Parmi les multiples enfers que les humains infligent aux animaux, la vivisection reste un sujet particulièrement tabou. Dans ces lieux où elle est exercée règne la folie des expérimentateurs. Les animaux , quant à eux doivent affronter la souffrance et la terreur.
Alors que le film de Jérôme Lescure "ALF" ( actuellement sur les écrans) aborde ce sujet, il nous paraît opportun de reproduire l'interview que notre amie Michèle Scharapan avait accordé à "Actu Animaux" voici quelques mois.
Michèle Scharapan, qui soutient notre association depuis de nombreuses années, est très investie dans la dénonciation de la vivisection. Elle participe à ce titre à des actions en relation avec des organisations étrangères. (Notamment au sein du collectif International Compaigns).
Pourquoi dire “vivisection” et non pas “expérimentation” ?
Le mot expérimentation est un mot qui ne rend pas compte de la réalité des choses. Ce terme est trop abstrait. Bien sûr tous les animaux ne sont pas découpés vivants (signification du mot vivisection) mais tous sont soumis aux pires souffrances physiques et/ou psychologiques et sont tous tués plus ou moins cruellement avant d’être autopsiés. Le terme vivisection est devenu le symbole international pour parler de toutes les expériences cruelles faites sur les animaux.
Dans quels domaines s’applique la vivisection ?
La vivisection s’applique dans les domaines suivants :
• Dans la chimie : tests de produits cosmétiques et d’entretien, des substances aussi diverses que nocives sont testées sur les animaux.
• Dans la pharmacie : sur les médicaments …
• En médecine (en physiologie, pathologie, parasitologie, chirurgie, traumatologie, maladies transmissibles à l’homme, médecine vétérinaire)
• En génétique
• Dans la défense (tests d’armes classiques mais aussi nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques) Xénogreffes (transplantations inter espèces)
• Dans l’enseignement des “sciences de la vie”
Les animaux sont alors considérés comme du “matériel de laboratoire” ce qui permet d’oublier leur nature d’êtres sensibles.
Combien d’animaux sont utilisés chaque année pour la recherche ?
On estime que le nombre d’animaux utilisés dans le monde d’une manière ou d’une autre par l’industrie de la vivisection se situe entre 800 millions et 1 milliard par an !
Les chiffres officiels peuvent être facilement multipliés par deux.
On peut dire que chaque seconde, 25 animaux au minimum sont victimes de la vivisection dans le monde, 24 heures sur 24, que ce soit dans les laboratoires publics ou privés.
Quels sont les animaux utilisés ?
Les animaux utilisés pour la vivisection sont les souris, les rats, les grenouilles, les cochons d’Inde, les hamsters, les lapins, les poules, les poussins, les vaches, les veaux, les tortues, les oiseaux, les chèvres, les moutons, les chevaux, les poissons, les dauphins, les chats, les chiens, les singes, les reptiles, les insectes…
Les plus nombreux sont sans doute les souris et les rats, car ces petits animaux sont faciles à manipuler et peu coûteux à maintenir en captivité car qu’ils occupent peu d’espace. De plus, ils peuvent produire entre 50 et 100 petits par an.
On utilise le plus souvent les lapins albinos pour les tests oculaires et cutanés (cf. Test de Draize).
On utilise souvent les cochons d’Inde pour les tests cutanés et les tests en batterie de substances telles que les vaccins.
Les chiens (essentiellement les beagles, dociles et de petite taille, donc, facile à manipuler) et les singes sont souvent utilisés dans les tests de toxicité, dans la recherche sur le cerveau et les dents, et dans les expérimentations en chirurgie. Et depuis peu je crois, les lémuriens sont utilisés essentiellement pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer…
L’approbation de la nouvelle Directive, si l’on en croit la presse, serait une avancée notoire, qu’en pensez-vous ?
Au moment de l’approbation de la Directive 2010/63/UE qui remplace la directive 86/609/CEE de 1986, il a été question en effet dans toute la presse ou presque, d’évolution, de désir éthique pour diminuer l’expérimentation et la souffrance animale, autant de mots destinés à endormir l’opinion. Les vrais défenseurs des animaux ne s’y sont pas trompés : il suffit de lire cette Directive, pour comprendre pourquoi nous, les militants, l’avons baptisé “Directive de la honte”. Elle n’est qu’une immense et scandaleuse reculade.
