Le conseil d’état, statuant en référé, rend une décision attendue, prévue, annoncée : Il suspend le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, décret manifestement illégal et outrancier voulu par Monsieur MACRON et son ministre de l’intérieur, décret adopté pour complaire à la frange la plus réactionnaire de la société.
Une fois de plus, la nécessité d’un pouvoir juridictionnel indépendant du pouvoir exécutif, c’est-à-dire politicien, s’avère indispensable à l’existence de la démocratie et de l’état de droit.
C’est une victoire pour les écologistes et tous les gens de mieux, mais c’est aussi la victoire du conseil d’état dont on disait naguère qu’il rendait des « services » et qui rend désormais des arrêts.
Le pouvoir juridictionnel résiste à l’arbitraire et aux petits arrangements des réseaux des copains et des coquins.
D’ailleurs, tout pouvoir autoritaire commence par soumettre la justice soit en la brisant, soit en l’instrumentalisant pour frapper les opposants.
La France subit actuellement une régression démocratique.
Les lobbies gangrènent les institutions et le gouvernement couvre, contre l’esprit du droit, les intérêts très privés (voir affaire de BEYNAC et l’article 10 du projet de loi sur les industries vertes).
Le pouvoir des politiques ne pouvait pas ignorer que la dissolution des Soulèvements de la Terre serait censurée par le conseil d’état, au même titre qu’il sait que la plupart des arrêtés relatifs à la chasse comportent des dispositions illégales.
Mais il satisfait d’abord des lobbies et des corporatismes infiniment plus violents et plus perturbateurs de la paix publique que les pacifiques mouvements écologistes qui n’ont jamais agressé personne.
L’état piétine le droit et cède devant la FNSEA et le lobby cynégétique, enfant chéri du monarque.
Ce n’est pas par choix politique, partisan ou subjectif que je fustige l’attitude du pouvoir Macroniste lorsqu’il dissout les Soulèvements de la Terre.
C’est d’abord parce que je suis imprégné des droits fondamentaux, des principes d’une démocratie que l’on voudrait exemplaire.
Mon raisonnement éthique et juridique demeure le même lorsque ces tristes gouvernants frappent de dissolution des courants de pensées radicalement contraires à mes convictions personnelles.
Ainsi, le gouvernement, emporté par sa soif de censures, prononça la dissolution d’un groupement de catholiques intégristes dit CIVITAS, aux antipodes de mes propres convictions.
Ce groupement réactionnaire nourrit des idées que je combats par les idées et la réfutation, mais non par la censure.
Je n’en condamne pas moins sa dissolution, car la liberté de pensée, de convictions ou de modes de vies ne se divise pas.
La liberté doit être reconnue, même aux ennemis de la liberté.
Le Thatchérisme ne célèbre qu’une seule liberté : celle de spéculer et de faire des affaires.
Il interdit toute alternative, discrédite toute opposition et altère la démocratie pour imposer les intérêts de ses commettants et financeurs.
Ces dirigeants oseront-ils demain mettre en cause l’indépendance des juridictions qui freinent leurs délires liberticides, à l’instar de ce que font les droites fascisantes parvenues au pouvoir dans certains pays naguère démocratiques ?
Dans l’affaire dite de BEYNAC, objet de ma précédente lettre, ce pouvoir n’hésite pas à insérer dans un projet de loi un cavalier à dessein de briser des arrêts définitifs des juridictions.
Il y a là une manifestation inquiétante de perte de la morale publique élémentaire.
Pour parvenir à leurs fins, pour duper l’opinion publique, pour justifier leurs censures, les gouvernants insultent ceux qu’ils ne contrôlent pas, n’hésitant pas à les qualifier d’éco-terroristes.
Or, un terroriste est celui qui inspire la terreur par le meurtre, le viol, les massacres de masses et les bombes.
En usant de ce vocabulaire, en altérant les concepts et l’intelligence, le pouvoir actuel compromet l’état de droit.
Quand bien même un écologiste inconnu aurait lacéré une bâche plastique dans une méga-bassine FNSEA, ce fait constituerait un délit et non un acte de terrorisme.
Les incidents de SAINTE-SOLINE résultent d’un choix délibéré du gouvernement qui mobilisa 3200 gendarmes pour défendre un trou dans un champ, provoquant des centaines de blessés.
Le ministre prétexta cette grossière manoeuvre pour justifier son décret de dissolution.
En octobre, statuant au fond, le conseil d’état ne pourra qu’annuler le décret car la violation des principes fondamentaux de la république est criante en cette affaire.
Pour le pouvoir politique, les principes fondamentaux de la république ne pèsent rien.
Désavoué par le juge, il poursuivra ses dérives partiales et de soumission aux ennemis de la Terre.
Le pouvoir politique relativisera le désaveu, manipulera l’opinion publique en mobilisant le parti de la peur et de l’ordre et perdurera à méconnaître l’éthique démocratique.
Alors, soulevez-vous !
Sauvons la Nature, la vie, la liberté et la probité.
Gérard CHAROLLOIS