Par arrêté du 16 mars 2012, le calamiteux gouvernement facilite les destructions de loups, revendication des obscurantistes captifs d’une vision moyenageuse de cet animal.
Par décret du 23 mars 2012, il modifie la réglementation relatives aux prétendus « nuisibles », dans un sens évidemment contraire à la protection de la faune et très favorable au parti des arriérés pour lequel l’essentiel est de tuer toujours davantage.
Des tirs d’effarouchements de vautours sont envisagés, prélude à des tirs de destructions, selon le même processus qui affecta les cormorans.
Demain les blaireaux pourront être classés « nuisibles » comme toutes les espècesexcepté celles spécifiquement protégées.
Bien que dépourvu de ministre, le ministère de l’écologie envisage, dans les jours prochains, d’autoriser l’emploi d’appeaux et appelants pour la chasse des corvidés, une extension du temps d’ouverture de la chasse des vanneaux et des pigeons migrateurs dans divers départements.
Depuis dix ans, ces gouvernants font la guerre à la nature au même titre qu’ils promeuvent la violence sociale au nom d’une idéologie perverse qui condamne la faune à la disparition, les salariés à la précarité, les services publics à l’anémie, les peuples à la stérile indignation qui n’est que la forme mélancolique du renoncement.
Mais, voici le printemps d’un possible, d’un probable, d’un souhaitable changement de pouvoir en ce pays.
Cependant que le candidat de la droite réaffirme, très logiquement, son attachement à la corrida, à la chasse à courre, à la conception de l’animal objet, fruit de son mépris pour toute compassion, plusieurs autres candidats s’émancipent de la féodalité cynégétique.
Ce qui est remarquable, enthousiasmant, inédit est de voir, pour la première fois en France, des partis politiques et des candidats opiner clairement pour l’abolition de la chasse à courre, de la tauromachie, pour la protection des loups, l’arrêt des massacres d’oiseaux migrateurs.
Pour la première fois, surmontant une traditionnelle pusillanimité en la matière, ces forces politiques refusent la génuflexion devant sa majesté bottée et s’abstiennent de débiter ses fantasmes contre nature.
Je salue Eva JOLY, Jean-luc MELENCHON, Philippe POUTOU, Nathalie ARTHAUD pour leurs déclarations enfin progressistes, éclairées, généreuses, empathiques mais aussi démocratiques.
Que ceux qui se soucient du sort des humains les plus faibles prennent en compte la souffrance animale et la nécessité de sauver la biodiversité est une élémentaire logique.
Historiquement, les grands penseurs du progrès social furent souvent des défenseurs de la cause animale.
Le fait nouveau est que l’immense majorité de nos contemporains aspire à cette prise en considération de cette cause par les gouvernants.
Les enquêtes d’opinion le prouvent :
En février 2011, un sondage SOFRES, réalisé à la demande de la CONVENTION VIE ET NATURE, révélait que 87% des Français souhaitaient que l’animal sauvage soit protégé par la loi contre les mauvais traitements.
Un récent sondage commandé par l’association Trente millions d’amis indique que 81% de nos contemporains attachent de l’importance à la cause animale, un électeur sur trois pouvant être influencé dans son vote par le positionnement des candidats par rapport à cette question.
Dès lors, répondant à leur orientation progressiste, pour les uns, ou régressive, pour les autres, les candidats optent pour des avancées vers une réconciliation de l’humain avec le vivant ou inversement pour les aspirations des tueurs insatiables.
Ce clivage est conforme aux fondamentaux éthiques et séparent les femmes et hommes de mieux et les tenants des traditions du mépris.
Il est évident que des égarés, de piteuses exceptions, peuplent des partis qu’ils déshonorent de leur seule présence.
Certes, des tueurs et destructeurs se rencontrent ici et là, la cohérence idéologique n’étant pas un talent également réparti.
Il n’empêche que les loisirs et spectacles de mort sont idéologiquement d’essence fasciste, ce qui explique qu’ils puissent être « populaires ».
Ces loisirs et spectacles exaltent, en effet, les « valeurs guerrières », le culte du sacrifice, l’apprivoisement de la violence, la banalisation de l’acte de tuer.
Nous assistons, avec les récentes et magnifiques prises de positions de certaines forces de gauche à un réveil salutaire des consciences et des intelligences.
J’attendais cet éveil, ce souffle révolutionnaire car passer de l’anthropocentrisme au biocentrisme est bien une révolution morale et politique.
D’aucuns me diront :
« Nous n’y sommes pas encore tout à fait ».
Sans doute, mais les esprits bougent enfin.
Camarade, encore un peu de réflexion et tu accéderas au biocentrisme !
Il est la nouvelle frontière idéologique.
Car le biocentrisme implique que le vivant, humain et non humain, l’emporte sur l’anéantissement programmé par les productivistes spéculateurs, les vrais « nuisibles ».
A l’heure où le parti d’écologie politique est menacé d’effondrement, la pensée de l’écologie éthique semble irriguer plusieurs partis de gauche sous l’impulsion de quelques leaders à la fois charismatiques et bien plus cultivés que certains de leurs devanciers.
Pour la Nature, ce qui va advenir en ce printemps Français sera déterminant.
Sans faiblesse, sans complaisance à l’égard de quiconque, je dirai, puisque c’est mon devoir de vérité envers mes lecteurs, contre les préjugés des uns, les partis pris systématiques des autres, ce que je pense salutaire pour la cause du vivant.
Gérard CHAROLLOIS