De quoi la réforme est-elle le nom ?

Selon le président de la république, les Français n’aimeraient pas les « réformes ».
C’est qu’ils ne sont ni dupes, ni masochistes.
Jusqu’en 1983, tournant de la « rigueur » et révolutions thatchérienne et reaganienne, toute réforme marquait une avancée, un progrès social, une garantie citoyenne, une marche vers la dignité et la justice.
Jusqu’à la décennie 1980/1990, le monde occidental devait être vertueux, exemplaire, généreux pour triompher de son antagoniste soviétique.
Cet affrontement idéologique mondial permit de grandes conquêtes pour les peuples.
Avec la rupture néoconservatrice, le « there is not alternative » des adorateurs du Marché, les dévots de la concurrence sans frontière triomphent en créant un terrain de chasse idéal pour la finance et les multinationales autorisées à jouer au dumping social et environnemental, à contraindre à la flexibilité, aux sacrifices, à la déréglementation et au moins disant social et écologique.
Partout, systématiquement, les Etats soumis à la loi des oligarques sont sommés de « réformer » c’est-à-dire de tendre sans cesse vers moins de services publics, moins de redistribution, moins de salaires, moins de pensions de retraites.
Gare aux réfractaires !
Les institutions telles que le FMI et la banque mondiale imposent l’ordre mercantile, y compris lorsque très démocratiquement, comme en Grèce, le peuple choisit une autre voie.
Avec la chute du système soviétique antagoniste, le masque est tombé.
La seule liberté que vénère désormais l’Occident est celle d’entreprendre, d’exploiter, de détruire, d’anéantir la nature et de rétablir un servage d’un mode inédit fait de précarité.
Dans chaque pays, les agents de la finance au pouvoir organisent le système en culpabilisant les peuples selon l’antienne suivante : « Vous êtes des fainéants, des nantis frileux, des privilégiés, des indécrottables planqués dans vos statuts protecteurs, alors qu’à l’étranger tout va mieux grâce à la mobilité, l’absence de fonction publique, la légèreté des prélèvements, la libération des forces vives et des géniaux entrepreneurs ».
Or, le système échoue partout, y compris dans les pays que leur propagande mensongère donne en exemple de bons élèves.
Ainsi, le peuple allemand connaît « en même temps » le quasi-plein emploi et huit millions de travailleurs pauvres et des retraités condamnés à travailler pour survivre.
Partout, une fracture profonde sépare deux mondes : celui des citoyens et celui d’une poignée de milliardaires qui font les présidents en finançant leurs campagnes et leurs promotions via une presse achetée.
En France, neuf milliardaires possèdent 80% des médias.
Les classes, naguère dites moyennes, les corps intermédiaires, les professions hautement qualifiées ou de hautes responsabilités n’échappent pas à une dérive vers ce déclin social, décrochage avec l’oligarchie et rapprochement avec les strates paupérisées.
Les « réformes » en cours ici et maintenant sont d’une facture dogmatique stricte, estampillées « libérales », c’est-à-dire favorable au premier cercle et nocive pour les gens modestes, les ouvriers, les employés, mais aussi les enseignants, les médecins hospitaliers, les retraités, les étudiants, victimes de demain d’un monde qui ne regarde plus vers le mieux.
La réforme est le nom de la réduction budgétaire alloués aux services publics, des diminutions d’effectifs d’agents publics, de précarisation des gens, de l’amoindrissement des salaires et des pensions et du saccage de la nature pour les profits du secteur marchand, horizon idéologique indépassable de la secte au pouvoir ici et ailleurs.
Le système ne bénéficie qu’à une poignée de féodaux de la finance et des firmes.
Pour régner « mille ans », ils utilisent des « éléments de langage » dont l’invocation de la réforme constitue un pilier.
Bien sûr, pour éviter l’explosion, l’insurrection des consciences puis des citoyens, ils atomisent la société, la divisent en sous-groupes invités à se jalouser pour ne pas s’unir : chômeurs contre travailleurs pauvres, salariés du privé contre ceux du public, attributaires de tel statut spécial contre ceux qui émargent à un autre statut.
L’objectif du système est d’éviter la coalition de ses victimes.
Et voilà pourquoi, s’ajoutant à la crise climatique, à la mort de la biodiversité, au mépris de l’animal, vous subissez le décrochage social, destin de tous ceux qui ne participent pas au «premier cercle», celui dont les revenus et fortunes croissent pendant que tous les citoyens régressent.
Cela ne durera pas toujours et ils le savent d’où leur empressement à se gaver.


Gérard CHAROLLOIS

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