La corruption : « ça commence à bien faire » !

Si la politique est l’art de plaire aux cons, pour citer le regretté François CAVANNA, il faut reconnaître que certains sont de brillants artistes.
L’Italie avait son inoxydable BERLUSCONI qui fascina les foules et ridiculisa la fonction politique durant près de vingt ans.
La France s’offre un leader de droite qui récite avec talent le même texte, dénonçant ses malheurs face aux juges rouges qui le harcèlent.
Par-delà les invectives théâtrales, le jeu d’acteur, les colères simulées, les coups de menton indignés, que retenir du spectacle produit par la classe politique Française et sa frange la plus proche des « milieux d’affaires » ?
Ceci de fondamental :
Il convient de distinguer, d'une part, les petites infractions personnelles de celui qui, pour s’enrichir ou acquérir du pouvoir, fraude l’impôt ou s’invente des diplômes et, d'autre part, l'institutionalisation de la corruption d'Etat.
Nous eûmes un président qui mangeait pour quatre mille Euros par jour.
Un président du conseil d’avant guerre voulait un statut de normalien et prétendait sortir, (car on entre un jour dans une grande école et on en sort toute sa vie), de la prestigieuse rue d’Ulm. Or, il n’en était rien et ses adversaires l’affublèrent d’un « a » privatif : l’a-normalien.
Ces petites malhonnêtetés, blâmables individuellement, ne présentent qu’un intérêt anecdotique.
Ne confondons pas ces agissements individuels et les systèmes mafieux organisés pour fausser la démocratie et acheter les élections.
Qu’importe les petites turpitudes d’un homme !
En revanche, le citoyen doit se préoccuper des réseaux, des mafias, des lobbies, des copinages qui mettent l’Etat en coupe réglée, détournant des milliards d’euros d’argent public pour financer des campagnes électorales à très grand spectacle pour bon public pas très évolué, pas très regardant mais si aisément séduit par le clinquant, les effets spéciaux, les mises en scène d’un duce du jour.
En Occident, l’argent qui corrompt tout, joue le rôle déterminant dans la conquête du pouvoir d’Etat.
Les USA, caricature du procédé, illustrent cette altération démocratique, puisque le résultat d’une élection présidentielle est directement corrélé au nombre de milliards  engloutis dans la campagne.
Les « conseillers en communications » et autres officines spécialisées savent conditionner la masse grégaire, si aisément manipulable.
Il suffit de donner au public de quoi susciter les enthousiasmes d’une piétaille de militants servant les intérêts d’une caste d’oligarques.
Ils sont pitoyables ces chômeurs, salariés, petits employés, boutiquiers paupérisés qui constituent les troupes de chocs électorales du parti des propriétaires des firmes parasitant l’Etat via l’armement, les travaux publics, les autoroutes, les grandes infrastructures.
Ces petites gens sont en quête d’un « grand leader », d’un homme providentiel qui les rassure par ses gesticulations musclées.
Le vrai scandale tient au système lui-même, à savoir, l’existence d’un premier cercle de milliardaires commandant à une masse de petites gens égarés par la propagande.
Alors, lorsque le bruit des casseroles que traînent derrière eux les leaders du parti de l’argent fait un peu trop de bruit, l’acteur monte le son et incrimine les juges, la gauche (fut-elle molle), la presse, (du moins celle qui n’appartient pas aux rois du béton et de l’armement), lançant force fumigènes.
Ce qui est condamnable ne tient pas à une malhonnêteté personnelle, mais au fait que ces hommes de pouvoir participent d’un système organisé visant, via l’argent, à pervertir la démocratie, à fausser les scrutins, à subjuguer les badauds pour préserver un modèle économique pervers destructeur de nature et pourvoyeur de maltraitance du vivant.
Sans corruption, sans montages financiers délictueux, les tenants du « libéralisme économique » ne pourraient pas contrôler les cerveaux.
Le système appelle la corruption.
A défaut, sans cet écrasement par l’argent, des idées et des forces nouvelles émergeraient et les intérêts des oligarques se trouveraient  menacés.
C’est qu’il faut investir beaucoup d’argent  pour construire l’image d’un leader conservateur et lui offrir un pouvoir dont il saura faire un bon usage pour ses financeurs, les gratifiant de concessions généreuses, de marchés publics juteux, de petits arrangements entre amis.
Voilà comment le culte du profit, de l’entreprise privée, du Marché, du commerce, de la croissance pense régner mille ans sur la terre.
Et s’il advient que l’acteur en représentation n’échappe pas aux juges, s’il tombe ou dégrade son image, d’autres  personnages identiques se préparent dans les coulisses pour prendre sa place et jouer la même pièce.
Le spectacle continue et la vie se meurt sur la terre pour que les oligarques savourent le profit, l’entreprise privée, la croissance, le Marché.

Gérard CHAROLLOIS


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