Le temps des lâches

Faire le mal, nuire, tuer, exploiter, polluer, détruire, massacrer l’oiseau migrateur, écraser les villes à coups de missiles, tout ceci suscite l’indignation et la nausée de l’humain hominisé.
Mais que dire de ceux qui laissent faire ?
Dans une société civile comme dans l’ordre géopolitique, la lâcheté préside à tout.
Ici les lobbies, là-bas les tyrans sanguinaires peuvent s’adonner à leurs œuvres de mort, avec la complicité des pleutres, des timorés, de ceux qui préféreront toujours « une injustice à un désordre ».
Prenons, chez nous, l’exemple du caricatural lobby de la chasse et le poids asphyxiant de ses bottes sur l’appareil d’état.
Les éructations outrancières de certains de ses dirigeants, la multiplication des homicides par imprudence, la mort et l’artificialisation de la faune commanderaient des mesures de protection de la Nature et des citoyens face à cette infime minorité, les chasseurs.
Mais le politicien moyen, par pure pusillanimité, ânonnera des stupidités pour complaire à un lobby nocif écologiquement, contraire en ses exigences aux aspirations de nos contemporains.

A l’instar de tous les imposteurs de tous les temps et de toutes les couleurs, certains « cynégécrates » veulent « éliminer », nier, diaboliser, effacer leurs opposants bien que ceux-ci soient désormais majoritaires dans la société.
Rions de les voir, ces jours-ci, saisir leurs amis du sénat d’une mission d’enquête à l’encontre des « activistes de l’antichasse » !
Sans doute, ces féodaux de la chasse rêvent-ils d’embastiller ou, de manière plus moderne, de placer en camp leurs opposants qu’il faut criminaliser.
« Activistes de la chasse » ? disent-ils.
Des commandos de véganes assommeraient-ils les valeureux gestionnaires de la Nature au coin des bois et dans les marais de la baie de Somme ?
Les sièges des fédérations de chasseurs seraient-ils plastiqués, incendiés par des activistes et de redoutables pétroleuses ?
Des attentats écologistes perturberaient-ils le calme de nuits dites bleues ?
Bien sûr, rien de tel.
Alors un graffiti sur une vitrine de boucherie, une interposition pacifique en forêt entre veneurs et cervidés deviennent des actions quasi-terroristes, dignes du djihad.
Tout cela serait comique si des politiciens inconsistants et invertébrés ne relayaient pas les fantasmes liberticides des lobbies.
Réjouissons-nous du temps libre désormais offert à M. CASTANER, concepteur de la cellule de gendarmerie DEMETER, temps libre qui lui permettra peut-être de faire un peu de sociologie.
Quant à la « planification écologique », au caractère écologique ou pas du quinquennat promis par le président MACRON en campagne, j’ose espérer que nul d’entre vous n’y a cru un seul instant.
On ne peut pas faire de l’écologie et « en même temps » la danse du ventre devant le chef des chasseurs.
Néanmoins, lors des bavardages creux dans les médias sur la « transition écologique », les phraseurs patentés se garderont bien de dire cette incongruité, ce gros mot tabou, ce secret de famille qu’il faut taire :
la chasse.
C’est que cela risquerait de déplaire.
Lâcheté, quand tu sévit !
On ne peut pas davantage défendre les principes de la démocratie et pactiser avec les dictateurs qui assassinent et emprisonnent leurs opposants et envahissent leurs voisins.
D’aucuns raillent le président MACRON, brillant acteur, capable de déclamer une opinion un jour et son contraire le lendemain.
J’entendais, sur France-Inter, un commentateur crédible expliquer que tant en Russie qu’en Ukraine, le président français était critiqué et qu’existait une expression : « Macronner », signifiant parler pour ne rien dire.
Hélas, il n’y a pas que le président qui souffre de ce discrédit, de cette indécision, de ces contradictions de postures et d’un certain avachissement moral.
Notre société évoluée pâtit de cette réputation de pusillanimité auprès des tenants de la force brutale.
