L’espèce humaine occupe la planète, l’exploite, maîtrise les ressources, détruit la biodiversité, pollue l’atmosphère, les sols et les eaux.
Par sa prolifération et la transformation physico-chimique de l’environnement terrestre, cette espèce devient le facteur premier des modifications de la biosphère et du climat.
Par ailleurs, les prodigieux progrès des sciences et techniques qui accroissent chaque jour la capacité de maîtrise ne peuvent qu’accentuer le rôle de l’humain dans le devenir du vivant.
Des scientifiques ont proposé le terme d’anthropocène pour qualifier notre ère dont le début remonte au développement du phénomène industriel.
La biologie et les « ciseaux » des gènes constitueront les instruments déterminants de la mutation de notre espèce, pour le meilleur, c’est-à-dire la guérison des maladies et le recul de la mort ou le pire, l’augmentation des performances.
Ces faits appelaient d’abord une prise de conscience, puis une politique de responsabilité, une nouvelle frontière éthique corrélée à cette maîtrise d’une ampleur autre que celle que pratiquèrent les hommes du passé.
Plus besoin d’œuvrer à « devenir seigneur et maître de la nature ».
Le but atteint, il fallait savoir quoi faire de cette maîtrise de démiurge.
Or, voici que survient dans le monde entier, à l’opposé de ce devoir de respect, un mouvement de régression sur des réflexes inadaptés aux défis du temps.
Loin de s’élever, de pratiquer l’entre-aide, de prôner l’empathie, de se montrer « seigneur et maître » bienveillant, conscient de sa puissance et voulant en faire un bon usage, l’humain cultive l’esprit de compétition, de concurrence, d’enrichissement frénétique en libérant l’appétit de profit, en valorisant l’exploitation vorace, succombant à une révolution conservatrice qui nie la responsabilité humaine envers la biosphère et sacrifie tout au culte du Marché.
Ne nous y trompons pas.
Les aspirations à un retour au Moyen-âge des sociétés islamiques fait pendant aux régressions droitières des sociétés occidentales.
Les unes et les autres, par peur, par refus de changements inéluctables, par anesthésies délibérément entretenues par les forces d’argent, se recroquevillent sur des passés morts et bien peu réjouissants.
Ces comportements infantiles ne ramèneront pas les peuples au 6ème siècle pour les uns, au 19ème siècle pour les autres.
Cette chute vertigineuse en arrière ne règlera rien, car le passé ne revit pas, mais elle interdit d’apporter les solutions nécessaires aux problèmes de notre temps.
Nier l’anthropocène ne fera qu’advenir les méfaits, sans pouvoir bénéficier des chances dont il est porteur.
L’humanité d’aujourd’hui évoque une cour de récréation dans laquelle des enfants, déjà séniles, joueraient avec des substances hautement dangereuses, sans conscience des périls.
La techno-science évolue beaucoup plus vite que l’éthique et la politique. La révolution biocentriste, inverse de la révolution néo-conservatrice, s’impose. Celle qui se dessine consiste à foncer dans le précipice en accélérant.
Les conservateurs américains, viscéralement anti-écologistes, ne rêvent que d’immenses travaux, de libération des sources d’énergies fussent-elles nocives pour l’atmosphère.
En France, les conservateurs, selon leurs déclarations belliqueuses, évacueront l’an prochain les « zadistes » de NOTRE-DAME-DES-LANDES, au besoin en blessant, mutilant, tuant ces militants que la presse servile dénoncera aux « sénescents » frileux et coincés comme « trublions », « gauchistes », « anarchistes », « voyous ».
Pourquoi les néo-conservateurs aiment-ils tant les grands travaux ?
Pour répondre aux besoins des populations ?
Pour créer des emplois ?
Non, pour détourner l’argent public au profit de leurs commettants.
Nos vies individuelles s’inscrivent dans un espace de temps trop bref.
Elles ne nous permettent pas de présumer de la fin de l’Histoire, du devenir de l’aventure de la vie sur terre.
Mais ce qui est sûr, c’est que ces jours-ci, le monde ne va pas dans la bonne direction.
Dans les années à venir, la religion de « l’entreprise privée » va exiger la dérégulation, donc la faculté offerte aux moins scrupuleux des hommes de « croître », de « développer », d’augmenter l’épuisement des ressources, de polluer, de réifier les animaux, de dévaster la nature, d’expulser la biodiversité, d’écraser les gens modestes en réduisant sans cesse leurs droits et garanties.
Humains, en méprisant la nature, en adorant l’argent, vous vous préparez à vivre dans des sociétés dures, brutales, iniques, des sociétés de tauromaniaques, donc violentes !
Mais nul ne vous le dit, dans les médias sous contrôle, et trop d’entre vous, complices dupés du système, l’ignorent.
Gérard CHAROLLOIS