Le monde scientifique se cache derrière des mots paravents, tels que “éthique” “bonnes pratiques de laboratoire” “bien être animal”. Mots vides de sens qui permettent de torturer, de tourmenter les animaux en toute légitimité. L’article 11 de cette directive est particulièrement inquiétant car, par le truchement d’une possible dérogation en cas de “nécessité” il permet d’utiliser des animaux d’espèces domestiques errants ou devenus sauvages alors que c’était jusque là interdit.
Il faut savoir que la Directive 2010/69/UE a été approuvée en dix minutes en raison notamment de la pression des industries chimique et pharmaceutique en particulier et de la communauté scientifique en général. Ces derniers menaçaient, notamment, de sous-traiter les expériences et tests sur les animaux dans des contrées où il n’y a que peu ou prou de réglementation. On notera, dans cette directive, un article qui dit clairement que le but serait de pouvoir un jour se passer des animaux pour la recherche. Si ce souhait est exprimé, n’est-ce pas là la preuve de l’illégitimité de cette pratique ?
Dire de la vivisection qu’elle est un mal nécessaire c’est se donner bonne conscience. En quoi le “mal” peut-il être une nécessité ??
Les essais pratiqués sur les animaux pour les médicaments sont un échec : tout le monde le sait. Entre un rat de lignée 1 et de lignée 2 la réponse sera différente, alors entre un humain et une souris… et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Qu’est ce que la recherche fondamentale ?
Le pire, si tant est qu’on puisse le mesurer, c’est la recherche fondamentale et l’armée.
Celle qui a pour objet essentiel la découverte de théories et de principes pouvant conduire éventuellement à une application pratique. C’est un champ d’investigation illimité, on cherche pour chercher, sans aucune obligation de résultat.
Les chercheurs cherchent et si quelque chose sort tant mieux, sinon, ce n’est pas grave, ils essayeront autre chose avec un autre animal. Les animaux ne sont-ils pas là pour ça ?
Qu’en est-il de la décision sur l’arrêt des tests pour les cosmétiques ?
Depuis 2009, les produits finis ne peuvent plus être testés sur les animaux au sein de l’UE mais en réalité, et après un rapport de chercheurs, l’UE est prête à reporter cette date en accordant un délai supplémentaire pouvant atteindre 10 ans ! (sous le prétexte fallacieux que les méthodes substitutives ne sont pas encore prêtes !) ce qui repousserait donc en fait à 2019 l’interdiction de commercialiser les produits cosmétiques testés sur les animaux.
Si la commission accorde ce délai, ce seront de très nombreux animaux qui continueraient d’être tourmentés pour 3 tests cosmétiques spécifiques pour vérifier l’innocuité des crèmes, mascaras, etc. Et pourtant de nombreuses marques ne testent pas, n’ont jamais testés sur les animaux et fabriquent des produits non seulement éthiques, mais sans danger pour la santé.
Qu’est ce que le projet REACH ?
Ce projet qui vise à tester et retester des dizaines de milliers de substances chimiques utilisées par les industries a commencé à être appliqué depuis un an et s’étalera sur une période de dix ans. Pour le moment, l’ampleur de ce projet est inconnue. S’il se déroule comme prévu et sans priorité accordée aux méthodes de substitution sans animaux, ce serait 54 millions d’animaux qui seraient torturés en plus du “quota” européen annuel !
Il est envisagé de re-tester 10.000 substances, toujours sur des animaux, c’est-à-dire via des méthodes toujours aussi peu fiables et surtout d’une immense cruauté. Des milliers de substances chimiques industrielles sont déjà présentes dans nos organismes et dans l’environnement. Si les scientifiques sont si préoccupés de notre santé, c’est en amont qu’il faut chercher et non pas en faisant souffrir et mourir des animaux.
Pour en savoir plus :
Site internet officiel de Michèle SCHARAPAN.