Qu’y a-t-il de commun entre les élections de TRUMP aux USA, de BOLSONARO au Brésil et la montée des partis dits écologistes en Autriche, en Belgique, en Allemagne ?
Ils répondent, les uns et les autres, à deux angoisses du temps : la perte de l’identité occidentale et la peur de la mort de la nature, d’une inhabitabilité de la terre.
Les coups de mentons mussoliniens du très vulgaire milliardaire et du brutal capitaine, clone tropical du premier, rassurent ceux qu’effraient les partageux, les venus d’ailleurs, les races si longtemps considérées comme intrinsèquement inférieures.
Par l’exhibition du gros fusil et l’exhortation au retour à un christianisme réactionnaire, les durs de la matraque et de l’ordre moral répondent à l’angoisse de la submersion par les « sous-hommes », quand bien même ce racisme latent n’est pas assumé trop explicitement.
Les écologistes, quant à eux, bénéficient d’une heuristique de la peur chère à Hans JONAS.
Le climat s’altère. Les ressources naturelles s’épuisent. Les aliments sont contaminés par les molécules cancérogènes des agro-industriels pollueurs et cupides.
Je regrette que les commentateurs et discoureurs publics, prisonniers d’idéologies obsolètes, n’éclairent pas les défis du temps, s’en tenant à l’écume des périls.
Oui, la civilisation de la raison, de la liberté, des droits humains se trouve attaquée par les obscurantismes religieux d’une part, des islamo-fascistes d’autre part, des évangélistes ultra-réactionnaires gangrénant les Amériques, prônant une politique dure pour les faibles, indulgente pour les forts, puisque l’homme est « seigneur et maître de la création ».
Pour ces « libéraux autoritaires », les injustices sociales, fussent-elles criantes, correspondent à la loi divine ou, au mieux, à un darwinisme dévoyé.
Le darwinisme rationnel enseigne que la sélection se fait par la solidarité du groupe, l’entraide et non par l’écrasement des individus les uns par les autres, dans une guerre de tous contre tous.
Les « libéraux autoritaires » poursuivent la même politique que les « libéraux modérés » qui eux aussi considèrent les injustices et les violences faites aux êtres vivants comme des données naturelles. Or, la vraie nature de l’humain tient à sa capacité oblative, celle qui cimente une société civilisée.
Loin de sauver les vertus de la civilisation occidentale, les porteurs de flingues d’une main, de la bible de l’autre, préparent la chute, l’échec, l’apocalypse.
Pour l’heure, en Europe, des communautés aliénées par des appartenances meurtrières cohabitent dans une sourde hostilité qui pourrait déboucher, demain, sur des affrontements dont certaines régions du monde pâtissent présentement.
La question est étrangère aux origines géographiques, à la couleur de la peau, aux ancêtres des populations contrairement à ce qu’imaginent les ultra-réactionnaires d’un côté, les adorateurs des damnés de la terre de l’autre côté.
Le défi n’est pas ethnique, mais purement culturel.
Nous sombrerions dans l’obscurantisme ou la guerre civile si nous ne le comprenions pas à temps.
Quant au péril écologique, il ne sera pas relevé par la peur, la culpabilisation des populations, par des incantations à la vertu des « entreprises privées », par une croissance soutenable et durable, selon la logomachie des gouvernants.
Sans renoncer au vrai progrès, à la croissance qualitative, c’est par l’amour du vivant et non par la peur qu’il faut répondre au péril.
Les discours menteurs, hypocrites, paravents des prévarications, des gouvernants masquent le fait que leur politique tend à la destruction finale de la vie sacrifiée au profit.
Ne renonçons pas à la maîtrise sur le monde, mais reprenons la maîtrise de la maîtrise pour la mettre au service du bien commun et du sauvetage de la biodiversité.
Ceux qui gouvernent vont radicalement à l’encontre de cet impératif.
Le lundi 29 octobre, le ministre dit de l’écologie recevait ses « amis les chasseurs » pour parler de sécurité suite aux accidents récemment générés par ce loisir de mort.
Quelle mesure a été arrêtée ?
Aucune. On ne froisse pas la féodalité cynégétique. La France vit sous la botte des chasseurs qui piétinent tous les grands principes démocratiques.
Dans un style arrogant, grotesque jusqu’à la caricature, après un entretien confiant avec le ministre, un dirigeant de la chasse affirme, fier comme un seigneur du moyen-âge, qu’il n’y aura pas de jour sans chasse.
Peu importe que 80% des Français demandent des dimanches sans chasse et qu’une pétition ait recueilli deux cent mille signatures en faveur de cette mesure !
Que vaut la démocratie, le bien public, le respect de l’animal être sensible, la sécurité des personnes, la quiétude des randonneurs ?
Nous vivons le temps des totalitarismes à deux visages : une forme sournoise, dissimulée, parée d’apparences démocratiques et une forme bottée et ouvertement autoritaire.
Au fond, ces deux variantes forment une seule et même impasse de civilisation.
Ce qui déterminera l’issue tient à la bataille culturelle.
Contre les ennemis de la raison et de la liberté (les fondamentalistes religieux), contre les ennemis de la vie et de la compassion (Les tenants du Marché), opposons une résistance idéologique forte et claire.
Tous les humains sont invités à accéder à ce haut degré de conscience.
Le parti de la vie et de la liberté n’a pas de nation, de race, d’appartenance fermée.
Nul n’est condamné, par nature, à croupir sous le joug d’une religion abrutissante et carcérale.
Nul n’est assigné à écraser autrui, à nier le droit de tout être vivant à vivre.
Le monde d’aujourd’hui est effrayant parce que des hommes mauvais mènent des peuples apeurés à leur perte.
Qu’ils sont sinistres ces porte-flingue et porte-bible ou coran, ou autres livres qui ne souffrent aucune controverse, aucun examen critique, aucune discussion mais qui s’imposent sous peine de mort ou de coups de fouets.
Les peuples ont peur : il y a de quoi !
Gérard CHAROLLOIS