Jean-Pierre Garrigues, guerrier de l'empathie


Un hommage de David Joly - Vice-Président de la Convention Vie et Nature - à Jean-Pierre Garrigues


À l’image de l’ensemble du monde militant engagé pour le Vivant, la Convention Vie et Nature pleure aujourd’hui la disparition d’une figure emblématique de la lutte contre la barbarie des arènes qui, au 21ème siècle, gangrène encore une partie du sud de la France.

Accompagné de Thierry Hély, c’est en 2002 que Jean-Pierre Garrigues rencontra Jaques Dary, co-fondateur du Comité Réformiste Anti-Corrida, pour lui proposer de reprendre le flambeau de la lutte contre cette mort-spectacle où des spectateurs entrent en transe devant un acte de torture perpétré durant vingt minutes sur un herbivore qui finit par mourir asphyxié, les poumons emplis de son propre sang.

Si le Comité Réformiste Anti-Corrida, devenu Comité Radicalement Anti-Corrida, puis CRAC Europe pour la protection de l’enfance, rencontra en quelques années une impressionnante adhésion de la société civile et un intérêt croissant des médias, c’est bien entendu grâce au travail acharné de l’ensemble de ses membres qui ont œuvré au quotidien pour faire connaître la réalité des actes sanguinaires qui se tiennent au sein des arènes.

C’est aussi, et disons-le avec la plus grande objectivité, en raison des qualités d’orateur et de catalyseur hors pair qu’étaient celles de Jean-Pierre Garrigues.

Qui était à Alès en 2013 se souviendra longtemps de cet homme perché sur un camion, motivant et dynamisant en continu les 4 000 personnes qui avaient répondu présent à la manifestation tenue au sein de la capitale des Cévennes. Mais également assurant les allers-retours en voiture le soir pour permettre à chacun de pouvoir gagner l’hôtel ou le camping où une nuit avait été réservée pour l’occasion.

 

 

Ne ménageant aucunement ses cordes vocales en leader qu’il était sur les nombreuses manifestations organisées (Alès, Rieumes, Vic-Fezensac, Bayonne, Paris, etc), il restait disponible pour toute sollicitation et extrêmement touché par tout geste de sympathie ou de gratitude.

Des manifestations où il savait toujours trouver les mots justes et percutants au bon moment. Les temps morts y étaient dès lors inexistants, chaque participant étant galvanisé et traversé par l’énergie émanant de cet homme.

 Une verve dont firent les frais de nombreux défenseurs et rentiers de la corrida. Pour ne citer qu’eux :

 - Simon Casas, directeur des arènes de Nîmes, qui perdit ses nerfs sur les plateaux de France 5 ;

 

 - Alain Marleix, député aficionado rapportant des faits mensongers et finissant sa confrontation radiophonique avec le Président du CRAC Europe par des délires et des énormités inégalables ;

http://www.annagaloreleblog.com/2014/02/24/marleix-le-depite-mythomane/

 - Max Roustan, maire d’Alès, qui insulta et menaça Jean-Pierre Garrigues dont le seul tort était de participer à une manifestation déclarée et autorisée par la sous-préfecture ;

http://www.anticorrida.com/actu/le-maire-dales-insulte-et-menace-en-public-le-president-du-crac/

 - le journaliste aficionado Jacques Durand, ridiculisé en direct au cours d’une émission à laquelle Simon Casas et André Viard (président de l’office national des cultures taurines) avaient refusé de participer après avoir appris que leur opposant pour le débat allait être Jean-Pierre Garrigues.

http://www.anticorrida.com/actu/jean-pierre-garrigues-confronte-a-un-journaliste-taurin-sur-france-info/

 Certain de la légitimité de son engagement, Jean-Pierre, au contraire, ne craignait pas la confrontation et le débat contradictoire, peu importe qu’il se retrouvât seul face à plusieurs défenseurs de la mort-spectacle, comme ce fut le cas sur la chaîne 23, au sein de l’émission Hondelatte Dimanche, où il avait contre lui le présentateur de l’émission et la quasi-intégralité des autres invités et chroniqueurs. Une fois encore il tira son épingle du jeu.

 

 L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est tenu de désobéir aux lois injustes.

Cette déclaration de Martin Luther King illustre parfaitement le combat que menait Jean-Pierre contre la corrida : s’y opposer, même si une loi inique la dépénalise et l’autorise dans une infime partie du pays. S’y opposer de façon déterminée, toujours de manière pacifique, en le revendiquant haut et fort, y compris au sein des tribunaux où il lui est arrivé plusieurs fois d’être convoqué. Parce que la seule justice qui vaille, c’est celle pour un monde apaisé où tout être sensible verrait ses droits à ne pas souffrir et à vivre pleinement respectés.

Des tribunaux, mais aussi la force publique, instrumentalisés plus d’une fois par le monde politique à la botte de la mafia tauromachique, à l’image du sinistre Valls qui n’hésita pas à déclencher en 2014 un plan Vigipirate de niveau 3 (c’est-à-dire destiné à lutter contre une menace terroriste) sur la ville d’Alès afin de torpiller la nouvelle manifestation de masse qui s’y tenait. Ou encore à envoyer la même année à Maubourguet, petite commune des Hautes-Pyrénées où se tint une action citoyenne pour empêcher un énième massacre de bovins, une véritable milice d’État composée de CRS dont le commandant clama haut et fort être venu pour « casser de l’anti-corrida ». Tout militant présent ce jour-là put aisément constater que leur mission était surtout d’identifier, de brutaliser et de casser psychologiquement le Président du CRAC Europe. Le résultat obtenu fut l’opposé exact de celui escompté : la combativité de Jean-Pierre n’en fut que décuplée.

 Aujourd’hui, nombre d’entre nous se sentent orphelins. Habités par la sensation d’avoir perdu un ami, un guide, un proche, un frère d’armes. Mais tout autant convaincus que le combat

contre la barbarie des arènes va se poursuivre et qu’il va être remporté. Pour les taureaux. Et désormais aussi pour lui.

Merci de nous avoir montré la voie. Tu nous as menés pendant une très grande partie du chemin de la victoire. Il est désormais de notre devoir de le parcourir jusqu’au bout.

Merci Jean-Pierre.

DJ.

Intervention de Jean-Pierre Garrigues lors d'un rassemblement contre la Corrida à Paris le 20 Octobre 2012

 

 

 

 

 

 

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