En politique, les options fondamentales ne sont pas les alternances, simple lutte des places, mais les alternatives.
Or, le Système économique de dévastation de la planète refuse les alternatives.
Tout ce qui n’est pas lui n’est que « radicalités » « extrémismes », « intégrismes » et point n’est utile de débattre, de réfuter des extrémistes intégristes : il suffit de les injurier.
Voici un gouvernement bien étrange pour ceux qui n’ont rien compris au mécanisme du Système.
Il ne manquerait que messieurs POUTOU, au ministère de la condition ouvrière et PHILIPPOT, à celui de l’action patriotique.
L’économie et le budget tombent sous la coupe des adorateurs patentés, estampillés amis du marché et grands pourfendeurs de paresseux fonctionnaires et douillets salariés.
Des ministères régaliens échoient à d’ex-socialistes dont le rose a déteint en blanc cassé.
La surprise vient de la capture de l’écologiste Nicolas HULOT, l’homme qui murmurait à l’oreille de CHIRAC, puis de SARKOZY en ses débuts, avant que ce président ne découvre, au salon de l’agriculture, que « l’environnement, ça commence à bien faire ».
Que voudra accomplir Nicolas HULOT ? Que pourra-t-il réaliser face aux serviteurs des firmes, aux gardiens des affaires, aux agents des oligarques ?
Comment pourrait-il contrarier les « grands travaux » tellement juteux, les ventes de pesticides tellement prisées par la FNSEA, et bien sûr, la chasse que le nouveau président veut défendre et rouvrir dans les domaines présidentielles ?
En pratique, le ministre devra se résoudre à ce dilemme classique : avaler des couleuvres ou démissionner.
L’affichage, les gesticulations internationales, les déclamations vertueuses, les colloques et conférences à onctions pontificales ne suffiront pas à sauver la vie.
Les politiciens gavent le bon peuple de communications, de spectacles, de démonstrations théâtralisées ridicules pour l’homme averti qui sait que par-delà les poses, les mimiques, les pas graves et lents, les gestes et les mots, il n’y a rien qu’un jeu d’illusionniste.
Ce ne sont pas les idéologies qui meurent, mais les idées.
Nos contemporains n’échappent pas à cette hypnose médiatisée. Ils « aiment » ou « n’aiment pas » tel ou tel individu, comme si les acteurs comptaient davantage que la pièce.
Le « libéralisme économique » détruit la démocratie au prétexte de l’apaiser, pour assouvir sa soif insatiable de profits.
La nomination du populaire Nicolas HULOT constitue un excellent coup politique de nature à abuser l’opinion et à affaiblir une écologie politique qui, en France, n’avait pas besoin de cela, les anciens VERTS, si prompts à céder aux sirènes du pouvoir, s’en étant déjà chargés en devenant ministres de messieurs AYRAULT et VALLS, sans obtenir la plus petite avancée en faveur de la nature et des animaux.
Le lobby sectaire de la chasse va fulminer, pour la forme, criant avant qu’on lui fasse mal en sachant qu’on ne lui fera rien car ce gouvernement, ce parti et ce président ne sont guère hostiles à la mort loisir et à la mort spectacle.
Nicolas HULOT ne fera rien contre la barbarie cynégétique et la chasse est bien gardée.
Nous qui osons clairement affirmer notre opposition à ce loisir demeurerons de « redoutables extrémistes » infréquentables, radicaux, frappés d’ostracisme.
Car le mal réside en ceci que les pleutres, les planqués, les opportunistes cultivent le consensus mou comme une vertu.
Émettre une opinion, défendre des idées, porter des valeurs deviennent suspects.
Il n’y a pas de démocratie sans le fracas des opinions contraires, la confrontation des aspirations, le vrai débat pacifique mais fort et clair.
Le flou dissimule l’anesthésique que les affairistes veulent imposer au monde pour façonner une société de sujets consommateurs et producteurs soumis.
Tout déviant sera qualifié d’extrémiste et sera dénoncé à l’opinion comme mauvais, sans intérêt, sans que sa voix puisse compter.
Un totalitarisme d’un genre nouveau sévit.
Pour sauver l’honneur menacé de Nicolas HULOT, je pense que le président lui a offert, sans l’assumer directement, l’abandon de l’aéroport de NOTRE-DAME-DES-LANDES. Il faut bien donner le change. Mais la biodiversité, les loups, les zones humides, la qualité des sols, des eaux et de l’air, la préservation de la faune, l’amélioration de la condition animale devront attendre !
Ce que nous voulons, c’est du concret, des conquêtes civilisatrices effectives, des décisions applicables et appliquées et non des postures, des envolées lyriques sur le climat, la biosphère en danger.
Ce que nous voulons : c’est la prise en compte de la nature qui se meurt et de la sensibilité animale.
Ce que nous voulons, c’est davantage d’empathie pour les plus faibles, les gens ordinaires, les exclus du premier cercle.
Gérard CHAROLLOIS