Justice et non charité pour les animaux non-humains.
Exprimons notre gratitude pour les femmes et parfois les hommes de mieux qui, dès le milieu du 19ème siècle, fondèrent les associations de protection des animaux, œuvres charitables venant en aide, essentiellement aux chiens et chats abandonnés.
Assister les pauvres, soulager les misères, atténuer les souffrances individuelles des êtres vivants, manifestations affectives d’empathie, représentent sans doute le meilleur de l’humain.
La solidarité, érigée en vertu première, constitue le véritable propre de l’homme, de l’homme hominisé c’est-à-dire celui qui s’est affranchi du culte égoïste du profit, du goût de la domination.
Mais il en va des bêtes comme des gens :
Aider les pauvres, c’est bien.
Abolir la pauvreté, c’est mieux.
Pour les humains, ces options aider les pauvres s’appellent charité, abolir la misère socialisme.
Le philosophe Peter SINGER, censuré en ce pays régressif, auteur de livres remarquables qui font autorité dans le monde tels que « La Libération animale » et « traité d’éthique pratique » répondit ainsi à la classique question : « vous qui défendez les animaux, combien en détenez-vous personnellement ? ».
Réponse du philosophe : « Je n’en ai pas ».
Faut-il additionner des animaux de compagnie dans sa maison pour changer la condition animale ?
Faut-il faire des enfants pour les aimer ?
Le défi est ailleurs.
Actuellement, la société est fondée sur la réification des animaux traités comme des choses, des marchandises, voire pire, comme des objets ludiques et récréationnels, exutoires des névroses sadiques, des perversions morbides, avec la chasse, mort loisir et la corrida, mort spectacle.
L’opinion publique évolue en profondeur comme le révèle un récent sondage TNS SOFRES, de février 2011, réalisé à la demande de la CVN, montrant que 87% des Français souhaitent que l’animal sauvage, être sensible, soit protégé des actes de cruauté.
En écho, des sénateurs socialistes viennent de déposer une proposition de loi visant à reconnaître ce caractère sensible de l’animal sauvage, proposition de loi qui n’a pas plus de chance d’être examinée que celles portant abolition de la corrida et de la chasse à courre, aussi longtemps queles réactionnaires seront majoritaires dans les assemblées légiférantes.
Pour l’essentiel, les animaux ne nous demandent certainement pas d’être hominisés, infantilisés, utilisés en consolateurs de manques affectifs.
Ils demandent seulement à être respectés dans leurs besoins spécifiques, physiologiques, comportementaux, de ne jamais être maltraités, privés de ce que leur biologie impose pour vivre sans souffrance.
Ils nous demandent simplement le droit de vivre selon les besoins que la nature leur assigne.
Aimer les bêtes n’implique nullement de les collectionner, les contraindre, leur imposer notre présence fut-elle bienveillante.
L’amour de la vie appelle d’abord le respect de l’autre dans ce qu’il est, pour lui-même.
La Libération animale n’a rien à voir avec les bonnes actions des dames patronesses qui naguère, dans les chateaux et chez les maîtres de forges, cousaient pieusement, charitablement, des vêtements pour les enfants des ouvriers exploités par leurs maris.
Il faut une révolution intellectuelle pour que l’humain admette qu’il n’est point le seul habitant de la planète et que toutes les formes de vies doivent bénéficier d’une place, d’une reconnaissance, d’un droit imprescriptible à ne pas disparaître et que tout être vivant, doté d’une sensibilité exige l’abstention de tout acte de violence à son encontre.
L’animal, à l’instar du prolétaire d’antan, nous demande justice et non pitié piteuse.
L’humanité se clive en deux entités opposées :
Les biophiles et les thanatophiles.
Les biophiles aspirent à la vie, à la liberté, au plaisir pour autrui et pour eux-mêmes.
Les thanatophiles éprouvent le vertige de la mort et pour s’acccoutumer à sa présence renoncent pour autrui et pour eux-mêmes à la vie. Ils penchent du côté sombre de l’être avec son goût de la violence, de la guerre, de la chasse, de rituels sanguinaires, des spectacles cruels.
Les biophiles privilégient l’être sur l’avoir, la qualité de l’existence sur l’accaparement, les relations affectives sur les affaires.
Les thanatophiles cultivent l’exploitation du vivant, le mépris d’autrui, l’entreprise privée sur le service public.
En notre temps, l’animal non-humain demeure la première victime des thanatophiles qui mènent le monde à l’abîme en enfantant pollutions, artificialisation de l’espace, imposture des dettes publiques, fruits amers du système pervers des hommes mauvais.
Le sort futur des animaux et celui des gens honnêtes, exclus, abusés, anesthésiés par les oligarques, sont indissociables.
Gérard CHAROLLOIS
CONVENTION VIE ET NATURE
MOUVEMENT D’ECOLOGIE ETHIQUE ET RADICALE
POUR LE RESPECT DES ÊTRES VIVANTS ET DES EQUILIBRES NATURELS.