devint autonome.
L’homme était devenu le centre des valeurs, la mesure de toute chose.
On parla d’humanisme et d’anthropocentrisme.
Indéniablement, ce fut un immense progrès qui améliora considérablement la condition des individus reconnus dans leurs droits, leur liberté, leur dignité.
En théocratie, l’individu n’est rien et la divinité un tout absolu.
En humanisme, c’est la personne humaine qui vaut et devient la mesure de toute chose.
Toutefois, ce n’est point l’homme qui apparut sur terre, mais le phénomène Vie.
D’autres espèces cohabitent avec nous, aspirent à vivre et affrontent également la grande épreuve de la souffrance et de la mort.
Les animaux sont des êtres sensibles, au système nerveux si proche du nôtre, éprouvant l’angoisse, quêtant le bien-être et fuyant la douleur.
Face à ces faits, ces constatations objectives, l’éthique appelle un élargissement du cercle des valeurs.
Comme l’on passa du théocentrisme à l’anthropocentrisme, nous devons accéder au biocentrisme.
Ce terme ne signifie rien de moins que la reconnaissance de la valeur du vivant.
Pendant longtemps, les hommes adorèrent, en les craignant, des dieux qui n’existent pas et ignorèrent les animaux qui existent et ne sont pas des choses.
La théocratie généra la guerre, entre les hommes, car les prophètes et leurs émules manièrent l’épée et le supplice pour imposer leurs divinités.
L’anthropocentrisme promut le commerce, la spéculation, l’exploitation des êtres et notre civilisation se trouve à l’apogée de ce système de valeurs.
Le biocentrisme ne déterminera pas une régression vers une ère antérieure, irrationnelle, mais, inversement, élèvera la condition humaine avec celle de tout ce qui vit sur terre.
La guerre sainte, fille du théocentrisme, peut rejoindre le musée des horreurs et le commerce, fils de l’anthropocentrisme, doit céder le pas à la sauvegarde de la nature.
Je le sais, voilà des considérations bien trop complexes pour nos politiciens creux, en mal de communication et pour les médias, propriétés des oligarques.
Ils préféreront rabâcher le dernier hoquet de tel ou tel personnage qu’ils veulent imposer à l’opinion, pour que leur système dure mille ans !
Nous vivons une époque hallucinée !
Nous pâtissons d’un fascisme de ruse, moins brutal et plus pernicieux que le fascisme de force, de naguère.
Bien sûr, la dictature du Marché et des tenants de « There is no alternative », ne durera pas mille ans, puisqu’elle n’est pas viable, à terme.
Mais cela durera bien assez pour permettre aux oligarques de se gaver, de  jouir de leurs déprédations, en connivence avec les « partis de gouvernement » !

 Gérard CHAROLLOIS

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