David Joly, vice-président de la CVN, rend à son tour, un vibrant hommage à Cavanna...
D’après son proche entourage, il avait horreur des « Monsieur » et de son prénom. « Cavanna » tout court est ce qui lui convenait le mieux.
Qu’il me permette aujourd’hui de le contrarier un petit peu en saluant ce grand Monsieur qui, par son verbe, par sa gouaille, par son franc-parler, a permis d’amener bien des sujets sur la place publique où ils étaient strictement interdits de séjour.
Et parmi ces sujets, celui bien sûr de la condition animale.
Si notre combat actuel pour la reconnaissance de cette dernière nous semble souvent dur à mener, parce qu’en face les lobbies friqués sont nombreux et la classe politique pitoyablement acquise (achetée ?) à leur cause, nous bénéficions tout de même d’une évolution significative de la capacité d’empathie envers le non-humain du citoyen lambda.
Ce qui était loin d’être le cas voilà vingt ans lorsque Cavanna évoquait dans les pages de Charlie ou dans son ouvrage Coups de sang, l’horreur des abattoirs, de la chasse, des corridas, de la production de foie gras et tout autre rituel reposant sur la torture animale : il était alors perçu comme un original, un fou, un extra-terrestre.
En cela il fait partie des rangs de ces semeurs d’idées qui ont permis l’évolution des mentalités (toujours trop lente) qui débouchera un jour sur la pleine reconnaissance de l’animal comme être sensible.
« Cette perspective est bien longue à venir » me direz-vous.
Soit. Mais il faut bien avouer que les hommes politiques dont on nous a affublés ne sont pas vraiment ce qui se fait de mieux pour élever le débat.
Entre la mère Duflot qui nous envoie d’un geste balader lorsqu’on lui demande de s’engager contre la mort-loisir cynégétique et le père Bové qui depuis des mois fait une fixation sur le loup qu’il veut éradiquer, que trouve-t-on ? Une gigantesque bande de faux-culs, en tête desquels François Hollande et Jean-Marc Ayrault qui, dès mercredi soir saluaient « un homme de conviction qui n’a jamais cessé de se battre pour de justes causes » et qui, quarante-huit heures plus tard, s’essuyaient les pieds sur l’une de ces justes causes comme sur un vulgaire paillasson, en sortant de leur chapeau un arrêté prolongeant la chasse aux oies de dix jours.
Cher Cavanna, comme tu le disais si bien dans la préface de l’un de mes ouvrages que tu m’as généreusement offerte : « le con est grégaire, il aime être parmi beaucoup d’autres cons. »
Y’a pas de raison que le monde politique échappe à cette sentence.
Salut l’artiste, sois certain que nous allons continuer à nous occuper comme il se doit de toutes ces graines que tu as semées et qu’elles deviendront de merveilleux arbres dont les fruits gorgés d’amour, d’empathie et d’intelligence seront consommés sans modération.
Ciao grande Signore !
DJ.