HITLER au siècle passé, POUTINE présentement, considèrent que les démocraties occidentales sont frappées d’impuissance rédhibitoire, devenues incapables de défendre leurs valeurs, prêtes à succomber à cette force brutale qui s’impose toujours aux lâches prompts à céder toujours.
Il y a, chez ces dictateurs criminels, une lucidité qui ne peut pas leur être contestée.
En son principe, la démocratie est fondée sur la volonté du peuple, donc des citoyens qui n’aspirent qu’au pouvoir d’achat, aux loisirs, aux vacances, aux commodités et confort de la vie et nul ne peut en faire reproche à l’humain en quête de bien-être.
En principe, car en fait, les démocraties occidentales sont aussi des ploutocraties dont les oligarques aspirent, eux aussi, à une boulimie de profits et au culte des affaires.
Les droits de l’homme, le respect de la vie humaine, la liberté et la dignité de la femme, le pluralisme des opinions et la liberté d’expression peuvent bien être célébrés mais à condition que leur défense n’affecte ni le tiroir-caisse, ni le confort acquis, et au besoin, au prix de reniements.
« Mourons pour des idées. D’accord, mais de mort lente », chantait BRASSENS, parodiant un hymne de la lâcheté masquée en sagesse.
Inversement et de manière prémonitoire, Charles PEGUY assumait : « Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre ».
Je ne trancherai pas ici sur ce débat philosophique, dès lors que, d’une part, la vie est la valeur suprême et que, d’autre part, mourir pour une cause vaut mieux que de devoir mourir un jour pour rien.
Ainsi, les cyniques, les dictateurs, les agresseurs ricanent et méprisent les élémentaires principes qui font la dignité humaine, piétinant le droit et la liberté en leur substituant la violence des armes et la loi de la force primaire, avec le mépris des peuples veules, victimes du consumérisme.
L’Occident se battra en Ukraine jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au dernier Ukrainien.
Ce qui est lassant avec l’animal humain, c’est que l’Histoire se répète toujours.
On édicte de belles lois et de nobles principes pour mieux les violer et les laisser bafouer au nom des petits intérêts et des grandes lâchetés.
Faut-il se résigner à la prévalence des intérêts sur les principes fondateurs d’une civilisation et se coucher devant la volonté des cyniques, du primat de l’ordre injuste fondé sur la violence ?
Dans l’ordre politique interne, il convient de démanteler le lobbying en le définissant.
Un lobby n’est ni une association, ni un parti politique, ni un syndicat. Il tire sa seule existence de l’argent et son monde est celui des pressions occultes, des réseaux, des copinages, en un mot de la corruption. Il ne participe pas à la vie démocratique mais putréfie la démocratie par les jeux sournois des influences d’officines.
Dans l’ordre international, il convient d’organiser la société des nations sur des bases sûres et garanties.
Il ne s’agit pas de déplorer la guerre et ses horreurs, mais de l’empêcher.
Toute agression d’un pays par un autre doit voir la communauté mondiale intervenir, au besoin militairement, pour maintenir l’agresseur, quel qu’il soit, derrière ses frontières.
L’invasion de l’Ukraine par les troupes de POUTINE est un crime, comme le fut l’invasion de l’Irak par les soldats de BUSH.
Si dans les Sudètes en 1938 et dans le Dombass d’aujourd’hui existent des populations germanophones germanophiles, hier, russophones russophiles, aujourd’hui, souhaitant respectivement leurs rattachements au Reich ou à l’empire du tsar, une consultation démocratique, sous l’égide des Nations-Unies, tranche démocratiquement le débat, sans bombe ni canon.
Vaste programme va-t-on dire !
Mais si c’est le prix de la vie, il en vaut la peine.
D’où qu’ils viennent, honneur à ceux qui restent debout face aux crimes contre l’arbre, l’animal et l’homme !


Gérard CHAROLLOIS

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