Le chef de l’Etat aime les banques, la finance, les oligarques (premiers de cordée), la vénerie et une société « start up » fondée sur la compétition, la concurrence, la rentabilité, le profit.
Dans un esprit exacerbé de gagnants de tous contre tous, d’individualisme farouche, les doctrinaires « libéraux » nient la solidarité, la coopération, l’éthique de vulnérabilité.
Leur obsession, leitmotiv de leurs éléments de langage, consiste en l’injonction permanente de « faire des économies » et d’adapter l’humain au monde de la concurrence au lieu de soumettre le système économique aux impératifs humains.
Pour eux, c’est le Marché d’abord et l’humain doit être flexible, adaptable, soumis, rentable, performant, au service d’un système qui ne sert plus le vivant mais qui l’exploite et le détruit.
Prisonniers d’une vision corporatiste, les citoyens pleurnichent, les uns après les autres, lorsqu’ils sont frappés par le système qui les afflige et les empêche de prendre conscience de l’universalité de sa nuisance. Ils sont même prompts à dénoncer les avantages indus des petits copains appartenant à une autre strate sociale sans mesurer qu’eux aussi seront les privilégiés pour d’autres, lorsque leur tour viendra. Les bonimenteurs les dénonceront à la vindicte publique au nom du nécessaire sacrifice des « droits acquis » en un temps où l’on acquérait des droits.
La presse relate la lutte des cheminots dont le statut est totalement étranger au délabrement du service public ferroviaire, délabrement imputable au choix du tout TGV.
Le monde judiciaire s’agite car, fidèle à ses obsessions, le pouvoir étudie une « réforme de la justice » qui, bien évidemment, permettra une réduction du nombre des agents de justice.
« Il faut faire des économies ».
Il en faudra demain encore d’autres à l’école, puis à l’hôpital et surtout dans l’aide sociale parasitée par d’oisifs assistés.
Avocats, greffiers et magistrats ne se soucient guère du sort des cheminots.
Infirmiers et médecins hospitaliers ignorent tout de la misère de la justice et chacun, dans sa petite sphère, oublie que le même processus dont il est victime se trouve à l’œuvre partout ailleurs.
La même logique préside au massacre de la nature, à l’empoisonnement de la terre, à la dégradation des conditions de vie des citoyens.
Le pouvoir de la finance opposera les jeunes aux vieux, les sans emplois aux salariés exploités, les agents du public aux précaires du privé, ceux qui ont une retraite à ceux qui n’en ont pas, selon la bonne vieille technique du diviser pour régner.
Tout doit masquer au peuple une vérité factuelle : les progrès formidables de la technique et de la science sont captés et détournés au seul profit d’une caste absolument séparée du reste des humains.
Mort de la biodiversité et des services publics participent d’un système létal : la quête du profit.
Mai 2018 sera-t-il une réplique de mai 68 ?
Non, car le malade est profondément anesthésié. Les jeunes gens rêvent de devenir traders dans des écoles de commerce à l’instar de leurs congénères pudiquement dits « des banlieues » s’imaginant footballers fortunés et glorieux.
L’époque possède son opium : « vous êtes sans emploi et sans perspective. Devenez milliardaire en créant votre start up ou en accédant au rang de vedette du ballon » !
Pour Victor HUGO, les révolutions comme les volcans présentent des journées de flammes et des années de fumées.
Pour la flamme, il faudra attendre encore un peu que les vapeurs délétères des éléments de langage des hommes du système laissent apparaître l’étendue des maux générés par eux.
Ils détruisent la nature, réifient l’animal, avilissent l’humain en lui inculquant la cupidité érigée en vertu et proposée en modèle.
Cette cupidité et cet égotisme inhérents à la nature de l’humain préexistaient au système « libéral », mais naguère, en occident, la peur des dieux, l’espérance des idéologies politiques tempéraient ces vices.
Les oligarques ne redoutent plus les châtiments divins sanctionnant leur accaparement et leur horizon se limite à l’accroissement de leurs fortunes acquises au détriment de la nature et du vivant.
Car l’immoralité du système ne tient pas qu’aux écarts sociaux qu’il provoque, mais à l’injustice fondamentale de ces écarts.
La société ne récompense plus les mérites, les courages, les intelligences, l’altruisme. Elle célèbre la ruse, l’accaparement, l’absence de scrupule, la voracité, l’écrasement d’autrui, l’arrogance grossière.
Les oligarques font figure de mafieux dont l’unique protection tient à l’habileté de se jouer des lois.
Ils pillent les ressources, assassinent les milieux naturels, exploitent leurs semblables.
Pour renverser le système, il faudrait une convergence des luttes et que tous plaident pour tous au lieu de s’apitoyer, dans son coin, sur les malheurs de sa corporation.
L’infirmière devrait se battre pour le cheminot, le greffier pour l’instituteur, l’étudiant pour le retraité qu’il sera demain, le sans emploi pour l’agent administratif qui ne gagne guère plus que lui, l’homme libre et debout pour tous les autres humains libres et debout.
Citoyens, réveillez-vous !
Gérard CHAROLLOIS