La Convention Vie et Nature apporte tout son soutien à Pierre Rigaux, naturaliste, et condamne l’agression verbale et physique dont il a été victime dans la soirée du 9 avril à proximité de son domicile qu’il rejoignait. (Lire son témoignage à la suite de l'article de David Joly).
Les auteurs de cette agression ?
Deux chasseurs, au motif qu’ils voulaient faire respecter les préconisations de confinement actuellement en vigueur !
Avant d’aller plus loin, relevons déjà la capacité de raisonnement de ces deux délinquants : vouloir faire respecter des règles sur lesquelles ils s’assoient sans vergogne, puisque se déplaçant ensemble au sein du même véhicule, et ce dans un cadre purement personnel et récréatif.
Mais surtout, d’où vient leur légitimité à remplir une mission d’ordre public en lieu et place des services de police et de gendarmerie ?
De nulle part, et quand bien même elle existerait, elle n’autoriserait à aucun moment le recours à la violence gratuite.
L’argument est bien entendu totalement fallacieux. Car ce qui est reproché à Pierre Rigaux, c’est tout simplement d’exercer son métier. Ce travail de terrain réalisé de manière sérieuse et étayée qui met en lumière l’imposture et la nocivité des activités cynégétiques.
Alors, comment en est-on une nouvelle fois arrivé là, l’un des deux agresseurs ayant déjà menacé de mort Pierre Rigaux en 2018 ?
Les premiers à blâmer sont bien sûr les deux écervelés à l’origine de cette agression.
Mais si de sinistres individus s’autorisent un tel comportement, c’est parce qu’ils ont l’intime conviction qu’on leur a donné quitus pour le faire et qu’aucune conséquence fâcheuse ne peut en découler.
Comment pourrait-il en être autrement lorsque vous avez à la tête de votre fédération nationale un irresponsable ne cessant de vociférer et de répondre de manière vulgaire et injurieuse à ses contradicteurs au sein des différentes émissions de radio et de télévision auxquelles il participe ? (Lien 1)
Comment pourrait-il en être autrement lorsque des responsables de gendarmerie, eux-mêmes amateurs de chasse à courre, confient ponctuellement des pseudo-missions à caractère philanthropique au monde cynégétique pour tenter de redorer le blason bien terne d’une activité consistant à tuer pour le plaisir ? (Lien 2)
Comment pourrait-il en être autrement lorsque la classe politique dans son ensemble ne connaît que la génuflexion et la soumission envers cette caste, même lorsque l’un des leurs doit être évacué en hélicoptère sous peine d’être lynché ? (Lien 3)
Comment pourrait-il en être autrement lorsqu'un homicide involontaire ou une tentative de meurtre bénéficie de la plus grande clémence de la justice à partir du moment où cela est réalisé dans un cadre cynégétique ? (Lien 4)
10 mois de prison avec sursis pour une tentative de noyade ou d’étranglement d’un citoyen opposé pacifiquement à la chasse, voilà un bien bel encouragement à la récidive ! Sans parler du fameux « Je ne comprends pas Monsieur le juge, j’ai pourtant respecté les consignes de sécurité », garant d’une honteuse mansuétude lors de ces procès relatifs aux dizaines d’homicides de promeneurs, randonneurs et autres sportifs dont la vie a été fauchée par une balle, qui ne leur était peut-être pas destinée, mais qui a bien été tirée pour donner la mort.
A l’image de certains quartiers de banlieue qui font régulièrement la une des médias, il est plus que temps de s’atteler à faire disparaître cette vaste zone de non-droit qu’est la campagne française en mettant fin, comme le dit si justement Pierre Rigaux, aux exactions de cette petite mafia rurale.
David Joly - Vice-président CVN
Le témoignage de Pierre Rigaux
Je viens d'être agressé par deux chasseurs.
Je rentrais de "sortie brève" (avec mon attestation), ce soir vers 21h, à pieds sur le bord de la petite la route à quelques centaines de mètres de chez moi, en pleine campagne. Lieux déserts à la tombée de la nuit. Une voiture s'arrête à ma hauteur, avec à bord 2 hommes, chasseurs, qui me connaissent de vue, dont un qui m'avait menacé de mort en 2018 à mon domicile au motif que je "parlais de la chasse sur les réseaux sociaux", entre autres menaces.
Les deux types commencent à me dire que je n'ai pas le droit d'être là sur la route en période de confinement. S'en suit un dialogue surréaliste où ces personnes veulent contrôler mon attestion. J'ai pu enregistrer la 2ème moitié de l'agression, d'abord verbale puis physique (son) ⬇
Le passager (l'auteur des menaces de mort de 2018) sort de la voiture et menace de me frapper. Je recule sur une vingtaine de mètres à mesure qu'il s'approche (geste barrière !) et qu'il menace toujours de me frapper. Je n'y voyais alors pas grand-chose, car j'avais les phares de la voiture dans les yeux, tandis que lui les avait dans le dos. Je reçois un coup de pied (et beaucoup de postillons).
Je parviens ensuite à calmer plus ou moins la situation, toujours en refusant d'aller au contact physique (jamais je ne frapperai qui que ce soit, sauf évidemment pour sauver ma peau ou celle de quelqu'un - stade proche ici, car l'agresseur était monté à un haut niveau de tension).
L'agresseur physique rentre finalement dans la voiture. Le conducteur, qui avait choisi d'arrêter la voiture à ma hauteur, n'a tenté à aucun moment de le retenir, et m'a dit ces derniers mots avant de démarrer la voiture : "ça va mal finir".
La seule et unique cause de cette agression est mon engagement sur le sujet de la chasse. Je vais porter plainte au plus vite. Il faut stopper cette petite mafia rurale.
PR.