BEYNAC, un méfait ordinaire

Nombre de mes amis lecteurs ignorent tout de BEYNAC, petit village typique du PÉRIGORD, situé sur la vallée de la Dordogne, secteur inscrit au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO et classé NATURA 2000.
Cette commune possède un château médiéval qui fut en guerre avec le château voisin de la commune de CASTELNAUD. Le premier était Français, le second Anglais durant la guerre de cent ans.
Mais une guerre s’y déroule depuis des années qui oppose un élu local, soucieux de bitumer, aux associations de protection de la Nature et du site.
Devenu président du département de la Dordogne, cet élu veut une déviation routière contournant BEYNAC et il la veut passionnément, ardemment, mettant tout son cœur et son énergie à obtenir sa route impliquant la création de deux ponts nouveaux sur la rivière Dordogne.
L’arrêté préfectoral l’ayant autorisé à créer son ouvrage, le président du département, ignorant les recours juridictionnels engagés par les opposants à son projet, lance le chantier à marche forcée pensant sans doute qu’il mettrait le juge administratif devant le fait accompli.
Mais le 28 décembre 2018, le conseil d’état suspendait l’arrêté préfectoral et ordonnait l’arrêt des travaux, jugeant l’ouvrage contraire à l’utilité publique au regard de la valeur du site.

Bien que cette décision fut confirmée au fond et que la cour administrative d’appel ordonne la démolition du chantier, l’élu local refuse de respecter la décision des juges et perdure à exiger de l’état une autorisation de réalisation de son cher projet.
Il organise des manifestations, mobilise tout homme politique, tout ministre passant dans le département, interpelant même le chef de l’état lors du congrès des maires, pour lui parler de la déviation de BEYNAC.
Malgré une condamnation à démolir sous astreinte, le président du département refuse de renoncer à son projet.
Il dépose un nouveau dossier entre les mains du préfet, puis le retire le 6 janvier 2023 en annonçant qu’il le redéposera en février.
Entretemps, ses partisans projettent d’encombrer la route existante par force camions et engins de chantier, le 21 janvier.
Bénéficiant de connivences dans le personnel politicien, l’élu local obtint même que son projet figure en annexe 4 du projet de loi « MACRON dit d’accélération des énergies renouvelables, projet dont j’ai eu l’occasion de dire tout le mal que j’en pense.
Que vient faire un projet routier dans une loi destinée à favoriser les industriels de l’éolien et du photovoltaïque ?
Rien d’autre que nous prouver le niveau de probité de certains hommes politiques suffisamment introduits dans l’appareil d’état pour inscrire une mention dans un projet de loi.
Ce n’est bien sûr pas le président du département qui participa à la rédaction du texte soumis au parlement, mais un partisan complaisant.
Il y a des faits qui se passent de tout commentaire.
Que fera l’état lors du dépôt du nouveau dossier ?
Si vous pensez que la France est parvenue à une république impartiale, honnête, démocratique, fondée sur le droit et le respect des décisions de ses tribunaux, le projet de déviation de BEYNAC a vécu.
La querelle est close et le site sauvé.
En revanche, si vous pensez que cette république est davantage celle des copains que des juges, vous reverrez fleurir le projet dont, à terme, on peut espérer en dernier ressort qu’il sera censuré une fois de plus par le Conseil d’état.
La justice administrative a écrit que « le projet n’était pas régularisable ».
Mais la loi et l’autorité de chose jugée sont-elles des notions opposables aux élus ?
Les citoyens sont-ils égaux devant la loi ?
N’y aurait-il plus de féodalités, de privilèges, d’exceptions au droit commun ?
Ici comme toujours, défendons la Nature.
Arrêtons le cancer du bitume et du béton qui asphyxie la terre.


Gérard CHAROLLOIS

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