Si elles ne révélaient pas un mal profond aux conséquences nocives, certaines pitreries des pouvoirs en place ne seraient que burlesques.
Ainsi, depuis une vingtaine d’années, les préfets, représentants locaux d’un Etat dit de droit, agréent, au titre de la protection de la nature, des associations de chasseurs dénommées Fédérations départementales des chasseurs.
Que font ces associations, héritières d’une ordonnance PETAIN du 28 juin 1941, publiée au JO du 30 juillet de cette année-là, « sociétés départementales des chasseurs » devenues fédérations selon arrêté du 15 novembre 1945 ?
Militeraient-elles pour la sauvegarde de la faune, la préservation de l’ortolan dans les LANDES, de la grive en LOZERE, du tétras en montagne ?
Réclament-elles la création de parcs nationaux, de vastes réserves offrant à la faune des zones de sécurité, des extensions de NATURA DEUX MILLE ?
De fait, depuis des décennies, elles interviennent bien devant les juridictions administratives dans les litiges intéressant la protection de la nature mais ce fut constamment pour chasser le plus longtemps possible, tant en février qu’en été les oiseaux migrateurs et les oiseaux d’eau et pour que les renards, les fouines, les corvidés soient classés « nuisibles ».
Sans doute, ces centaines d’interventions visaient-elles à sauvegarder l’oiseau et le mammifère qui se portent d’autant mieux qu’on les plombe et qu’on les piège !
En France, le fusil devient un accessoire de protection de la nature.
Pourquoi ces structures ont-elles besoin de se faire passer pour nous, protecteurs du vivant ?
Pour rendre ainsi l’hommage du vice à la vertu ?
Telle n’est point leur intention.
En avril 1989, quelques présidents de fédérations de chasseurs lançèrent un parti politique : chasse, pêche et traditions. Quelques semaines plus tard, un « conseiller en communication » leur suggéra d’ajouter « Nature » à leur dénomination.
ça fait bien.
Donc, les dirigeants du lobby chasse demandèrent aux préfets de peindre leurs bottes en vert et de leur conférer le label : « Agréé au titre de la protection de la nature ».
Si le législateur avait créé un label « Protection de la chasse », je vous assure que nulle association de protection de la nature n’aurait revendiqué ce titre peu enviable.
Que croyez-vous qu’il advint ?
Les préfets ne refusèrent pas à la puissance cynégétique son innocente requête.
En lutte quasi-constante contre les associations de protection de la nature, les structures de la chasse furent agréées au titre de la protection de la nature.
Qui faut-il blâmer en cette affaire ?
Non pas les chasseurs qui mènent leur combat pour maintenir leurs effectifs menacés et enrayer la dégradation inéluctable de leur image dans l’opinion, mais les pouvoirs publics, administratifs et politiques, aux ordres de tous les lobbies.
Et celui de la chasse, remarquable en ce qu’il couvre un pur loisir, n’est pas le seul à compromettre le crédit de l’Etat.
L’omnipotente agrochimie impose ses élevages industriels concentrationnaires et ses poisons dont le tonnage augmente sans cesse.
Une poignée de milliardaires entreprenants et affairistes, (moins de 1% de la population) paralyse le politique et parvient, sous tous les gouvernements, à confisquer les espaces, les ressources, au détriment de l’intérêt général.
Le chasseur tuera-t-il le dernier oiseau ?
L’exploitant agricole empoisonnera-t-il le dernier ruisseau ?
L’entrepreneur promoteur bétonnera-t-il la dernière forêt ?
Car la faune se meurt et surtout s’ artificialise.
Les campagnes sont aseptisées.
L’équivalent d’un département français disparaît sous l’asphalte tous les dix ans, au nom de la croissance et au seul profit d’accapareurs.
Mais, tout ce petit monde protège la nature, l’environnement, la biodiversité !
Bien sûr, tout est faux et l’homme tue, pille, déménage partout le vivant aux noms des « traditions » ou de pseudo-progrès.
Les lobbies tiennent l’Etat.
Alors, il reste des bastilles à prendre et nous ne sommes pas sortis de l’Histoire comme le crurent un temps les valets du système en place.
Nos voix censurées finiront bien par éveiller les consciences, réanimer les courages, ébranler la torpeur d’une société complice de trop de cruautés et de trop de massacres.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.