Le crime de lèse-chasse à courre condamné par le tribunal de Versailles

Violence des manifestants ???


par Armand FARRACHI


Le tribunal de Versailles vient de condamner trois militants, membres de l’association Droits des Animaux, qui manifestaient contre une chasse à courre en forêt de Rambouillet, à 500€ d’amende, pour « violence en réunion ».
En principe, dans un Etat de droit, une instruction se fait à charge et à décharge, en terrain neutre. Ici, c’est une magistrate au patronyme aristocratique qui convoque les prévenus, pour leur faire l’éloge de la chasse à courre, ce qu’elle a reconnu. Après quoi, elle les met en examen et les place sous contrôle judiciaire. L’instruction a lieu à Versailles, pas ailleurs. En matière de Justice équitable, on fait mieux. Mais nous sommes en France.
Soumis à une critique de plus en plus virulente, exposés par des reportages sans complaisance, les veneurs, qui n’aiment pas être dérangés pendant leurs menus plaisirs, réclamaient la création d’un « délit d’obstruction à la chasse », que le gouvernement Fillon, en bon valet du lobby, leur a servi sur un plateau d’argent en 2010, par décret, puisque les élus avaient rejeté cette demande. Malheureusement, l’infraction est impossible à constater. Les chasseurs et l’ONF (qui loue ses forêts aux chasseurs) ont d’ailleurs été déboutés. Mais ce crime ne pouvait rester impuni. Les juges de Versailles devaient trouver autre chose.
Les militants anti-chasse ont donc été condamnés pour « violence en réunion », bien qu’il n’y ait eu aucune violence au sens propre. Mais le tribunal versaillais considère que gêner les chasseurs par une présence hostile ou par des huées est une violence. Avis à ceux qui s’aviseraient de siffler au théâtre. Condamner les membres d’une association non-violente pour « violence en réunion », c’est un peu comme condamner un piéton membre d’une ligue anti-alcoolique pour conduite en état d’ivresse. Des coups de cravache et des insultes racistes proférées par la fine fleur de la nation, il ne sera jamais question, bien que ces « débordements » aient été filmés.

Cela signifie qu’au « pays des droits de l’homme », s’il n’existe plus de crime de blasphème ou de lèse-majesté, il existe un crime de lèse-chasse à courre. On a le droit d’être contre la chasse à courre, mais pas de le dire ni de le manifester. Versailles a rétabli le délit d’opinion. Les aristocrates  et les capitaines d’industrie ne sauraient être dérangés par des gueux pendant leurs loisirs. Où irait-on s’il fallait aussi sécuriser les golfs et les rallyes ? Il s’agit bel et bien d’une justice de classe. Nous sommes en France.
La chasse à courre est donc le seul loisir protégé par la police. Les veneurs représentent 0,001% de la population, les opposants à la chasse à courre 79%[1]. Cette pratique d’Ancien Régime, archaïque et cruelle, a été abolie dans la plupart des pays européens. Si le nombre des équipages augmente, c’est que les étrangers empêchés de chasser chez eux se réfugient chez nous. Les propositions de loi (trois en quelques années) visant à interdire la chasse à courre ne sont pas débattues à l’Assemblée nationale. Les ministres dits de l’écologie ne répondent pas aux questions écrites. Pourquoi ? Parce que le pays est dirigé par les lobbies. Parce que les chasseurs sont assis à la table du pouvoir. Parce que nous sommes en France.

AF.


Commentaires  
# LAHOUSSE Vivien 09-05-2014 09:45
Petit argumentaire qui pourrait en faire réfléchir plus d'un parmi vous ...

http://www.chassepassion.net/component/content/article/1-actualite-chasse/1132-quand-president-de-la-federation-des-chasseurs-de-la-drome-remet-laspas-a-sa-place-les-actualites
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# Modérateur CVN 14-05-2014 07:28
Nous ne voyons guère de rapport entre l'article d'Armand Farrachi et votre commentaire... Cela dit, comme vous en avez l'habitude, et c'est votre droit, vous défendez le monde de la chasse que vous parez de toutes les vertus. Notre conviction, arguments scientifiques à l'appui, est que la chasse est destructrice de la biodiversité et que nombre d'espèces ont disparu sous sa pression. Si certains espaces ont été mis en réserve par le monde cynégétique c'est pour mieux préserver son stand de tir : vous observerez que dans son article M.Hurtevent ne manque pas de préciser que toutes ces réserves restent cependant soumises à des mesures administratives de régulation. Cette fameuse "régulation" : alibi permanent du monde de la chasse qui permet à la moindre occasion de sortir les fusils et les pièges ! L'intention de l'Aspas est toute autre : il s'agit de préserver faune et flore, de laisser la nature reprendre ses droits, de démontrer que sans les balles et le plomb les milieux naturels ne peuvent que prospérer.
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# LAHOUSSE Vivien 14-05-2014 17:13
Je pense que vous ne voulez pas croire que les chasseurs veulent du bien a la nature, et autant que vous !

Il ne serait que bénéfique de travailler main dans la main pour les diverses communautés !

Mais certaines communautés justement sont fermées a tout contact avec d'autres !

Il serait intéressant de comparer l'état de la faune et de la flore dans un espace géré par les chasseurs, et dans un autre géré par des "écolos".

Il ne me semble pas que la gestion du parc dont parle M. Hurtevent est critiquable, la faune se porte bien, la flore de même ...

De ce constat, je pense que laissé un parc géré par des chasseurs n'est pas préjudiciable a la nature !
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