Il y a une trentaine d’années, la FNSEA, ses relais politiques et le monde des affaires polluaient la pensée des bonnes gens en leur vendant le concept de « biocarburants ».
Belle idée, le colza, le tournesol et autres plantes cultivées allaient terrasser les méchants pétroliers en substituant les huiles végétales aux hydrocarburants pour nourrir les moteurs gloutons.
Seulement voilà, pour produire des agrocarburants, il faut des engrais, des biocides, de la mécanisation, consommer de l’espace, défricher, donc empoisonner la terre et utiliser : du « pétrole » !
En fait, le mensonge des « biocarburants » couvrait une volonté de profit pour des intérêts bien peu écologiques.
Initialement, nombre de contempteurs du pétrole tombèrent dans le piège de l’agriculture ultra-productiviste.
Aujourd’hui, nul n’est plus dupe de cette imposture.
Voici le mirage des énergies dites « renouvelables », pur concept et beau slogan pour bureau de publicité.
Attention, il s’agit là encore d’un piège tendu par les affairistes, les thatchériens adorateurs des entreprises privées.
Leur objectif n’est nullement de fournir une « énergie propre » mais de vendre des installations, du matériel et, comme toujours de manière obsessionnelle, faire du profit en vendant du vent à de nouveaux Don Quichotte.
Actuellement, l’éolien fournit moins de 8% de l’électricité consommée.
L’objectif du gouvernement thatchérien est de passer à 20% dans une dizaine d’années.
Pour atteindre cet objectif, il faut saccager des forêts, implanter des engins de deux cent mètres de hauteur un peu partout, hachoirs à oiseaux et à chauves-souris, émettant des bruits et des pollutions lumineuses durant la nuit.
Pour quel résultat ?
Qu’il y ait 20% ou 30% d’électricité d’origine éolienne et par champs de panneaux photovoltaïques, non pas sur les toits et sur les espaces artificialisés mais au détriment des forêts, ne retirera rien aux centrales classiques thermiques ou nucléaires.
Ce ne sera jamais l’un ou l’autre mais, dans l’esprit des gouvernants, l’un et l’autre, pourvu qu’il y ait le profit.
Certes, les centrales classiques peuvent comporter cinq tranches de production au lieu de huit, ce qui ne change rien.
La nature sera agressée par cette dissémination en tous lieux des nuisances et la qualité de la vie des habitants compromise pour la seule satisfaction de filières nouvelles, très privées.
Je concevrais qu’il y ait débat si le choix était entre le pseudo-renouvelable et les autres modes de production d’énergie, mais j’alerte les amis du vivant sur le piège tendu par les productivistes.
Vous aurez des éoliennes partout, au grand détriment de la nature mais toujours le nucléaire et le thermique.
D’ailleurs, reconnaissons que les ennemis de la Terre ont l’honnêteté de le dire explicitement.
Ils prônent un « mixte énergétique » mais les passionnés ne veulent pas les entendre et, animés par leur légitime ardeur militante, se persuadent eux-mêmes, tel Don Quichotte que le réel n’a pas lieu.
Pour certains écologistes plus anthropocentristes, il suffit de mettre des éoliennes partout et le nucléaire disparaîtra.
Nous revivons le mirage des agrocarburants.
Permettez-moi une comparaison pour mieux illustrer le fonctionnement piège.
Raisonnons sur l’eau du robinet.
Imaginez qu’une société très privée fournissant l’eau domestique annonce que, par suite de difficultés d’approvisionnements, elle va mettre dans le réseau 60% d’eau polluée, usée, de très mauvaise qualité mais, à titre de compensation, ajoutera 40% d’une eau d’une pureté absolue, issue des meilleures sources de montagne.
Qui serait naïf au point de consommer cette eau, mélange d’eau souillée et d’eau garantie minérale ?
L’énergie électrique, à l’instar de l’eau du robinet, ne présente aucun intérêt écologique si elle compte 60% d’énergie fossile ou nucléaire et 40% de sources dites vertueuses et, de fait, obtenues au détriment des espaces naturels ravagés par ces nouvelles agressions humaines que sont les éoliennes et les champs photovoltaïques.
Je prie mes amis écologistes de m’excuser, par avance, de dissiper une illusion qu’entretient fermement leur passion contre la technologie et le centralisme.
Mais pour ma part, je me détermine toujours par rapport à l’intérêt supérieur de la faune, de la flore et des milieux naturels.
Je suis peiné devant la mort de la nature et toutes les infrastructures contribuent à cette mort.
A juste titre, obéissant à la devise « pas chez moi », les populations se dressent contre l’invasion des installations de ce type.
Face à des projets éoliens, les enquêtes publiques et les délibérations des conseils municipaux révèlent ce rejet de ces structures gigantesques.
Ce que l’homme ne souhaite pas pour lui-même, comment pourrait-il l’admettre pour autrui ?
Alors, me direz-vous, quelle solution pour la production d’énergie ?
La science doit répondre à ce défi.
Il faut produire de l’énergie électrique en recherchant les modes les moins destructeurs d’espaces et d’espèces.
L’éolien est une impasse technique et écologique.
Le photovoltaïque n’est acceptable que sur les couvertures d’immeubles ou de parkings et certainement pas en dévorant des prairies et des forêts.
Défendons la nature et gardons-nous des pièges de la société productiviste, spéculative, mercantile qui sacrifie systématiquement le vivant pour l’argent.
Derrière l’éolien, il n’y a pas que du vent.
Gérard CHAROLLOIS