Le ministère de l’écologie consulte les citoyens sur la qualification en « nuisible » de certaines espèces de faune et sur les modalités de destructions de ces espèces.
Or, une connaissance élémentaire de la science écologique invalide la notion d’espèce « nuisible ».
Dans la biosphère, les espèces participent toutes à des équilibres, à une chaîne alimentaire, à des processus de sélections naturelles.
C’est l’ignorance qui imposa, dans les siècles passés, une classification des espèces entre utiles, neutres et nuisibles, en ne prenant en considération que des intérêts ponctuels, sans réflexion sur les jeux d’équilibres dans la nature.
Ainsi, la quasi-disparition des prédateurs, persécutés, piégés, empoisonnés, généra des surpopulations de leurs proies, amenant l’homme à intervenir, par réaction en chaîne, qui loin de régler les problèmes les accentua.
Exemple :
Un renard consomme près de six mille rongeurs en une année.
La raréfaction des renards entraîna des pullulations de rongeurs que les agriculteurs limitèrent par l’emploi massif d’anticoagulants. Les campagnols empoisonnés mourant dans les champs empoisonnèrent en retour leurs derniers prédateurs, notamment les rapaces nocturnes et diurnes, accentuant, l’année suivante, les proliférations des rongeurs débarrassés de leurs prédateurs naturels.
Pendant longtemps, le lobby chasse fit classer nuisibles tous les rapaces, qualifiés par eux de « becs crochus », sous des prétextes parfaitement obscurantistes (les buses préemptaient des poules, ce qui est faux).
En méconnaissance des données scientifiques, le gouvernement Français perdure à classer « nuisibles » des espèces telles que renards, fouines, martres, régulatrices de la petite faune et des corvidés, victimes d’un délit de « sale gueule », nullement mérité.
En fait, derrière cette réglementation d’un autre âge, il n’y a que les fantasmes des chasseurs qui, d’une part, souhaitent pouvoir se défouler en dehors du temps d’ouverture de la chasse en piégeant et tirant renards, fouines, pies et corneilles et qui, d’autre part, voient dans ces espèces des concurrents dans la prédation.
La vérité est que les petits carnivores sauvages et les corvidés sont, à la différence des malheureux faisans d’élevage et autres perdrix et canards colverts de volières relâchés pour alimenter le stand de tirs des chasseurs, d’authentiques éléments de notre faune.
En conséquence, la chasse artificialise la faune, introduit des cibles vivantes et détruit les animaux adaptés au milieu naturel.
La chasse fit disparaître les grands prédateurs, ours, lynx et loups, dont la présence nous permettrait d’équilibrer toutes les autres espèces.
Elle a failli anéantir les faucons, buses, aigles et rapaces nocturnes,persécutés et classés nuisibles jusque dans les années 1960.
Elle persécute aujourd’hui les petits et moyens carnivores, en mentant sur les incidences de ces espèces.
L’objectif du lobby chasse est de couvrir l’activité de piégeage, forme ludique de tuer sous l’alibi de la régulation.
La chasse, mort loisir, doit être déclarée nuisible.
Gérard CHAROLLOIS