La faune, la flore et les milieux naturels ont chez nous d’étranges ennemis.
Ce sont ces politiciens qui, répétant que la chasse compte quatre millions de chasseurs, confèrent à ceux-ci un pouvoir absolu et tyrannique sur les campagnes.
Imposture grossière d’une propagande à la GOEBBELS : en 1975 à son apogée, le monde de la chasse comptait deux millions cinq cent mille adeptes.
Aujourd’hui, combien sont-ils ?
Le nombre est tenu secret car le lobby ne saurait avouer sa faiblesse et l’effondrement de ses effectifs.
Mais un indice mérite d’être mentionné.
Le 16 septembre dernier, le président national des chasseurs assigna en diffamation la députée Sandrine ROUSSEAU devant le tribunal correctionnel de PARIS. Il demandait un euro de dommages et intérêts au profit de chaque chasseur, soit 988.000 euros.
En fait, la chasse est un loisir de mort en perte de vitesse, dont les jeunes générations se détournent massivement et les quatre millions affichés par la propagande doit correspondre au nombre de permis de chasse délivrés depuis son apparition.
Néanmoins, au parlement, des élus hors-sol se comportent comme s’ils étaient au bout des fusils de cette minorité rétrograde, cramponnée à ses privilèges féodaux.
80% des Français veulent l’arrêt de la chasse le dimanche.
Qu’importe !
Les gouvernants aux ordres sont sourds à la démocratie.
80% des Français veulent l’abolition de la chasse à courre et du déterrage.
Qu’importe !
Le monarque et sa cour veillent au maintien de ces pratiques cruelles et dégradantes.
Les citoyens protestent, pétitionnent, revendiquent.
Des faits divers tragiques endeuillent et la Nature se meurt.
Mais rien ne change car une bastille hermétique verrouille l'appareil d’état par ses dociles relais.
Les lois s’écrivent dans les officines pro-chasses, dans l’indifférence pusillanime des autres parlementaires.
Voilà pourquoi la démocratie est bafouée.
Ne nous privons pas de ce qui manque le plus aux ennemis de la Terre, c’est-à-dire, d’honnêteté.
Non, 80% des Français ne sont pas encore pour l’abolition totale de la chasse.
Nous représentons environ 50% de nos contemporains, selon les enquêtes d’opinion, pourcentage que sont loin de recueillir les élus, si souvent mal élus, par défaut !
Une fraction de l’opinion, mal informée, s’imagine que la chasse est nécessaire pour réguler le « redoutable sanglier » !
Bien sûr, c’est faux et débile, car loin d’être le remède, la chasse est la cause d’éventuels hypothétiques problèmes de déséquilibres écologiques (laissons revenir les prédateurs).
Mais, quand bien même nous représentons une majorité relative, j’affirme haut, fort et clair être pour l’abolition de toute chasse loisir.
On ne tue pas pour se distraire.
La vie doit être respectée.
J’en viens à ce stupide concept, inventé par la féodalité cynégétique : l’infraction d’entrave à la chasse.
J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ce délire d’un lobby qui franchit le cadre de la société démocratique pour confiner aux dérives liberticides.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la chasse viole les droits de l’homme puisqu’en 1999, j’ai déjà dû faire condamner le pays pour méconnaissance des droits garantis par la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, par l’inique loi VERDEILLE qui ignorait purement et simplement l’existence des opposants à la chasse.
(Arrêt de la grande chambre de la cour européenne des droits de l’homme du 29 avril 1999).
Le gouvernement du chasseur FILLON édicta déjà une contravention « d’entrave à la chasse » par décret du 3 juin 2010.
L’infraction ne semble pas avoir rencontré un grand succès en jurisprudence.
Un sénateur chasseur reprend l’idée en voulant faire de cette « entrave » un délit.
Soulignons qu’aucun loisir ne bénéficie sur la planète d’une protection spécifique.
Mais nos agents pro-chasses ne s’embarrassent guère de cohérence et de mesure.
Il faut s’en réjouir : « Jupiter rend fous ceux qu’ils veut perdre ».
L’ubris les étouffera.
