L’animalisme est un humanisme

Les connaissances biologiques, éthologiques, paléontologiques et génétiques ont fait prendre conscience aux hommes d’une unité du vivant que niaient les vieilles idéologies et les jeunes intérêts.
La nature n’était qu’un environnement et les animaux des marchandises ou des souffre-douleurs pour ces doctrines obscurantistes et pour ces appétits insatiables de spéculations et de profits conquis au mépris du caractère évidemment sensible de l’animal.
Les législations commencent à peine à refléter, de manière bien insuffisante, cette prise de conscience qui revêt divers aspects et degrés de radicalité.
Pourvus de moyens financiers illimités, les lobbies de l’élevage, de la chasse, des armes à feu, de l’agrochimie suscitent des campagnes de désinformation et rémunèrent des "philosophes" appointés pour retarder l’inéluctable évolution des mœurs et des manières envers le vivant dans sa merveilleuse diversité.
Ce qui embarrasse le plus les contempteurs de la pensée animaliste tient à ce que l’écologie (concept pris dans son acception la plus large) est la seule pensée à ne pas avoir du sang plein les mains et les bottes.
Religions ésotériques ou séculaires, c’est-à-dire politiques, charrient des monceaux de cadavres après elles.
L’écologisme ne tue pas et cette virginité du sang versé ne tient pas qu’à la jeunesse de cette pensée, mais plus essentiellement au fait que l’écologie est l’amour de la vie.
L’animalisme n’oppose pas l’espèce humaine aux autres espèces mais invite au respect de tout être sensible.
Chaque espèce est riche en monde et si l’humain possède une capacité cogniitive supérieure, il apparaîtra pauvre en monde au flair du chien ou au regard de l’aigle.
Alors, les lobbies de la chasse, de l’élevage, de l’agrochimie et leurs petits copistes délirent sur d’éventuels excès verbaux de militants et sur des incidents mineurs, canulars de potaches, qu’ils tentent d’ériger en attentats terroristes, histoire de confondre l’animaliste et l’islamo-fasciste criminel.
Un graffiti sur une vitrine de boucherie ne fait guère avancer la cause du vivant mais il est grotesque d’assimiler cette manifestation d’exacerbation à l’assassinat d’otages et à des mitraillages de terrasses de cafés.
Ces pourfendeurs d’amis des animaux s’avèrent plus pauvres en monde que les animaux qu’ils méprisent.
Par-delà cette mauvaise littérature dont les médias se font complaisamment les échos, reste le débat de fond.
Tout être vivant sensible doit être respecté parce qu’il est soumis à la souffrance et doit en être épargné.
LAMARTINE l’énonçait déjà : « L’homme n’a pas deux coeurs. Un pour l’homme et un pour l’animal. Il en a un ou n’en a pas ».
Le cœur et la raison commandent l’abandon de tout ce qui génère souffrance tant pour l’humain que pour les autres êtres sensibles.
Rien de terroriste dans cette option éthique, si ce n’est pour le sadisme des chasseurs et la cupidité des actionnaires à la tête des usines à viande et de tous les corporatismes s’engraissant à la souffrance des animaux.
Ceux qui font de l’animalisme un anti-humanisme sont des indigents de la pensée.
Il faut toujours élargir le cercle de l’empathie, élever le degré de sensibilité et de conscience, améliorer le sort de tous les êtres vivants et aborder le monde avec bienveillance et non avec des instruments de mort et de torture.
En reconnaissant le caractère sensible de l’animal, en récusant la mort-loisir, on travaille à une société plus douce, moins violente, une société qui enseigne l’approche compassionnelle d’autrui.
Je ne sais pas si nous y allons, mais je sais que le chemin est bien long et la pente rude.
Courage, amis animalistes de tous poils !

Gérard CHAROLLOIS

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