La Convention Vie et Nature, un mouvement biocentriste

L’époque bruit de cliquetis d’armures, de chocs des civilisations, de crispations sur des identités meurtrières.
Des religions aux mythes burlesques déchaînent des extrémismes pathologiques et délirants.
Des dictateurs sadiques déclenchent des guerres dignes des siècles passés que l’on voudrait révolus.
Des peuples puérils s’abandonnent aux régressions, aux nostalgies, aux idéologies funestes par peur, par cupidité, par infirmité du cœur et de la raison.
Face à ces dérives, nous opposons la civilisation du vivant.
L’écologie, idée neuve, suscite des débats, des controverses, des interprétations diverses et parfois antagonistes.
C’est à la fois normal et positif, car c’est de la confrontation des opinions que naît l’intelligence des faits.
Ecologie politique multiforme, animalisme gradué allant du souci du bien-être animal, des droits des primates, au véganisme, à l'antispécisme et autres courants féconds de pensées riches d’innovations conceptuelles, d’avancées pratiques pour la biodiversité et les animaux sauvages, domestiques et de compagnie, courants de pensées féconds s’agitent en tous sens.

D’aucuns vont jusqu’à opposer un écologisme animalisme à l’humanisme, notamment celui issu du siècle des Lumières.
Ce rejet sous-entend une condamnation de l’humain, grand nuisible déprédateur, violent et cruel, avide de possession, destructeur de tout pour exploiter toujours davantage la Nature et ses semblables.
Je ne partage pas cet anti-humanisme, tout en conchiant la société thatchérienne fondée sur l’accaparement frénétique.
Nous devons dépasser cette misanthropie inspirée légitimement par la contemplation des méfaits planétaires de l’homo-economicus.
Ici, rien n’est inéluctable.
Le biocentrisme, à la différence des pensées anti-humanistes, prône un dépassement et non une réfutation des conquêtes des lumières, pour accéder à la reconnaissance de la cause supérieure de la vie.
L’arbre, l’animal et l’homme.
Avec les humanistes, le biocentriste célèbre les droits de l’homme, la liberté politique, la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’émancipation de l’individu, mais s’élève au-delà et récuse l’anthropocentrisme pour intégrer la valeur première du vivant.
Nous ne voulons pas régresser au temps de la négation de l’humanisme.
Nous souhaitons promouvoir un post-humanisme qui intègre les acquis pour y ajouter un élargissement du cercle de l’empathie.
Nous n’opposons pas l’homme et les autres espèces et admettons que chaque espèce, y compris la nôtre, possède ses besoins, ses spécificités, ses légitimes aspirations à vivre selon ses propres exigences physiologiques et éthologiques.
Tout être vivant jouit d’un intérêt légitime à vivre.
L’homo sapiens jouit du droit à vivre sur cette planète pour peu qu’il reconnaisse aux autres espèces le droit de vivre, qu’il laisse des espaces aux espèces, qu’il admette que des zones soient en libre évolution, qu’il renonce à sa frénésie de cupidité et sa soif de tout rentabiliser, exploiter, donc détruire, en un mot, qu’il se réconcilie avec la nature.
Des questions fondamentales se posent aux hommes de notre temps :
* Sommes-nous seuls dans l’univers ou existent-ils d’autres planètes riches d’une forme de vie ?
* La société thatchérienne et son culte des firmes et entreprises privées va-t-elle compromettre l’habitabilité de la Terre ?
* Le progrès des connaissances et des techniques prépare-t-il un monde meilleur, éradiquant à terme la souffrance et la mort, ou bien va-t-il, détourné par les firmes, sombrer dans un enfer sans nature et dédié à l’argent ?
Voilà les défis qui intéressent la civilisation du vivant, les interrogations du biocentrisme.
Et pendant ce temps, des hommes s’entretuent pour savoir si leur dieu vaut mieux que celui de l’ennemi mécréant, si leur drapeau doit effacer celui du voisin, si l’Histoire confère à tel clan le droit d’occuper un site au détriment d’une autre tribu.
Ces humains avec leurs monothéismes et leurs nationalismes perpétuent les temps de l’obscurantisme et nient l’unité profonde du vivant.
À leur opposé, le biocentrisme est un universalisme intégral, un dépassement de l’humanisme qui ne renvoie pas dos à dos toutes les autres pensées et les autres sociétés politiques mais appelle de nouvelles conquêtes et l’émergence de la civilisation du vivant.
En l’état du monde, mieux vaut un pouvoir politique respectueux des droits de l’homme, de la démocratie apaisée, de la liberté de conscience et de mode de vie, qu’une dictature crispée, une théocratie abrutissantes ou les enfermements identitaires.
La quête d’une autre culture, d’un autre pouvoir moins corrompu, ne saurait nous conduire à faiblir devant le crime, l’arbitraire, l’agression, la négation des droits et libertés.
Le pire n’accouchera jamais d’une société meilleure.
Radicalement, nous nous inscrivons dans une filiation progressiste qui faisait dire à Victor HUGO : « Ouvrez une école et vous fermerez une prison ».
L’homme mauvais existe et les tueurs sont là pour nous le rappeler.
Mais n’avez-vous pas rencontré des gens de mieux ?
Demain, l’homme peut choisir le parti de la vie et congédier ceux qui nous maintiennent aux temps obscurs des cruautés et du lucre.
Toute époque est celle du combat du jour contre la nuit.

Gérard Charollois

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