Habitués aux génuflexions serviles des politiciens inconsistants, les chasseurs imaginent rencontrer la même veulerie auprès des cours et tribunaux.
Erreur à laquelle ils se heurtent constamment.
Ces jours-ci encore, une fédération de chasseurs crut pouvoir introduire un procès contre la Fondation Brigitte BARDOT qui avait osé lancer une « campagne antichasse ».
L’action n’avait aucune chance d’aboutir, mais il convenait d’intimider.
Le juge remplit son office et dit le droit.
Pas de condamnation pour les antichasses !
Pour les cynégécrates, être antichasse deviendrait volontiers un délit d’opinion !
Le juge les rappela à l’ordre démocratique et à la liberté de pensée et d’expression des convictions.
Non, messieurs les censeurs : penser contre la chasse, avec une majorité de contemporains, n’est pas une infraction.
Alors, « l’entrave à la chasse », un délit ?
Je ne peux pas concevoir un instant qu’un parlementaire, fut-il sénateur, puisse imaginer qu’un tribunal sanctionnerait « l’entrave à la chasse ».
En fait, je suppose qu’il ne s’agit que d’une gesticulation destinée à satisfaire des commettants.
Soyons clairs et juridiques.
Toute violence, fut-elle légère, contre les personnes est punissable, quels qu’en soient les victimes et les auteurs.
Toute dégradation de biens est punissable, sans discrimination quelconque.
Dès lors, ces principes posés, les opposants à la chasse ne sauraient agresser quiconque, molester quiconque, détruire des biens, sans encourir une sanction légale.
La loi le prohibe et protège toute personne par-delà ses opinions et ses pratiques.
Donc, il ne s’agit pas de cela.
En inventant « l’entrave à la chasse », nos apprentis autocrates visent à effacer une opinion, à bâillonner une pensée, à frapper d’ostracisme la majorité des citoyens.
Or, en droit, en vertu de la déclaration des droits de l’homme figurant au préambule de la constitution et en vertu des articles 9 et 10 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales existe un rapport de proportionnalité à respecter entre la préservation de la liberté d’expression et les autres droits garantis.
La jurisprudence, notamment de la cour européenne des droits de l’homme, est fermement établie sur ce point.
Tout récemment encore, cette cour, par arrêt du 13 octobre 2022, rappela ce principe de proportionnalité en condamnant la France qui avait sanctionné des femens s’étant partiellement dévêtues dans une église, commettant ainsi une exhibition sexuelle prohibée, pour manifester des convictions en faveur de l’interruption volontaire de grossesse.
La liberté d’expression des femens l’emporta sur le délit d’outrage à la pudeur de l’article 222 – 32 du code pénal.
Transposons à nos petits chasseurs affligés à la vue d’opposants à la chasse, en forêt : ce ne serait plus « cachez ce sein que je ne saurais voir » mais retirez cette pancarte affirmant « non à la cruauté » !
Des militants écologistes, animalistes ou des démocrates soucieux de combattre une féodalité arrogante, se rendant en forêt pour brandir des banderoles et scander des slogans contre la chasse, sans violenter quiconque, ne pourraient pas être sanctionnés pénalement.
Leur liberté d’expression prévaut sur la loi partisane d’un lobby liberticide.
Immanquablement, le tribunal relaxerait les prévenus et, à défaut, la cour européenne rappellerait la France aux principes d’une société démocratique.
En cela, les velléités des agents du lobby au parlement sont vaines.
Conspuer une chasse à courre n’est pas plus répréhensible que siffler un mauvais spectacle.
J’insiste toutefois, en droit, sur le fait qu’une manifestation de convictions ne doit jamais s’accompagner de violences ou de dégradation, car tout repose sur le principe de proportionnalité des droits et libertés antagonistes.
Une manifestation publique de convictions morales est une liberté essentielle pour tout démocrate.
Une telle liberté de manifestation consacrée par nos textes fondamentaux exclut toute violence physique contre les personnes et contre les biens.
Comme l’écrivit le poète : "Je suis abolitionniste de la chasse, car sans le loisir de mort, LE MONDE SERA BEAU. Je l’affirme et je signe".
Gérard CHAROLLOIS