Point de misanthropie dans cette interrogation suscitée par la maladie de la biosphère confrontée à la prolifération d’une espèce déprédatrice, trop souvent cupide et cruelle.
En France, 168 hectares disparaissent chaque jour sous le béton et l’asphalte, soit la superficie d’un département moyen tous les sept ans.
La plupart des élus, affligés d’une indigence intellectuelle surprenante, ne rêvent que de routes nouvelles, de rocades, de voies de contournements, de ronds-points, dont le nombre dans votre commune est directement annexé sur le degré de corruption du maire.
Les élus veulent aussi des zones artisanales, des centres commerciaux, des lotissements, des centres de loisirs, bref toujours davantage de béton.
Aucun plan, aucun objectif, aucune limite à cette artificialisation de l’espace, à ce grand déménagement de la nature, à ces agressions contre la terre, ses équilibres biologiques, physiques et chimiques.
A peine une infrastructure est-elle réalisée que les chambres de commerce et d’industrie, les politiciens locaux s’excitent pour infliger au milieu naturel de nouvelles blessures, sous l’alibi d’un quelconque intérêt général et pour l’unique profit de sordides petits intérêts spéculatifs.
Bien sûr, votre maire, votre président de conseil départemental ou de région radoteront que leur petit ouvrage, leur harmonieuse infrastructure, leur projet de développement tellement nécessaire, bénéficiera d’un label écologique de haute qualité, correspond aux besoins locaux et, plus confidentiellement, que cela fournit du travail à de plus ou moins grands promoteurs.
Partout les agglomérations s’étendent, les axes de circulation zèbrent les espaces naguère préservés avec des incidences catastrophiques pour la faune et la flore.
Il en est ainsi partout sur la surface de la terre.
Il y a toujours des élus locaux et des promoteurs pour saccager la nature et « désenclaver », « développer durablement », « croître et exploiter », « valoriser et domestiquer ».
Or, la planète constitue un espace fini qui ne saurait supporter une croissance infinie.
Cette évidence échappe totalement à la sagacité des décideurs, à moins que, parfaitement conscients de la nocivité de leurs agissements, ils n’obéissent qu’à leur cupidité insatiable.
C’est que des relations quasi mafieuses entre affairisme et politique ne sont plus à démontrer.
Il n’y a pas que la grossière corruption consistant, pour un décideur, à percevoir une commission sur les marchés publics.
Cela a existé, existe encore et perdurera longtemps.
Mais la toxine sécrétée par le système s’avère plus complexe.
La vie politique exige des fonds colossaux et des relais dociles dans les médias acquis par les oligarques que l’on retrouve derrière les grands aéroports, les sociétés autoroutières et bien des délégations de services publics.
Alors, ils bétonnent, bitument, désenclavent pour le seul profit des petits copains et le grand malheur des hérissons, des amphibiens, des chouettes, de la quiétude des sites, de la pureté de l’air, de la perméabilité des sols, de la propreté des eaux, sujets sommés d’aller se faire préserver ailleurs, c’est-à-dire nulle part.
Les élus locaux en mal de grands travaux parent leurs crimes contre nature du tonitruant prétexte de « l’emploi » généré par leurs infrastructures.
Aucun contradicteur, dans les médias sous contrôle, pour faire observer que les dépenses publiques considérables affectées à la destruction des sites pourraient être mieux employées pour créer de vrais emplois d’agents publics dans les secteurs de la santé, de l’instruction, de la protection sociale, de la sécurité, de la justice, des aides à la personne.
Mais là, je touche à un dogme ressassé, selon lequel tout doit disparaître au profit du secteur marchand, c’est-à-dire de l’exploitation forcenée de l’arbre, l’animal et l’homme.
Cette insondable sottise des décideurs formatés s’alimente de la croissance démographique présentée par des esprits débiles comme une chance, un progrès, un gage de bonheur futur.
Qui stoppera cette course à l’abîme ?
Faudra-t-il attendre que l’homo economicus abatte le dernier arbre, tue le dernier oiseau pour comprendre vers quoi l’humanité s’oriente ?
Dire que 55% de votants irresponsables ont préféré, en Loire Atlantique, un monstrueux aéroport à une zone humide.
Ce n’est pas la première fois qu’une majorité opine contre l’intérêt général, le juste et le bon.
La vérité ne se décrète pas à la majorité et l’Histoire nous l’enseigne tragiquement.
Combien de fois, des peuples égarés par la propagande et les mauvais sentiments, firent des choix criminels dont ils furent d’ailleurs les ultimes victimes.
Un génocide approuvé par une majorité ne cesse pas d’être un crime.
Un écocide demeure une faute contre le vivant.
Consolons-nous en constatant qu’en Loire Atlantique, 45% de la population a compris que l’humain devait cesser d’être le cancer de la terre et que les zones
naturelles valent mieux que l’appétit de la société VINCI et des soutiens financiers aux acteurs politiciens aux ordres.
Il y a deux ans, un jeune botaniste, Rémi Fraisse, était assassiné à Sivens, parce que ce processus mafieux voulait détruire une zone humide, non pas au bénéfice de trente maïssiculteurs, simple prétexte, mais pour détourner des fonds publics en faveur de petits amis.
L’actuel premier ministre, grand tauromaniaque, semble vouloir confirmer sa « stature » en réitérant, à Notre-Dame-des-Landes, la sanglante opération.
Il le ferait en invoquant « l’autorité de l’Etat », le bon droit de l’ordre établi et le refus de céder devant des trublions gauchisants.
Peuples-enfants, que vous avez de bien vils dirigeants !
Gérard CHAROLLOIS