Source AFP 09-03-2015 - 09:42
voir la photo ©Photo:RSPB and BirdLife Cyprus/AFP/Archives/Ho
Plus de deux millions d'oiseaux migrateurs ont été tués l'automne dernier sur l'île de Chypre, a estimé lundi une association de défense de l'environnement dénonçant ce braconnage motivé par le commerce de volatiles cuisinés dans un mets local interdit.
Environ deux millions d'oiseaux ont été tués au moyen de filets et de fausses branches collantes, en septembre et octobre, la haute saison de braconnage sur l'île méditerranéenne qui est un lieu de passage majeur pour les migrateurs, selon Birdlife Cyprus.
L'année 2014 "a été la pire depuis que nous avons commencé à documenter le braconnage en 2002", explique la responsable de Birldlife Cyprus, Clairie Papazoglou.
Elle a appelé à appliquer avec plus de fermeté la loi prévoyant jusqu'à 17.000 euros d'amende et trois ans de prison pour contrer un phénomène "en pleine croissance".
Les poses de filets ont quasiment doublé par rapport à l'année précédente, affirme l'association, détaillant que quelque 16 km de filets et plus 6.000 branches collantes ont été répertoriés durant l'automne.
L'inventaire de ces "outils de braconnage montre que plus de deux millions d'oiseaux ont pu être tués à travers Chypre durant l'automne", conclut l'association dénonçant une activité devenue "hors de contrôle".
Plusieurs migrateurs --fauvettes à tête noire, grives ou encore rouge-gorges-- sont cuisinés dans un mets très recherché, mais interdit, l'ambelopoulia.
Servie discrètement dans certains restaurants, le plat coûte entre 40 et 80 euros, pour une douzaine d'oiseaux. Ce commerce illégal est estimé à 15 millions d'euros par an par les services de l'Etat chargés de la lutte contre le braconnage.
A son apogée dans les années 1990 avec près de 10 millions d'oiseaux tués annuellement, le braconnage a été au début des années 2000 dans le collimateur des autorités, qui souhaitaient rejoindre l'Union européenne. Mais depuis l'adhésion à l'UE en 2004, il est reparti de plus belle.
Birdlife Cyprus a appelé les autorités chypriotes, mais aussi britanniques, qui disposent de vastes bases militaires sur l'île, à agir contre les 3.000 à 4.000 braconniers que compterait l'île.
Tim Stowe, de la Société royale britannique pour la protection des oiseaux (RSPB), a lui appelé à une "tolérance zéro" sur les bases britanniques où le braconnage "s'est aggravé".
"Le ministère de la Défense (...) doit résoudre ce problème avant la prochaine migration cet automne", a-t-il exigé, alors que la population profite des larges étendues inhabitées pour braconner.
Au total, une soixantaine d'espèces en péril ou en voie de disparition se font prendre chaque année dans les pièges des braconniers chypriotes.