L’humain éprouva de la solidarité, successivement, pour sa horde, sa tribu, puis sa cité, puis sa nation, puis sa race, puis pour l’humanité entière, reconnaissant en tout homme un semblable.
Nous appelons à élargir ce cercle d’élection de l’empathie à tout être vivant sensible.
L’anthropocentrisme invite à dresser une barrière ontologique entre l’espèce humaine et le reste de la biosphère dont elle n’est pourtant qu’un élément.
Notre vocation est d’abattre cette frontière en proclamant l’unité du vivant et en invitant à la compassion à l’égard de tout être éprouvant le principe du plaisir déplaisir.
Nous récusons l’anthropocentrisme.
Nous affirmons notre humanisme nouveau.
Notre tâche est immense car, contre nous, pèsent des siècles d’obscurantismes qui, du fait des religions, puis de la théorie de l’animal machine, empêchèrent la compréhension de cette unité du vivant.
En notre faveur, en revanche, militent les faits objectifs, éclairés par les données nouvelles de toutes les sciences qui confirment que notre espèce est une espèce parmi d’autres, avec ses particularités à l’instar de chacune des autres.
Il n’est pas aisé d’inviter à la remise en cause des habitudes, des traditions, des préjugés et de l’esprit grégaire des foules qui suivent servilement, sans même y réfléchir, les us et coutumes sans prendre la peine, ne serait-ce qu’un instant, de s’interroger sur les fondements et les effets de ces usages ancestraux.
Notre époque, avec le progrès des connaissances et les moyens de les diffuser ébranlent ces certitudes révélées et chacun sait, y compris ceux qui refusent d’en tirer les conséquences, que l’animal n’est pas une chose.
L’écologie biocentriste se distingue de l’écologie purement technophobique qui demeure anthropocentrique.
Ecologistes biocentristes et écologistes anthropocentristes peuvent occasionnellement se retrouver, par exemple, pour dire non aux OGM, mais nous le ferons parce que nous voulons de la biodiversité, des plantes sauvages, des insectes, des oiseaux et un monde qui ne soit pas voué qu’au productivisme, alors que les écologistes anthropocentristes ne le feront qu’au nom de la santé humaine, de la technophobie, et par hostilité, que nous partageons d’ailleurs avec eux, à l’égard des firmes spéculatives.
Nous, biocentristes, condamnons les gaz de schistes, car leur exploitation signifie la destruction d’espaces naturels, alors que les anthropocentristes n’y verront qu’une agression contre la qualité de la vie de l’homme.
Le biocentrisme ne s’oppose pas à l’humanisme. Bien, au contraire, puisque les acquis des droits de l’homme, la conquête de la liberté individuelle nous sont précieux et n’entrent pas en conflit avec une reconnaissance des droits de l’animal et de la nature.
Nous n’aspirons pas à une régression, à un passéisme nostalgique mais à un élargissement de ces conquêtes, pour prendre en considération toute souffrance.
Ce n’est point l’humain ou la nature, l’humain ou l’animal, mais la réconciliation de notre espèce avec la biosphère.
En Europe, ces idées nouvelles ne sont qu’en gestation et nous vivons encore le temps de l’obscurantisme.
A l’ordre du jour, il n’y a ni la nature, ni l’animal, ni l’homme mais l’argent, l’entreprise privée, la croissance, l’affairisme, la spéculation, l’austérité pour les peuples et les profits pour la finance, les traditions, la chasse, les pesticides et le béton.
Non seulement notre époque ignore le biocentrisme, mais, sous l’emprise malfaisante des partis conservateurs, elle renie jusqu’à l’humanisme pour lui substituer le culte de la concurrence, de la compétition, de l’effort, du sacrifice, de la rigueur, de la réforme, mots menteurs, paravents des exploiteurs.
Un humanisme biocentriste dira redistribution et partage, là où les conservateurs disent croissance, mettra la science et la technique au service du bien public et du vivant, là où les affairistes serviront le profit, fera de la monnaie un simple outil à disposition des services publics et non un instrument de ségrégation sociale, mentionnera tous les loisirs de mort au titre des perversions du DSM 5 R.
Mais lorsque l’humanisme biocentrique sera à l’ordre du jour, le P P E (parti populaire européen) n’existera plus pour le grand bien de l’arbre, l’animal et l’homme.
Nombre d’amis lecteurs m’interrogent :
« Pour qui allez-vous voter lors du renouvellement du parlement Européen ? »
Je ne me déroberai bien sûr pas à cette question en précisant que mon seul combat philosophique et politique est le biocentrisme.
Observons que la France est divisée en huit circonscriptions et que les situations sont dès lors différentes d’une grande région à l’autre.
Ici, dans le sud-Ouest, la seule liste affichée « écologiste » est conduite par José BOVE qui prit, à plusieurs reprises, position tapageusement contre la présence du loup.
Cela rend mon soutien impossible par honnêteté intellectuelle et cohérence.
Je voterai donc, après une longue analyse, pour NOUVELLEDONNE, formation qui allie le social et l’écologie et qui a bien peu de chance d’obtenir un élu puisqu’elle s’adresse à l’intelligence, à la raison, qu’elle refuse le simplisme grossier qui fait de la politique, selon le mot du regretté François CAVANNA : « L’art de plaire aux cons ».
Mais, quel que soit un vote, il est toujours bon lorsqu’il réduit le score des ennemis de la terre !
Gérard CHAROLLOIS