Les médiocres carriéristes polluant les partis politiques ont détérioré l’éthique écologiste en la dévoyant, en niant ses fondements.
Or, l’écologie n’est pas une peur de la science, un refus du vrai progrès, une contestation puérile d’une société.
L’écologie est une déclaration d’amour à la nature, au vivant, aux êtres sensibles, à la biodiversité.
Avoir peur de la science et du progrès reviendrait à avoir peur du feu, de l’électricité, du marteau, de la brouette, de l’aspirine.
Une connaissance, un savoir, une technique peuvent être excellents, s’ils font reculer la souffrance et la mort ou détestables s’ils servent la destruction, le profit, la servitude.
Avec le feu, on chauffe la maison ou on érige un bûcher.
Avec un outil, on construit une œuvre opportune ou on tue.
Avec la génétique, on guérira des maladies ou on permettra à des firmes cupides de disséminer des poisons.
La science qui éclaire peut être la meilleure des choses, si l’homme use de sa maîtrise pour célébrer le vivant ou la pire s’il cède à ses pulsions thanatophiles.
Dès lors, les contempteurs de l’écologie la confinent intentionnellement, pour anéantir sa dimension novatrice, dans un irrationnel enfantin et irresponsable, alors qu’elle est autre chose.
Le socle éthique tient à ceci :
L’humanité doit cesser de détruire la nature, de maltraiter l’animal, de vénérer des valeurs au-dessus de la valeur première de la vie.
En cela, je distingue une mauvaise « croissance quantitative », chère aux spéculateurs, aux exploiteurs et une croissance qualitative désirable parce que luttant contre la maladie et la mort.
Penser notre rapport aux vivants représente le grand défi philosophique et politique de notre temps.
Pendant longtemps, nos ancêtres n’éprouvaient de solidarité qu’à l’égard des membres de leurs clans, de leurs tribus, de leurs cités, puis de leurs nations.
Ils doutaient que les étrangers, éloignés par la géographie, les coutumes et la couleur, soient des humains à part entière.
Le racisme était naturel, spontané, évident.
Il fallut bien des controverses pour surmonter ce réflexe de défiance et de rejet d’autrui.
D’ailleurs, j’observe que, même à notre époque, les contemporains ne sont guère à l’aise avec le racisme.
Nombre de prétendus anti-racistes qui ne se définissent que par cette injonction perdurent à obéir aux anciens réflexes.
Ils agissent selon une vulgate que je récuse et que je résumerai par cette synthèse :
« Certes, vous êtes abrutis par vos religions, vos coutumes contraires aux droits humains, vos moeurs de négation de l’égalité de la femme et de l’émancipation individuelle, mais vous avez raison de l’être, car nous sommes tellement coupables que nous ne saurions promouvoir, auprès de vous, la liberté, la raison, l’égalité des droits. Abrutis vous êtes et devez demeurer, car assumer nos valeurs émancipatrices serait irrespectueux de votre aliénation par des dogmes ».
Voilà ce que couvrent le communautarisme, le multiculturalisme, chers à certains prétendus antiracistes qui, en fait, par souci de s’autoflageller, sont racistes, puisqu’ils condamnent à l’obscurantisme ceux qu’ils prétendent adorer.
Pour ma part, je pense, à l’opposé de ce raisonnement d’une certaine bien-pensance, que des valeurs, des droits, sont universels et que tout humain peut accéder à la raison, à la libération de ses appartenances tribales, de ses superstitions.
Il n’y a pas les Droits de l’Homme pour les Occidentaux et l’enfermement des femmes, la persécutions des homosexuels, l’excision des fillettes, les lapidations, amputations, décapitations, fouets pour les blasphémateurs, pour les autres. Je ne confonds pas, dans la même réprobation, les fautes et erreurs de démocraties que je fustige, par ailleurs pour leur caractère ploutocratique et les crimes insondables d’une horde de barbares qui enlèvent deux cents jeunes filles pour les violer et les réduire en esclavage.
Etre antiraciste, c’est affirmer que ce qui est bon, pour les uns, l’est pour tous.
C’est élargir le cercle de l’empathie à l’humanité entière.
Et si l’on élargissait encore ce cercle de bienveillance, de compassion aux autres êtres vivants ?
Voilà ce qui fonde l’écologie dans l’acception que je donne à cette pensée, bien loin d’un repli frileux sur un âge d’or qui n’a jamais existé.
L’antispécisme est une extension au vivant de ce qu’est l’antiracisme pour une espèce.
Je lui préfère, toutefois, en bonne rigueur d’analyse, le terme de biocentrisme.
En effet, au sein d’une espèce, telle l’espèce humaine, on peut penser que les intérêts fondamentaux ne divergent pas avec des différences morphologiques.
En revanche, les besoins biologiques, physiologiques, éthologiques diffèrent selon les espèces.
Il ne peut donc pas y avoir identité de traitements entre toutes les espèces peuplant la terre.
Chaque espèce doit bénéficier de ce qu’exige la nature.
Le biocentrisme ne nie pas les acquis de l’humanisme et des droits de l’homme, mais représente une avancée dans la conscience de la valeur de la diversité du vivant.
Il pose en interdit d’anéantir une espèce et de maltraiter un être sensible qui, doté d’un système nerveux, éprouvant le principe du plaisir déplaisir, possède, de ce seul fait, un droit à jouir de la vie qui lui a été conférée.
Or, par la folie économiste, l’humanité provoque la disparition des espèces.
Dans le même temps, elle réifie les animaux massacrés en foules innombrables pour satisfaire le profit et les filières.
D’un point de vue éthique, ces massacres d’espèces et d’individus heurtent la conscience et signent l’échec d’une société fondée sur la cupidité et la pulsion de mort.
En politique, concrètement, le biocentrisme aboutit à abolir la chasse, mort loisir, à renoncer aux « grands projets inutiles », dévoreurs d’espaces.
Si nos écologistes politiques avaient pensé ces questions, relevé ces défis, condamné les agressions contre l’animal et la biodiversité, ils ne seraient pas, aujourd’hui, dans la honte et l’ornière.
Allons, SISYPHE, reprends ton rocher et, cette fois, suis le bon chemin celui qui mène vers les sommets !
Gérard CHAROLLOIS