Chasse, corrida, gavage et autres traditions ne sont nullement des « arts de vivre » mais des arts de tuer et des révélateurs d’arriération.
Disant « arriération », je qualifie sans excès ni outrance un comportement consistant à nier la valeur du vivant, à refuser à l’animal son caractère d’être sensible.
Or, cette négation ne participe pas d’une conviction défendable, ne relève pas du grand débat des idées, n’entre pas dans le champ des controverses salutaires marques d’un pluralisme idéologique.
Nier que l’animal est un être sensible n’est pas plus une opinion recevable que discriminer selon la race, soutenir que la terre est plate et qu’existe un géocentrisme commandant la marche du soleil.
Un animal possède un système nerveux lui permettant d’accéder au stress, à la douleur, au déplaisir comme au plaisir.
Ce sont là des évidences scientifiquement établies, parfaitement objectives et seule l’ignorance crasse, la stupidité, donc l’arriération peuvent contester ces évidences et ne pas en tirer les conséquences éthiques, à savoir, respecter tous les êtres sensibles.
Nombre de nos contemporains bénéficient de suffisamment de science et de conscience pour s’extraire de l’arriération, de l’obscurantisme, de la barbarie dont les formes s’appellent : chasse, corrida, gavage et traditions.
Les militants de la cause animale se heurtent à la violence et aux dérives fascisantes des lobbies contre nature qui sévissent dans certaines régions de ce pays.
Ainsi, les protestations bruyantes tout autant que pacifiques contre la torture tauromachique rencontrent une répression de la part des pouvoirs publics confinant à la violation des lois fondamentales de la république.
Le 8 juin dernier, à VIC FEZENSAC (GERS), lors d’une de ces ferias nauséabondes où l’alcool, les vomissures coulent encore plus que le sang, une centaine de personnes venues pour crier leur empathie pour les taureaux, furent brutalisées par les gendarmes mobiles.
Quelques mois auparavant, dans les LANDES, d’autres militants, tout aussi pacifiques, furent poursuivis devant un tribunal correctionnel sous l’incrimination improbable d’organisation d’une manifestation sans déclaration préalable.
Dans le même département, sur la commune de TARNOS, une soixantaine de chasseurs manifestèrent, le samedi 7 juin, en bordure d’une route nationale, en éviscérant deux sangliers en public, histoire de protester contre le refus de la municipalité de leur offrir une « maison de la chasse » pour y accomplir leurs basses besognes.
Ne doutons pas que cette manifestation non déclarée ne suscitera aucune réaction judiciaire !
Partout, dans ces régions, la violence unilatérale et liberticide frappe les seuls défenseurs de la vie.
Les arriérés, tenants de l’art de tuer, exercent des pressions, des intimidations sur les élus et souvent sur les populations avec la complicité d’élus chez lesquels le courage, la lucidité, l’esprit de résistance ne font guère d’heures supplémentaires.
A TARNOS, aux côtés des chasseurs en colère et en attente d’une maison de la chasse sur fonds publics, se trouvait une élue du parti EUROPE ECOLOGIE LES VERTS.
La pusillanimité de ce parti à l’égard des arriérations permet ces trahisons des valeurs.
Suite au vote, en première lecture, par l’assemblée nationale, d’une proposition de loi inscrivant dans le code civil, le « caractère sensible de l’animal », les députés et sénateurs du parti des milliardaires perdurent à interroger les ministères, notamment celui de la justice, en redoutant les conséquences pour « la filière de l’élevage » et pour la chasse de cette mention « inspirée par les groupes animalistes essentiellement Anglo-saxons ».
Faut-il, face à la faillite morale des politiciens actuels, créer un parti animaliste ?
Je le penserais sous réserve d’un élargissement de la perspective.
Le politique comme la philosophie sont globaux et le biocentrisme ne se désintéresse pas de l’humain.
En fait, la civilisation « économique libérale » planétaire menace la vie sous toutes ses formes.
Il faut changer de comportements, de normes juridiques, de priorités politiques et économiques.
Défendre le vivant passe par l’abolition bien évidemment, de la chasse loisir et de toutes les formes de violences et de mépris contre les êtres sensibles, mais aussi par la lutte contre les firmes, la loi du commerce roi, le productivisme frénétique, la course au profit, le culte de l’entreprise privée (de scrupules).
Actuellement nous assistons à la mort de la biodiversité sur la terre du fait de la croissance cancéreuse d’homo économicus, de sa quête suicidaire de l’enrichissement sans frein.
Le libéralisme économique débouchera sur une extinction des espèces.
Il faut, non pas produire toujours davantage, mais répartir les richesses, partager le travail, promouvoir le rôle de l’Etat providence, cesser de polluer, de piller, d’exploiter tout et tous sans autre finalité que le lucre d’une caste de féodaux de l’argent.
Ces gens-là, qui polluent également les esprits via internet et leurs officines au service du « libéralisme économique », détruisent la terre par leur système prévaricateur et cette considération sociale ne peut pas être dissociée d’une approche nouvelle du fait animal.
Un parti politique porteur des valeurs du respect du vivant doit inclure toutes ces préoccupations.
Je dis : respect du vivant.
Il va de soi que toute vie se nourrit d’une mort.
Même les paisibles végétaux ne se développent qu'au détriment de l’humus du sol, fruit de la décomposition organique.
Le règne animale repose sur la prédation des plantes et des autres espèces.
Il ne s’agit pas de nier ces faits constitutifs du processus biologique.
Respecter le vivant signifie que la vie vaut et doit être aimée, contemplée, savourée : vie d’une forêt, d’une rivière, d’un arbre, d’un oiseau, d’un humain.
Cette vie vaut mieux que des mythes absurdes et criminogènes, sources de divisions claniques, et mieux que la spéculation financière du système anti-social.
Gérard CHAROLLOIS