Le 30 octobre 2014, Rémi FRAISSE, pacifique botaniste qui militait contre le barrage de SIVENS, était tué par l’explosion d’une grenade dite de « désencerclement », tirée dans le dos.
Les gouvernements VALLS firent également preuve d’une violence policière exacerbée contre les écologistes et les opposants à la torture tauromachique.
Cet homicide participe de ces opérations de brutalités envers les militants et, parfois, de complaisance opportune envers des casseurs bien utiles pour discréditer les mouvements sociaux en lutte contre les régressions.
Le meurtre de notre ami sera probablement passé par pertes et profits et nulle investigation ne portera sur les collusions financières entre le département du TARN et la compagnie en chargée de réaliser le barrage incriminé.
A SIVENS, d’autres militants écologistes furent blessés par les gendarmes mobiles puis par les nervis fascisants du lobby agricole venus casser de l’écolo avec des barres de fer.
Une cause sacrée est celle qui mérite notre sacrifice.
La nature est sacrée pour nous, n’en déplaise aux aménageurs, aux firmes, aux exploiteurs qui dominent le monde et qui imposent leur prévarication au détriment des impératifs de préservation de la biodiversité.
Lorsqu’un conflit oppose des exigences économiques à des préservations écologiques, les pouvoirs arbitrent presque toujours en faveur des premières.
J’accuse certains pseudo-écologistes opportunistes d’avoir participé aux gouvernements complices des grands travaux nocifs, à des gouvernements qui n’ont rien fait en faveur de l’écologie, qui ont tué des loups et soufflé sur l’arriération des agro-cynégétiques.
A l’heure où plus clairement encore la finance, le MEDEF, les milieux d’affaires accroissent leur emprise sur l’appareil d’Etat via l’élection du président et la confection d’un parlement à ses ordres, Nicolas HULOT apporte sa caution morale considérable à un gouvernement d’essence libérale, c’est-à-dire pro-aménagements spéculatifs.
Va-t-il stopper les tirs de loups, supprimer les destructions de prédateurs naturels, le projet NOTRE-DAME-DES-LANDES et autres BOYRON ?
Se bornera-t-il à célébrer quelques brillantes conférences internationales où l’on dissertera des vertus écologiques et tancera l'obscurantisme du milliardaire TRUMP ?
Protéger la nature est une affaire concrète et non un exercice de dissertation.
Or, les lobbies, les entreprises, la finance ne veulent pas d’écologie perçue comme une entrave à la spéculation, à la croissance, à l’initiative.
Le MEDEF, les chambres de commerce et d’agriculture demandent moins de règlementations, moins de normes, moins de freins à leurs appétits, donc moins de protection de la nature et moins de protection du salarié.
Pour créer des richesses, ils disent qu’il leur faut la liberté d’entreprendre, donc de détruire les sites naturels, de dégrader, de marchandiser, de rentabiliser le vivant sous toutes ses formes.
Que pourra faire Nicolas HULOT au sein de la secte des adorateurs du Marché ?
Constater, sans doute bien vite, qu’il a été instrumentalisé pour embellir le décor que la finance déploie ces temps-ci devant les citoyens grégarisés, histoire de faire oublier le projet régressif et offrir au président de la république beaucoup de petits soldats à l’assemblée nationale.
Ce que je pense :
Nicolas HULOT est sincère, volontaire et convaincu dans sa démarche.
Il imagine toujours servir la cause qui nous est chère par ses initiatives, ses conseils inspirés aux princes d’hier, son pacte soumis en 2007 à la signature de tous les candidats à la présidentielle du temps, bien vite renié par eux.
Aujourd’hui, il espère peser de l’intérieur sur des ennemis de la terre prompts à asphalter, bétonner, entreprendre, relayer les firmes nuisibles et les lobbies rétrogrades.
Nicolas HULOT obtiendra peut-être l’abandon de NOTRE-DAME DES-LANDES, question emblématique, mais en revanche, il ne pourra rien faire pour le loup et, plus généralement, pour la faune.
Alors, faut-il le blâmer d’avoir céder aux sirènes officielles ?
Non, car participer pour en limiter la nocivité ou s’opposer au Système planétaire de destructions totales peut se justifier, puisque seul le résultat compte : sauver du vivant.
C’est une affaire de caractère.
L’opposition au Système que je pratique, par tempérament de rebelle et d’insoumis, ne donne pas davantage de résultats que la participation aux apparences du pouvoir n’en produira.
Ayons la lucidité et l’honnêteté intellectuelle de le dire.
Le choix tient donc au tempérament de chacun de nous.
Ma liberté, mon éthique, mes convictions me feront toujours préférer Rémi FRAISSE à ces ministres qui n’exigèrent pas la moindre avancée pour l’arbre, l’animal et l’homme et qui siégèrent, hier, dans des gouvernements aux ordres des destructeurs de vie.
Devenir ministre n’est jamais un honneur mais parfois une charge. Cette nomination devient une honte lorsque cela s’accompagne de reniements.
Je souhaite à Nicolas HULOT, pour la nature et pour lui-même, de ne rien renier.
Gérard CHAROLLOIS