De la politique à la morale

Les dirigeants politiques, acteurs en représentation, parlent éthique, responsabilité, vertu, efforts, sacrifices et souci du bien public.
Mais lorsque les grands intérêts sont en jeu, ils renient les principes les plus fondamentaux de la morale, s’accommodent des pires crimes, taisent les forfaitures et, cachant le sang sous le tapis, font des « affaires ».
Passer par pertes et profits les dizaines de milliers de victimes d’une guerre au YEMEN, l’assassinat d’un journaliste contestataire dans le consulat d’Arabie Saoudite, les négations des droits humains les plus élémentaires, pourvu que le criminel paie.
Les milieux d’affaires, la presse économique Etasunienne soutiennent BOLSONARO le fascisant candidat à l’élection présidentielle du Brésil du 28 octobre prochain, misogyne, raciste, homophobe, amoureux des armes, au même titre qu’ils soutinrent la dictature de PINOCHET au Chili.
Oubliés les belles résolutions, les grands principes moraux, les droits de l’homme, le respect de la vie, lorsque le règne de l’argent exige des reniements piteux.
Réjouissons-nous, nous vivons en Europe et l’Europe fait moins mal que tous les autres.
Ici, les apostats ne sont pas fouettés, les femmes enfermées, les opposants assassinés, la presse bâillonnée.
Moins mal, oui, mais pourrait mieux faire.
A l’évidence, la démocratie et les droits du vivant représentent un horizon vers lequel on doit tendre, en sachant qu’il se dérobera toujours.
Ainsi, la France demeure monarchique et du fait même de ses institutions confère au pouvoir en place trop de privilèges.
Il faut attendre qu’ils perdent ce pouvoir pour que les successifs présidents répondent de leurs « indélicatesses » avec la loi.
La lenteur des procédures les concernant est telle qu’ils échappent bien souvent aux poursuites.
Les "affaires" ne sortent qu’en période de cohabitation lorsque les uns dénoncent les autres et possèdent les moyens de l’Etat pour faire sortir les petites turpitudes qu’autorise le sentiment de toute puissance.
Le monarque et sa cour peuvent être aussi tentés d’instrumentaliser la loi et les services de répression pour discréditer leurs adversaires.
Bien sûr, la Justice est imparfaitement indépendante et la police française très républicaine.
Mais la Justice ne traite que les infractions portées à sa connaissance, alors que les manquements les plus graves à l’intérêt général se dissimulent derrière les montages financiers et les arbitrages publics, l’opinion publique est distraite par des leurres, simples effets de théâtre.
Illustrons par quelques exemples très concrets ces jeux de rôles.
En 1986, le gouvernement consentit des concessions autoroutières à des entreprises privées pour une longue durée.
Or, pour tout observateur, ce marché fut une arnaque, un marché désastreux pour l’intérêt général et un magnifique cadeau aux dirigeants de ces sociétés.
C’est la collectivité qui a perdu. Les actionnaires qui ont gagné.
Erreur d’appréciation des ministres ou collusion avec les oligarques ?
A l’assemblée nationale, lors du vote des lois touchant à la santé, à l’environnement ou à l’agriculture, chacun sait que des lobbies sont à l’œuvre pour retarder les mesures sanitaires et de sécurité pour satisfaire des intérêts marchands.
Or, quel ministre, quel lobbyiste connaîtra la prison pour avoir tué des gens par l’amiante, le chlordécone ou pour avoir détourné des fonds publics pour gratifier des petits amis ?
C’est que les successifs monarques fréquentent davantage les « hommes d’affaires » que les philosophes et les scientifiques.
Il y a des collusions évidentes, des amitiés dangereuses entre ceux qui ordonnent, légifèrent, décident et ceux qui récupèrent les fruits de ces choix étatiques et qui, en retour, par leurs médias ou leurs gratifications assureront la promotion du prince.
Bien sûr : c’est pour le bien de l’emploi et du développement » !
Demain, l’Etat privatisera la lucrative Française-des-Jeux qui rapporte tant au trésor public et qui sera offerte aux petits copains très privés.
Les privatisations, belle loterie où les citoyens perdent toujours et où les oligarques gagnent gros !
Et pendant ce temps-là, la presse relate que Marine LE PEN serait inquiétée pour « apologie du terrorisme » parce qu’elle aurait placé sur un site internet des photos de décapitations perpétrées par l’Etat Islamique. Que l’on juge de mauvais goût de telles publications est une chose. Que l’on accuse la leader nationaliste de faire l’apologie du djihadisme devient ridicule.
Cent policiers perquisitionnent au domicile de Jean-Luc MELENCHON, chez ses collaborateurs et au siège de son parti pour dépassement d’un compte de campagne
et affectation d’attachés parlementaires européens à d’autres missions politiques relèvent de l’écume d’une mer bien plus profonde.
Ce pays manque de contre-pouvoirs, de contrôles effectifs des affectations d’argent public, de corps intermédiaires suffisamment indépendants des monarques électifs.
Les oppositions politiques devraient bénéficier, institutionnellement, d’un statut leur permettant de limiter l’absolutisme, certes temporaire, mais quasi-absolu, d’un homme et de sa cour.
Pour l’heure, seule la presse exerce imparfaitement cette mission salutaire de dénonciation des fautes du pouvoir.
Imparfaitement, parce que les oligarques ont acheté les journaux, les chaînes de télévision et les radios privées et parce que les journalistes sont victimes d’une « culture ambiante », d’un grégarisme les amenant à traiter tel ou tel fait en passant sous silence d’autres faits de société.
Exemple : Si une vingtaine de nazis défilaient en levant le bras et scandant « zig heil », les journaux télévisés en feraient des titres.
Lorsque des milliers d’opposants à la chasse manifestent, le conformisme journalistique fait silence.
Pour la presse dominante, il y a des thèmes, des valeurs à la mode, des idées prêt-à-porter, des sujets subalternes, des clichés convenus auxquels il est préférable de ne pas déroger.
Alors, le spectacle continue !


Gérard CHAROLLOIS

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