Les idéologies traditionnelles érigèrent une frontière entre l’humain et les autres êtres vivants, ce qui permit aux hommes de déplacer cette frontière, d’exclure des communautés humaines de leur cercle d’empathie, de les traiter comme ils apprirent à traiter les autres animaux.
Celui qui sans frémir peut évoquer un abattoir pourrait contempler froidement des camps d’extermination, comme le firent tant d’hommes ordinaires dans l’histoire du siècle passé.
Ces idéologies traditionnelles incitèrent l’humain à devenir le tyran de la terre, croissant, multipliant, proliférant et soumettant tous les êtres et la nature à ses caprices.
La France pousse ce mépris du vivant à un très haut degré d’ignominie.
Ici, un lobby chasse, très minoritaire, structuré selon les principes corporatistes posés par le gouvernement de VICHY, fait la loi.
La corrida a été inscrite au « patrimoine culturel immatériel« du pays.
La réglementation perdure à classer des espèces de faune « nuisibles », concept moralement dégradant et scientifiquement stupide.
Des éleveurs de moutons, puissamment subventionnés, font une guerre arriérée aux loups, ours et lynx.
Ce pays pâtit de la plus longue période d’ouverture de la chasse, du plus grand nombre d’espèces chassables.
Si l’ancien gouvernement conservateur se rangeait tapageusement du côté des arriérés, le pouvoir « centriste » actuel ne semble guère préoccupé d’écologie.
Le ministre en charge de la mer vient de proclamer son soutien au chalutage industriel en eau profonde contre un projet de règlement de l’UE inspiré par les scientifiques alarmés par la raréfaction des poissons.
La question animale est un sujet interdit, en ce pays.
Ici, à suivre les médias, il va de soi que le « gibier » doit être régulé, les oies doivent être gavées pour « l’excellent foie gras », les élevages industriels participent d’une production banale de viande.
Indéniablement, ce pays souffre d’un retard dans la prise de conscience que la seule frontière ontologique sépare le vivant et l’inerte.
Ici, les prétendus écologistes politiques ont,pour beaucoup d’entre eux, usurpé et sali cette pensée nouvelle, en l’utilisant pour masquer une pseudo-contestation sans dimension éthique.
Le rapport au loup est discriminant et révélateur.
Parce qu’il symbolise par excellence la nature non domestiquée, le loup révèle d’où parle l’interlocuteur.
Soit, dans une approche anthropocentriste, l’homme refuse le maintien dans la nature d’éléments incontrôlés, non maîtrisés, soit, dans une approche biocentriste, il se réjouit de l’existence d’autres formes de vies, d’autant plus précieuses qu’elles lui échappent.
Un universitaire Français, historien dit-on de son état, s’acharne à découvrir, dans les chroniques du passé, des attaques d’humains par les loups, oubliant sans doute que sans interroger les chroniques médiévales, nombre de pays voisins, possèdent des milliers de loups sans que les petits enfants Italiens et Espagnols, pour ne citer que les plus proches, terrorisés par les féroces canidés, fuient les bois sous peine d’être dévorés !
Une saison de chasse française tue sans doute plus d’humains qu’un Millénaire passé avec les loups.
Les politiciens Français nous affligent de leur indigence par leurs délires contre les grands prédateurs.
Contre les plus coupables d’entre eux, contre ceux qui se parent abusivement de vertu écologiste tout en flattant l’instinct de mort, il faut que les défenseurs du vivant, les écologistes qui ne sont pas comme eux, s’unissent pour dénoncer l’imposture et ouvrent enfin la « chasse électorale » aux vrais nuisibles.
José BOVE s’est déconsidéré en invitant à tuer le loup, tenant des propos bêlants contre le noble sauvage, l’irréductible loup, préférant le productivisme, la domestication et les peurs obscurantistes.
Lors du renouvellement, en juin 2014 du parlement européen, souhaitons que se constitue une liste unitaire d’écologistes défenseurs de la biodiversité permettant aux citoyens d’opter loyalement pour l’écologie, celle qui aime le loup, ce rebelle, ce réfractaire, ce symbole du refus de la servitude volontaire.
Car, ce qui nous fait aimer le loup est justement ce qui le fit exécrer des soumis, des opprimés consentants.
Le loup, notre frère, ce libertaire fera son grand retour en même temps que l’homme, en cours d’hominisation, émergera de sa barbarie.
Quant à José BOVE, il n’est plus qu’un « leader agricole », proche cousin de la FNSEA dont il partage l’aversion pour la nature, voulant faire des parcs nationaux des parcs à moutons.
Entre le loup et le mouton, notre sympathie n’a pas à choisir mais nous réprouvons ceux qui fusillent les loups pour égorger les moutons.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.