Source CRAC EUROPE
Vendredi 25 février 2017, à Nîmes, les vétérinaires Françoise Legris et Sophie Malakian étaient invitées par l’association Afición vomitoire 105 à une soirée de débat, ouverte à tous, pour « livrer leur vision « personnelle et professionnelle » de la corrida et du toro ».
Le COVAC (Collectif des vétérinaires contre la corrida), qui regroupe aujourd’hui plus de 2 200 vétérinaires réclamant l’abolition de la corrida, avait répondu à la tribune du Dr Malakian du 9 septembre 2013, tribune citée dans le programme de cette soirée.
Une contre-tribune du COVAC avait été publiée quelques jours après par le Midi Libre. Elle contestait fermement le texte clairement non scientifique du Dr Malakian.
Comment peut-on être vétérinaire et défendre les actes de cruauté et sévices graves que subit un taureau « de corrida » dans l’arène ? Pour les vétérinaires du COVAC, la réponse est simple : c’est incompatible. La profession vétérinaire se mobilise d’ailleurs de plus en plus pour dénoncer la barbarie des arènes, en France mais également dans tous les pays organisateurs de corridas.
En mai 2016, le 10e sommet international, organisé par le CRAC Europe pour la protection de l’enfance, avait permis notamment au COVAC et à l’AVATMA (association espagnole homologue du COVAC) de se rencontrer pour la première fois à Paris, lors d’une conférence commune.
En France, la grande nouveauté est que le CNOV (Conseil national de l’ordre des vétérinaires) s’est positionné clairement contre la corrida fin 2016. Cet avis peut être consulté sur le site officiel du CNOV.
Les souffrances du taureau abattu dans l’arène sont incontestables, et par conséquent la corrida indéfendable par la profession.
Actes de cruauté ou assistance à un animal blessé, il faut choisir sa passion.
« Les spectacles taurins sanglants, entraînant, par des plaies profondes sciemment provoquées, des souffrances animales foncièrement évitables et conduisant à la mise à mort d’animaux tenus dans un espace clos et sans possibilité de fuite, dans le seul but d’un divertissement, ne sont aucunement compatibles avec le respect du bien-être animal » (extrait de la réponse de l’Ordre au COVAC du 10 août 2016).
Si le CNOV n’a pas le rôle de immiscer dans la vie privée des vétérinaires, dans cette même lettre, le CNOV précisait cependant à l’attention des vétérinaires taurins :
« […] pour la première fois dans l’histoire de la déontologie vétérinaire française, le vétérinaire se voit imposer cette démarche minimale de réponse aux souffrances d’un animal. À terme cette disposition ne peut pas rester sans conséquences sur le questionnement éthique de chaque vétérinaire et va placer les confrères impliqués dans la tauromachie devant un conflit intime tout à fait naturel qu’en tout cas ils ne pourront pas esquiver, en ce qui concerne l’impact de leur position personnelle de vétérinaire sur l’image professionnelle, dès lors que, à travers leurs éventuelles déclarations et actes publics, ils exciperont de leur titre de vétérinaire. L’Ordre n’interviendra jamais dans la vie privée des confrères, ce serait strictement hors de ses prérogatives, mais dès lors que les confrères interviennent publiquement en qualité de vétérinaires, le code de déontologie est là pour leur rappeler qu’ils doivent s’abstenir, même en dehors de l’exercice de la profession, de tout acte de nature à porter atteinte à la dignité de celle-ci. La loi elle-même ajoute l’honneur. »
Les Dr Legris et Malakian sont intervenues vendredi dans une conférence ouverte à tous, annoncée publiquement dans la presse et sur plusieurs sites internet taurins, pour faire la promotion de la corrida, ce qui est donc en contradiction avec le code de déontologie.
Tous les vétérinaires opposés à la corrida ne peuvent être que révoltés par ces confrères et consœurs qui font publiquement l’apologie de la corrida et ternissent l’image de la profession.
Dr Dorothée Aillerie
Déléguée du CRAC Europe pour la protection de l’enfance
Vétérinaire membre du COVAC