En politologie, la pensée fasciste n’a rien de péjoratif. C’est une doctrine prônant que l’humain, inapte tant à la liberté qu’à son pendant la responsabilité individuelle, doit être guidé, contrôlé, encadré. Il lui faut un chef qui a toujours raison, un duce, un führer, un caudillo, car l’homme ordinaire est fraudeur, infantile, adversaire du bien public s’il n’y est pas contraint ou conditionné à obéir.
Après la chute des monarchies théocratiques d’antan, la société sécréta deux fascismes, impliquant une vision foncièrement pessimiste de l’homme : un fascisme de force et un fascisme de ruse.
---- Le premier, fascisme de force, visa une esthétisation de la politique avec défilés aux flambeaux, masses enthousiasmées par un orateur charismatique, quête d’une ferveur collective d’un peuple exalté qui est tout l’individu n’étant rien, dénonciation des ennemis de la race, de l’Etat, de la nation, du parti, ennemis voués aux camps et aux exactions physiques.
Ce fascisme, de type mussolinien, ne nie pas la démocratie puisqu’il prétend unir le peuple et ne se conçoit pas sans cette fusion entre le guide et les masses subjuguées.
Les politologues parlent volontiers de « césarisme démocratique ».
Ce fascisme pratique volontiers la violence matérielle, l’érigeant même en vertu permettant de susciter des héros, des milices glorieuses et combattantes.
Populaire par les foules multiples qu’il rassemble, par les chemises noirs ou brunes qui lui servent de troupes d’assaut, ce fascisme n’aurait pas existé sans le soutien de la finance, des industriels, des banques, du monde de l’argent, toujours soucieux d’ordre.
Vaincue en Europe, cette forme se discrédita par sa défaite autant que par ses crimes.
---- Un second, fascisme de ruse, cultive la manipulation, le conditionnement culturel, la propagande insidieuse, le contrôle des moyens d’informations. Il se substitua au précédent et, à la différence de ses devanciers brutaux, renonça à l’esthétisation de la politique, à l’exaltation des foules, à l’adhésion fanatique des militants.
A l’opposé des césarismes démocratiques, ce fascisme vise à dépolitiser, à atomiser, à anesthésier la société, au lieu de la porter à l’incandescence.
Ce second fascisme est celui qui règne sur notre temps et nos sociétés.
Vous êtes ses victimes lucides ou tranquillisées.
D’aucuns, formatés à souhait par le système, s’insurgeront en me lisant, en répliquant qu’ils sont libres, que les élections démocratiques pourraient tout changer, qu’il n’y a pllus de guide inspiré, d’homme providentiel, de drapeau à saluer, d’idole à célébrer. Donc rien de commun avec les régimes abhorrés qui sévirent en Europe, au siècle passé.
Erreurs :
La société est parfaitement sous contrôle. Les alternances proposées aux peuples ne sont pas des alternatives. Le système est verrouillé, bien plus solidement que ne le furent les totalitarismes grossiers, bruyants, affichés du passé.
Le système en place, parfaitement mondialisé pense régner mille ans, plus sûrement que le REICH du führer.
La propagande insidieuse mais très perfectionnée enseigne d’ailleurs « la fin de l’Histoire », le caractère indépassable du capitalisme prévaricateur, le fait que toute remise en cause ne peutêtre qu’illusion utopique et farfelue, que toute alternative éventuelle manque de sérieux, que tout contestataire est nécessairement irresponsable ou pire, nostalgique des totalitarismes déchus.
Les dogmes sont là intangibles, indiscutables, ressassés par les médias, admis par tout expert compétent et seuls quelques extrémistes folkloriques peuvent songer à s’affranchir des lois définitives du Marché.
Car c’est lui le nouveau duce qui ne risque pas de finir fusillé aux portes d’un garage de MILAN.
Grand seigneur, le Marché et ses agents qui n’ont rien de flamboyants et d’esthétiques, tolèrent volontiers ces « extrémistes farfelus et irresponsables » qui leur servent de caution morale, d’alibi, de masque de leur fascisme.
« voyez, nous respectons le pluralisme, pratiquons la liberté d’opinion et d’expression de la pensée. Et nos élections sont libres ! ».
Il n’en est rien.
Dans les « démocraties formelles » , c’est l’argent qui fait l’élection et les médias sont propriétés des puissances financières.
Pourquoi les rois du béton, des travaux publics, de l’armement, les hommes du premier cercle s’offrent-ils des chaînes de télévisions et des quotidiens ?
Sûrement pas pour jouer aux journalistes !
Pas besoin de bourrer les urnes, d’agresser les opposants, de déporter les réfractaires puisqu’un conditionnement collectif permet de guider l’immense majorité du troupeau, le faire voter pour la haute finance, pour une poignée de féodaux des temps modernes. Pourquoi recourir à une milice, à des voyous déchaînés, puisque les médias propagent une culture et crée un « behaviourisme » d’école de commerce et que cela suffit à prévenir les éventuelles réactions du troupeau face aux « réformes nécessaires ! ».
Mentionnons quelques Mensonges sans cesse ressassés du fascisme rusé :
« les entreprises privées créent des richesses et des emplois ». Faux : elles ne créent que des profits.
« les Etats sont endettés et attention aux agences de notations ». Faux : L’Etat, expression du peuple souverain, garant du bien public n’a qu’une dette, qu’un devoir : veiller au bien-être des citoyens. Son budget n’a pas à dépendre du Marché.
« La croissance génère des emplois et le bonheur ». Faux : la croissance quantitative crée des nuisances, des pollutions, détruit la nature et agresse l’homme. Il faut lui substituer, non pas un toujours plus, mais un toujours mieux.
« la télévision vous enseigne que Monsieur ou madame X peuvent seuls devenir votre chef d’Etat par leur stature, leur dynamisme, leur aptitude à vous protéger et à conduire les réformes ». Faux : Ces personnages inconsistants ne sont jamais que des acteurs, des commis du grand maître, le Marché.
« Le libéralisme commercial sécrète la démocratie et la liberté individuelle « . Faux : Il a sécrété le CHILI de PINOCHET et s’accommode des dictatures Chinoise, Russe et consorts pourvu que les affaires puissent se traiter entre gens du premier cercle.
Contre ce fascisme de ruse, le combat s’avère plus difficile que celui mené par nos pères contre le fascisme de force.
Mais, il n’y a pas d’imposture perpétuelle.
La dictature du Marché qui confisque la démocratie, qui pille les Etats, qui paupérise les citoyens, qui avilit tout, qui détruit la nature, maltraite l’animal, conchie la compassion, finira mal, à l’instar de toutes les dictatures.
Hélas, cela risque de durer encore quelques décennies !
Les fascismes auraient-ils raison ?
L’homme est-il indigne de la liberté ?
Doit-il être réduit à acclamer le grand chef suprême ou à s’abrutir, veau à l’engrais, dans un rôle de consommateur producteur ?
L’humain possèdera-t-il demain la capacité à vivre debout, libre, responsable, sans dieux, sans maîtres, sans servitude volontaire, sans formatage, sans guide suprême.
La réponse dépend du processus d’hominisation en cours : vaste défi !
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES Êtres vivants et des equilibres naturels.