À l’heure où s’achève une conférence mondiale regroupant à PARIS 500 scientifiques et associatifs et portant sur la mort de la biodiversité, le sénat français ruraliste et conservateur refuse d’inscrire dans la loi le délit d’écocide.
Le monarque français boude cette conférence internationale car il est moins risqué de disserter sur le climat que sur la disparition des espèces et la destruction des milieux naturels.
Et pourtant, les rapports scientifiques sont alarmants et ici, en PERIGORD, j’observe plus humblement le premier printemps silencieux.
Parler de biodiversité heurte les petits intérêts des lobbies de la chasse, de l’agroproductivisme, des rois du béton et du bitume, donc des amis du monarque qu’il convient de ne pas chagriner.
Parler climat permet de s’agiter sur la scène internationale en fixant des objectifs de réductions envisagées d’émissions de gaz à effets de serre, sans contrainte d’ailleurs, à obtenir et à transférer des charges fiscales de ses petits copains oligarques sur le bon peuple culpabilisé de ne pas être suffisamment éco-citoyen.
Parler de la mort de la biodiversité impliquerait de supprimer la chasse, de réduire, autrement que dans les proclamations vertueuses, les pesticides, d’interdire l’asséchement des zones humides, de restreindre les coupes à blanc des forêts, d’assujettir les travaux publics à de véritables mesures effectives de compensations.
Lors de sa création, en 2002, la CONVENTION VIE ET NATURE préconisait la suppression du sénat sous sa forme actuelle.
Cette assemblée a comporté des individualités remarquables qui participèrent à l’amélioration de la rédaction de diverses lois, mais institutionnellement, par son mode de scrutin, elle ne peut être, en sa majorité, que le syndic d’une France archaïque, réactionnaire, peuplée de chasseurs, d’agropollueurs, de tout ce que la société compte de « beaufs » et de rance.
Le sénat ne représente pas la société mais un pays fossilisé.
Le parti conservateur, les REPUBLICAINS, c’est-à-dire chasse, béton et traditions, y détient de droit la majorité permanente, sous réserve d’une courte fenêtre en 2012.
Que le parlement français qui reste à reconstruire compte deux assemblées peut se concevoir, à condition qu’il y ait une représentation loyale des forces sociales du pays, ce qui n’est plus le cas.
Les secousses actuelles salutaires ne mettent pas en péril une république déjà morte mais visent à rétablir la république confisquée par les oligarques de la finance et par les lobbies.
Le 27 avril 1969, le général de GAULLE quittait le pouvoir suite à un référendum perdu dont le thème était une réforme du sénat et des régions.
La question portait en apparence sur cette réforme institutionnelle, mais nul ne s’y trompait. L’enjeu était la confiance et le soutien à l’homme de la Résistance qui ne concevait pas d’invoquer le paravent de la légalité, de s’abriter derrière la durée de son mandat pour morpionniser l’ELYSEE et qui provoqua ce référendum dans le dessein de savoir où il en était avec les Français.
Réforme du sénat, dignité d’un élu, simple représentant qui détient ou non la confiance de son mandat sont des thèmes d’une criante actualité.
Mais Charles de GAULLE sortait de l’Histoire, pas d’une banque.
Depuis son accession au pouvoir excessif que la constitution confère à un seul homme, l’actuel président (ISF – CSG) a reçu trois fois ses amis chasseurs et pas une seule fois les protecteurs de la nature.
Ce ne serait pas très grave si recevoir ne signifiait pas se coucher devant l’intérêt des lobbies funestes des ennemis de la terre.
Il serait vain d’être reçu par le pouvoir pour admirer les lambris des palais nationaux.
Nous n’avons que faire des pseudo-honneurs officiels bien dévalués.
Ce qui importe est de sauver la nature, d’améliorer le sort de l’arbre, l’animal et l’homme.
Malheureusement, nous vivons sous la botte des écocideurs et un temps où le mot « Réforme » signifie « régression sociale ».
Ce temps de dévastation appellerait l’union de tous les opposants, la convergence des luttes sociales et écologiques, mais j’observe l’éparpillement stérile des gens de mieux, des résistants à un système économique létal pour la biosphère.
Restez mobilisés, debout.
« N’attaquez pas les hôpitaux » pour évoquer le ridicule des allégations d’un pouvoir aux abois comme le cerf traqué par une chasse à courre.
Seule vaut la grande querelle des valeurs et des idées qui exclut la violence à l’encontre de quiconque.
Gérard CHAROLLOIS