J’appelle les écologistes, les naturalistes et les animalistes à une rencontre, le samedi 15 octobre, à partir de 14 heures, à l’AGECA 177 rue de CHARONNE,
PARIS XIème.
Notre objectif est de constituer une force pour le vivant qui, sur le terrain politique, dans l’acception la plus élevée du mot, traduira les aspirations et les combats des associations de défense de la nature, des animaux et des hommes confrontés aux agressions de la société contemporaine.
Comme toujours, partons des faits, des données objectives, avant de construire une stratégie.
Or, les faits sont éloquents.
En 1971, le pouvoir politique créait un ministère de l’environnement. Le club de ROME, les médias, le militantisme associatif bouillonnant découvraient les problèmes liés à la surpopulation, aux pollutions, à la destruction de la faune, de la flore et des milieux naturels.
En ce temps-là, on se battait pour la Vanoise et le 10 juillet 1976, la France adoptait une grande loi en faveur de la protection de la nature.
Trois ans après, le 2 avril 1979, l’Europe édictait une importante directive, relative à la conservation des oiseaux, arme efficace pour faire reculer la féodalité cynégétique, sur les dates d’ouverture de la chasse, au terme d’une vingtaine d’années de procédures devant les juridictions nationales et la cour de justice de l’Union Européenne.
En ce temps-là, un vent « progressiste » soufflait sur la société.
Désormais, depuis une vingtaine d’années, les négationnistes des droits des animaux et de la nature opposent une résistance farouche aux avancées auxquelles,avec une majorité silencieuse, nous aspirons.
Les politiciens, les médias servent les intérêts des tortionnaires et des tueurs en tous genres.
Pensons aux détournements de fonds publics opérés par certains présidents de régions au profit du lobby chasse, par ailleurs surabondamment pourvu d’argent.
Constatons que le samedi 1er octobre se tint à PARIS un événement contre la chasse remarquablement préparé par le monde associatif. Le même jour, des tueurs, pas plus nombreux que leurs opposants, se rassemblaient à Mont de Marsan, pour demander le droit de tuer des ortolans (espèce menacée).
Or, une certaine presse mentionna le second rassemblement, en passant sous silence le premier.
A l’évidence, l’immense majorité de nos contemporains souhaite la protection des ortolans, au même titre qu’elle demande la protection des loups, des dimanches sans chasse, l’abolition de la torture tauromachique.
Mais que vaut cette majorité face aux politiciens ?
Rien, pour les professionnels de l’élection qui se disent que leur achat des voix des chasseurs ne sera pas sanctionné par une opinion tenue dans l’ignorance de leurs turpitudes et pas suffisamment informée sur ce sujet subalterne pour nos « sociologues » médiatiques.
Les politiciens savent que les Français n’aiment plus la chasse, mais qu’avec une bonne censure, le sujet sera mineur, dérisoire, sans incidence sur les choix électoraux dictés par un pur réflexe de rejet des successives équipes en place.
Nous ne vivons plus les élans de générosité, de conquêtes civilisatrices des années 1960.
La société est en phase régressive, victime en France, avec quelques décennies de retard, du syndrome "Thatcher Reagan".
En 1989, les présidents de fédérations départementales des chasseurs créaient un parti politique : le CPNT, chasse, pêche, nature et traditions, dont la raison d’être est la défense de tous les actes de cruauté et de mépris affectant les animaux, chasse, corrida, gavage, élevage concentrationnaire.
Ce parti infiltre actuellement l’ex-UMP qui lui offre des postes éligibles dans les régions.
Il faut inverser le rapport de forces pour faire triompher les valeurs du biocentrisme, aux antipodes de celles du CPNT.
LES VERTS, parti écologiste très anthropocentré, n’assument pas la lutte contre la chasse, la corrida, les actes de cruauté envers les animaux.
Ce parti pouvait être l’antidote du CPNT.
Ces questions ne font pas partie de ses priorités programmatiques lorsqu’il négocie un partenariat, un accord de législature avec des alliés.
Personnellement, je répugne aux tares de la politique.
Ses querelles d’égos, ses meurtres entre copains pour verrouiller une chapelle, ses exacerbations de carriérisme abaissent et ne sauraient m’occuper un seul instant : d’où mon refus prolongé de
«Faire de la politique ».
Toutefois, face au naufrage actuel, je considère de mon devoir d’appeler à la constitution d’une force pour le vivant dont le premier mérite sera d’élever le débat, s’orienter vers les sommets, là où il n’y a guère de concurrence.
Ce parti n’a nullement vocation à être celui d’un homme.
Ce doit être un instrument au service de la cause de la vie.
J’entends les « sociologues médiatiques » se gausser : « quoi ? un parti animaliste, contre la chasse » !
En fait, ils confondent la vague et la marée.
En évoquant des sujets triviaux, nous touchons aux fondements d’une civilisation.
Penser l’avenir, c’est s’interroger sur notre rapport à la vie, à l’anéantissement des espèces, à ce qui vaut.
Un vieux monde est mort.
De nouvelles valeurs émergeront de ses ruines idéologiques.
La vie et la nature se substitueront aux anciens sacrés déchus.
Le sacré est ce qui mérite un sacrifice.
Ce que nous voulons sacrifier à notre sacré s’appelle : la cruauté, la cupidité, le profit érigé en but absolu.
Gérard CHAROLLOIS