Ce que dit le loup.

Canis lupus, merveille de la biodiversité


Communiqué de la Convention Vie et Nature du 19 Octobre 2014.


 Le lobby agro-cynégétique instrumentalise une presse complaisante pour désinformer l’opinion. Revenu d’Italie et peut-être d’Espagne depuis 1992, le loup gagne de nouveaux départements chaque année soulevant une opposition entre les éleveurs, d’une part, les protecteurs de la nature et les scientifiques, d’autre part. Surtout, pour une certaine presse, il ne convient pas de mentionner que 80% des Français souhaitent la présence du loup et de l’ours.

Puis, voici le couplet, sur le bucolique berger, amoureux de son troupeau, confronté aux graves difficultés sociales imputées aux grands prédateurs.

Ce couplet est doublement mensonger.

- Les prédations de moutons imputables à la faune sont dérisoires au regard des pertes générées par les accidents et les maladieS.

Ce qui coule la « filière » ovine n’est point le loup mais les importations massives de viande.

- Seconde imposture : le bucolique berger élève ses moutons pour leur égorgement et non à titre d’animaux de compagnie.

Le couteau du sacrificateur serait-il moins cruel que le carnivore sauvage ?

En France, chaque année cinq cents mille brebis sont dites de « réforme », mot pudique pour dire qu’elles sont condamnées à être tuées et incinérées depuis que la « farine » extraite de leurs cadavres n’est plus commercialisable.

Ce ne sont pas les critères économiques, ni l’affectivité de l’éleveur qui déterminent l’âpreté d’un débat passionnel, violent, irrationnel.

La question, ignorée par une presse faible, est purement culturelle.

Pendant des siècles, l’homme a affronté la nature, cherchant sans cesse à la dominer, l’exploiter, la rendre docile à ses seuls intérêts.

Les forêts profondes, les zones marécageuses, la faune sauvage, les espaces non jardinés inquiétaient et devaient être combattus, maîtrisés, valorisés.

L’homme était contre nature.

Le défi était d’arracher à la terre les récoltes et le bétail, contre tout ce qui refusait la domestication.

Le loup est par( excellence le symbole de cette nature insoumise, rebelle, force ténébreuse que l’homme devait extirper.


Nous ne sommes plus au Moyen-âge, bien que l’observation de certains mouvements idéologiques, dans divers domaines, ne manquent pas de nous inquiéter sur le degré d’évolution de certains contemporains.

L’obscurantisme conserve bien des adeptes.

Or, ce qui nous menace n’est plus la luxuriance de la nature, sa prolificité, mais sa mort.

Nous sommes confrontés à une vaste disparition des formes de vies sur terre, du fait de l’homme.

De destructeur, l’homme, responsable par sa maîtrise, doit désormais se muer en protecteur sous peine, à terme, de tout anéantir.

Le loup mange des moutons, comme l’ours et le lynx.

Oui, et les hirondelles souillent les façades. Les chauves-souris font du bruit dans les greniers. Les oiseaux consomment des fruits et des graines. Les insectes dérangent comme les grenouilles assourdissant l’étang au printemps.

Le renard prélève le faisan que le chasseur vient de relâcher pour alimenter son stand de tirs.

En un mot, il faudrait, pour les archaïques, aseptiser la nature, faire des montagnes des parcs à moutons.

50% du revenu des éleveurs proviennent de subventions publiques.

Pourquoi pas.

Mais si cet éleveur financé par la collectivité refuse les loups, les ours et les lynx que demander aux paysans Africains confrontés aux éléphants, aux rhinocéros et aux indiens vivant sur le territoire du tigre ?

Le choix est éthique, purement culturel entre une approche archaïque de la nature et de l’animal et une approche nouvelle qui intègre les changements radicaux d’environnement résultant de la surpopulation humaine et de la maîtrise technique.

Qu’il faudrait de vrais journalistes pour analyser le débat et non des copistes de la propagande du lobby agro-cynégétique.

Pour nous, l’homme doit partager la terre avec toutes les formes de vies, instaurer avec la faune un autre lien que celui de la destruction et acquérir la maîtrise de sa maîtrise.

Pour une certaine presse, c’est : « silence, on tue ».


Gérard CHAROLLOIS

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